Créé en 2013 pour inciter les lycéens nivernais à briser l’autocensure et à viser les grandes écoles, l’Atelier Sciences Po du lycée Raoul-Follereau (Nevers) a fêté, mardi soir, la performance de quatre de ses élèves, qui ont réussi le concours d’entrée à Sciences Po Paris et Bordeaux. La récompense d’un travail acharné et de l’accompagnement, durant trois ans, des enseignants du lycée. Avec 29 lycéens admis dans la prestigieuse école depuis 2013, l’Atelier Sciences Po a fait la preuve de sa nécessité et de la qualité des parcours dans les territoires ruraux.
Il y a quinze ans à peine, voir un élève du lycée Raoul-Follereau tenter – et réussir – le concours d’entrée à Sciences Po relevait de l’exploit rarissime. Professeur de sciences économiques et sociales dans l’établissement, Dominique Crescenzo en prend conscience lorsque son fils est admis dans l’illustre grande école parisienne : « J’ai découvert que Sciences Po Paris avait mis en place des Conventions éducation prioritaire avec plusieurs lycées, pour développer sa diversité. J’ai alors proposé que Raoul-Follereau en fasse partie. »
Ouvert à la rentrée 2013, l’Atelier Sciences Po a activement participé à démythifier les grandes écoles aux yeux des lycéens nivernais : « Il y avait de l’autocensure. Il fallait aller chercher les élèves par la peau des fesses pour qu’ils tentent un concours », sourit le premier coordinateur de l’Atelier, aujourd’hui retraité, mais toujours fidèle au poste. Mardi soir, il était présent dans l’étuve de la salle de réunion pour la fête organisée par le lycée en hommage aux quatre lauréates de cette année : Avista Hamo (Sciences Po Paris, campus de Menton), Maud Sirot (Sciences Po Paris, campus de Paris), Élisa Det (Sciences Po Paris, campus de Dijon) et Mélissa Renard (Sciences Po Bordeaux).
Corinne Provost, proviseur, et Séverine Daniel, coordinatrice de l’Atelier, ont rendu hommage au travail de ces élèves et à celui des enseignants qui les ont accompagnées depuis la seconde. « Vous avez de quoi être fières de votre parcours. C’est une nouvelle aventure qui commence pour vous », a salué la cheffe d’établissement. « Cette réussite est le fruit de votre travail et de celui des enseignants, une équipe extrêmement soudée qui assure l’accompagnement des élèves depuis la seconde. On fait au mieux, avec nos petits moyens. »
Simple, chaleureuse et émouvante, la cérémonie s’est déroulée en présence des proches des lauréates, d’enseignants de l’Atelier Sciences Po, de Flavy Darcy, présidente de l’association De la Nièvre aux grandes écoles (qui aide les élèves de l’Atelier à préparer le concours d’entrée), et de Wilfrid Séjeau, vice-président du Conseil départemental en charge des collèges, de la jeunesse et de l’enseignement supérieur.
Pour Corinne Provost, qui fait valoir ses droits à la retraite, et pour Séverine Daniel, qui devient à la rentrée prochaine proviseur adjoint du lycée Pierre-Bérégovoy, la soirée avait le parfum singulier de la nostalgie anticipée. La voix tremblante d’émotion, la coordinatrice évoque les élèves côtoyés à l’Atelier, « très méritants, assez exceptionnels, des personnes humainement très riches, ambitieuses au sens noble du terme », avant de remettre à chaque lauréate un cadeau.
À mots forts et choisis, les quatre lycéennes ont conclu la cérémonie. Mélissa Renard : « Je serai reconnaissante à l’Atelier toute ma vie. » Avista Hamo : « Entrer à Sciences Po, c’était un rêve qui me semblait très lointain. » Élisa Det : « C’est une énorme chance d’avoir l’Atelier Sciences Po dans ce lycée. Merci aux membres de l’association De la Nièvre aux grandes écoles, qui nous ont beaucoup aidés pour l’oral. Et merci au groupe ; on s’est beaucoup soutenus. » Maud Sirot : « L’Atelier nous a permis d’avoir un enseignement très complet, d’une grande diversité. Entre élèves, on s’est poussés vers le haut. »
Depuis 2013, l’Atelier Sciences Po de Raoul-Follereau a déjà permis à 29 lycéens d’intégrer cette prestigieuse école. Il participe à briser l’autocensure sociale et territoriale qui, telle un plafond de verre, dissuade beaucoup trop de jeunes Nivernais de tenter les concours d’entrée dans les grandes écoles. Pour les élèves qui n’intègrent pas Sciences Po, la participation à l’Atelier est néanmoins un formidable accélérateur de croissance pour leur parcours post-bac et leur vie professionnelle.