Une production de légumes ravagée en quelques minutes de grêle, et avec elle l’équilibre financier de l’année qui prend l’eau, un horizon professionnel remis en question. Rude est la condition de maraîcher, plus rude encore dans l’ère imprévisible du changement climatique. Ainsi en a témoigné Guillaume Debeer, maraîcher bio à Nevers, sur ses terres de la Barrat’ABio où Thierry Guyot, conseiller départemental délégué à l’agriculture et à l’alimentation de proximité, est venu le rencontrer. Un temps d’écoute et de soutien couplé à la signature d’une convention avec BioBourgogne Franche-Comté pour encourager le développement de l’agriculture biologique.
De l’orage de grêle qui a frappé en deux fois le quartier de la Baratte, à Nevers, il reste la trace des impacts sur les serres de Guillaume Debeer, gérant et fondateur de La Baratt’ABio, des plants mâchés et noircis que montre le maraîcher bio, mais trois semaines après cette soirée du 25 juin, la plupart des stigmates sont effacés, grâce aux effets du soufre et du soleil.
Les stigmates physiques, du moins. Le moral, lui, est encore à vif : « C’était déjà difficile sans les grêlons. Il y a un an, j’avais déjà subi les inondations. Avec les aléas, je n’ai pas eu de légumes à vendre pendant l’hiver. Six mois sans salaire, c’est dur à tenir. Alors je ne sais pas si je vais repartir en janvier prochain. On ne peut pas continuer à bûcher comme on bûche et ne pas se payer. Quand on sème, on mise sa trésorerie d’une année complète, et on espère la récupérer en septembre, quand on récolte. »
Avec ses deux collègues maraîchers de la Baratte, Guillaume Debeer a lancé une cagnotte, après la grêle, qui a suscité un élan solidaire : « Elle va nous permettre de passer juillet, de payer les plants, les charges, et un peu de salaires. » Et même si ses clients, fidèles, sont compréhensifs, le professionnel ne peut pas répercuter les conséquences de l’orage sur ses tarifs : « On a déjà eu la hausse du coût des graines, de l’électricité. Nos marges se réduisent, mais ce n’est pas le moment d’augmenter les prix. »
À l’écoute, Thierry Guyot, conseiller départemental délégué à l’agriculture et à l’alimentation de proximité, a apporté le soutien moral du Département, mais aussi une aide financière, via une subvention exceptionnelle de 1 000 € votée en commission permanente le 7 juillet pour l’association Solidaire avec les paysans de la Nièvre, qui la redistribuera aux trois maraîchers touchés par la grêle.
À l’occasion de cette visite, Thierry Guyot s’est également entretenu avec Laurent Barle, directeur de BioBourgogne Franche-Comté, Jeanne Roque et Sébastien Girardet, animatrice et administrateur du Groupement des agrobiologistes de la Nièvre (GABNI). Les échanges ont porté sur la santé de l’agriculture bio, en France et dans la Nièvre, dans un contexte de baisse de la consommation et du ralentissement des projets de conversion de fermes dites « conventionnelles » vers le bio. Avec 311 fermes et 22 000 hectares en agriculture bio (12 % de la surface agricole utile), la Nièvre est au-dessus des moyennes nationale et régionale.
Déterminé à soutenir le développement de l’agriculture bio dans la Nièvre et l’approvisionnement de la restauration collective nivernaise en produits bio et locaux, le Conseil départemental s’est engagé aux côtés de BioBourgogne Franche-Comté, via une convention signée par Thierry Guyot et les représentants de l’association et du GABNI, son relais dans la Nièvre. Le Département accorde une subvention de 53 000 euros pour l’année 2025 pour accompagner les trois actions suivantes :
– pérenniser les fermes bio et accompagner le développement de l’agriculture biologique dans la Nièvre ; rendre pérennes les systèmes de production biologiques en intégrant l’impact du changement climatique dans l’évolution des pratiques ;
– accompagner la mise en marché des productions biologiques, l’introduction de produits bio en restauration collective et les démarches d’alimentation de proximité ;
– intégrer l’enjeu biodiversité dans les systèmes de productions biologiques, renforcer la performance des fermes bio en matière de préservation de la biodiversité.