Depuis quelques années, nous battons des records – en termes de températures, de vagues de chaleur, de sécheresses – en Europe, qui touchent particulièrement le secteur de l’agriculture et celui de la forêt. La production de blé et l’élevage en subissent particulièrement les effets cette année, d’autres, comme la viticulture, peuvent s’attendre à voir leur cartographie et leurs repères chamboulés d’ici la fin du siècle. Mais des solutions existent.
Les rapports s’accumulent, attestant l’accélération de l’effondrement de la biodiversité. Celui-ci s’élève à 83 % pour les espèces d’eau douce, signe que les zones humides sont gravement atteintes par les activités humaines.
Climat et biodiversité : les deux crises sont liées et s’alimentent l’une l’autre. Or, elles nous mettent en danger, et pas seulement les millions d’espèces dont nous sommes, nous êtres humains, partie intégrante. L’agriculture, qui dépend des aléas climatiques (heureux ou malheureux), est elle aussi particulièrement exposée aux bouleversements du climat.
Focus sur la production de blé
Cela n’aura échappé à personne que l’année 2024 aura été globalement pluvieuse, comme le montrent les différents bilans saisonniers de Météo France ; la Nièvre n’a pas été épargnée par des inondations.
Un groupe spécialiste des marchés agricoles a récemment fait le bilan de la production 2024, en estimant que la production de blé tendre est encore plus faible cette année qu’en 2016. Or, nous entamons à peine l’automne, et l’excès de précipitations empêche la bonne réalisation des semis.
Les intempéries ont, par ailleurs, eu un impact non négligeable sur la qualité des blés et c’est l’ensemble de la filière céréalière française qui devrait souffrir des conséquences de cette chute historique de production. L’impact est conséquent pour la France, premier pays producteur et exportateur européen de blé
Sur les animaux d’élevage
Comme nous l’évoquions dans un précédent Mardi du climat, l’année a été marquée globalement par un hiver et un printemps plus humides, qui ont eu des conséquences agricoles plus ou moins marquées selon les secteurs. L’élevage, qu’il soit bovin ou ovin, a particulièrement souffert de la prolifération d’insectes. C’est notamment le cas des moucherons culicoïdes, vecteurs de la maladie hémorragique épizootique (MHE) et de la fièvre catarrhale ovine (FCO), ou des tiques par exemple.
Sur la filière viticole
Un article publié dans la revue scientifique Nature Reviews Earth & Environnement explique que, d’ici la fin de notre siècle, la géographie mondiale de la viticulture sera bien différente de celle que nous connaissons. En France, un groupe de plusieurs chercheurs issus du CNRS, de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), de Bordeaux Sciences Agro, des universités de Bordeaux et de Bourgogne, ont lu et synthétisé plus de 150 articles scientifiques pour redessiner le paysage de la filière en France. En conclusion, certaines régions seront épargnées, tandis que pour d’autres, la baisse de qualité et la chute des rendements rendront la viticulture impossible.
Quelles solutions pour s’adapter à ces variations climatiques brutales ?
Il en existe plusieurs.
- Adapter les cultures pour les rendre résilientes : par exemple associer les légumineuses et plantes fourragères aux céréales.
- Mieux prendre en considération les sols qui, dans une large majorité, ne sont plus capables d’absorber toute cette pluie qui va s’abattre en un temps record. Et ces sols ne sont plus capables non plus de retenir l’eau en temps de sécheresse. Les semis sous couverts peuvent être une solution.
- Protéger la ressource en eau en ne comblant pas les mares par exemple.
- Favoriser le maintien des haies qui sont aussi nécessaires au bien-être animal, etc.
Les solutions ne manquent pas. Mais l’adaptation est un processus caractérisé par l’incertitude, et la difficulté consiste à apprécier quel niveau d’adaptation sera nécessaire. Il y a donc tout intérêt à favoriser la mise en place de mesures d’adaptation que l’on appelle “sans regret” et qui peuvent amener des bénéfices (environnementaux, économiques) aux agriculteurs indépendamment de l’intervention de risques climatiques.
Le Département s’engage auprès de la profession agricole pour accompagner cette transition écologique. Pour en savoir plus : https://nievre.fr/cadre-de-vie/amenagement-developpement-territoires/agriculture-alimentation-espace-rural/agriculture/