En 2021, la Nièvre a été retenue parmi les territoires lauréats du Plan Logement d’abord, lancé par l’Etat pour lutter contre le sans-abrisme et le mal-logement. Deux phénomènes particulièrement sensibles dans le département, avec un nombre important d’habitants fragilisés sur le plan psychique et souvent « invisibles », mais aussi un parc de logements privés anciens et dégradés. Face à ce double enjeu, Logement d’abord donne au Conseil départemental et à ses partenaires de plus grands moyens d’action pour éviter des situations dramatiques.
Qu’est-ce que le plan Logement d’abord ?
Le plan quinquennal Logement d’abord a été déclenché par le ministère du Logement en 2017 pour lutter contre la grande exclusion et le sans-abrisme. En partant d’un principe simple : vivre dans un logement autonome, avec un accompagnement social adapté, est le meilleur moyen d’envisager son insertion.
Le plan Logement d’abord vise à réduire le nombre de personnes sans domicile mais aussi à éviter que des personnes touchées par la précarité (économique, sociale, psychologique, etc.) atteignent le point de rupture et se retrouvent expulsées et à la rue.
Dans une logique partenariale, l’État a lancé deux appels à manifestation d’intérêt (AMI) pour créer des Territoires de mise en œuvre accélérée du Logement d’abord. Le Conseil départemental a répondu au second AMI, en janvier 2021, et fait désormais partie des 45 territoires pilotes.
Pourquoi le département a-t- il voulu intégrer ce dispositif ?
Le territoire nivernais se caractérise par une population vieillissante, en diminution régulière, et par un parc de logement privé ancien et dégradé. Au niveau social et sanitaire, on note une prévalence particulière de situations complexes aux handicaps multiples et notamment psychiques.
Si la Nièvre apparaît moins touchée par le sans-abrisme, elle est davantage concernée par des situations de mal-logement diffuses et cachées, des publics « invisibles » avec des troubles psychiques non pris en charge et en risque de rupture.
Au vu de la problématique prégnante et en augmentation du non-recours (des personnes éligibles à des prestations sociales mais qui ne les sollicitent pas), le Département de la Nièvre a souhaité développer une réponse préventive et curative à la fois pluridisciplinaire, partenariale et modulable sur l’ensemble du territoire.
Que va changer Logement d’abord pour les Nivernais ?
Passé le temps de l’état des lieux, un plan d’actions a été défini pour deux années, de juin 2021 à fin 2023.
- Développer l’offre de logements adaptés pour les publics prioritaires :
– en augmentant le nombre de logements privés de petite surface gérés par l’agence immobilière à vocation sociale ASSIMMO 58, plus particulièrement en milieu rural (objectif, capter 30 nouveaux logements sur la première année d’expérimentation 2021-2022) ;
– en incitant à la rénovation de logements vacants grâce à des baux à réhabilitation conclus avec des propriétaires privés ou des collectivités pour des logements communaux sur l’ensemble du département (objectif, réaliser 10 études de pré-faisabilité) ;
– en aidant les bailleurs sociaux à transformer leurs grands logements vacants en petites surfaces.
- Intervenir sur le terrain au contact des « invisibles »
C’est l’axe fort du projet nivernais : constituer une équipe mobile pour intervenir, à la demande des maires, auprès des publics « invisibles », les personnes ou familles les plus précaires (sur)vivant sous les radars de l’action sociale. Ce binôme, recruté début 2022, est composé d’une infirmière spécialisée en santé mentale et d’un travailleur social.
Cette expérimentation se base sur le constat que les difficultés ou troubles psychiques entraînent des difficultés dans le logement et à l’accès aux droits, pour le maintien ou l’accès à un logement digne.
Le travail de l’équipe portera sur l’évaluation des difficultés, la reprise d’une relation de confiance et le passage de relais vers les dispositifs de droit commun adaptés.
- Créer un observatoire social
Un professionnel a été recruté pour recueillir, exploiter et analyser toutes les données qui concernent les dispositifs liés au logement, à l’hébergement et à l’habitat. Les éléments fournis par l’équipe mobile d’intervention alimenteront également cet observatoire dont le but est, in fine, de mesurer les effets des actions opérationnelles de Logement d’abord.
La mise en œuvre de ce plan d’actions est orchestrée par une coordinatrice, en poste au Conseil départemental depuis avril 2021.
Un comité de pilotage rassemble les principaux partenaires de Logement d’abord dans la Nièvre : le Conseil départemental, les services de l’État, le groupement de coopération sociale et médico-sociale Alter Egaux 58, qui réunit Pagode et l’ANAR, associations gestionnaires de Centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) dans la Nièvre.