Réunis en session plénière sous la présidence de Fabien Bazin, lundi 23 juin, les conseillers départementaux ont voté à l’unanimité la Stratégie de développement des énergies renouvelables élaborée par le Département et le Syndicat intercommunal d’énergies, d’équipement et d’environnement de la Nièvre (SIEEEN), à la lumière d’une intense concertation citoyenne. Objectif de cette dynamique sans précédent : conduire la Nièvre à l’autosuffisance énergétique en 2040 en réduisant les consommations et en valorisant au mieux le formidable potentiel naturel du territoire.
Dans une salle François-Mitterrand bondée comme rarement, sous l’œil attentif des citoyens acteurs des ateliers de concertation en 2023 et 2024, la Stratégie de développement des énergies renouvelables a été co-présentée par Blandine Delaporte, première vice-présidente du Département en charge des transitions et du dialogue citoyen, et par Guy Hourcabie, président du Syndicat intercommunal d’énergies, d’équipement et d’environnement de la Nièvre (SIEEEN).
Conjointement avec le SIEEEN, le Conseil départemental de la Nièvre a en effet engagé en 2023 un important travail d’étude et de concertation en vue de définir une stratégie ambitieuse de développement des énergies renouvelables sur le territoire. Cette démarche collective a permis de construire une feuille de route partagée, adaptée aux spécificités nivernaises et porteuse de dynamiques nouvelles pour la transition énergétique.
Invités à la présentation, Fabienne Decottignies, préfète de la Nièvre, et Cyrille Forest, président de la Chambre d’agriculture de la Nièvre, ont souscrit à cette stratégie qui répond à une double nécessité de maîtrise des coûts et de l’approvisionnement dans un contexte mondial de plus en plus fébrile.
« On parle aussi des enjeux de solidarité », a souligné en préambule Fabien Bazin, président du Conseil départemental. « En tant que garant des solidarités humaines, il est de notre responsabilité de considérer les enjeux de précarité, de choc énergétique et de difficultés à finir les fins de mois. L’enjeu d’une production locale et durable de notre indépendance énergétique est ainsi central, et nous avons la capacité de valoriser nos ressources naturelles en renouant avec notre histoire et la tradition de flottage du bois qui, durant plus de quatre siècles, a alimenté Paris en bois de chauffage. »
Une attente exprimée dans Imagine la Nièvre !
La flambée du coût des énergies, l’incertitude sur les approvisionnements et le déclin programmé, de COP en COP, des combustibles fossiles constituent un cocktail de bonnes raisons d’adopter une stratégie de développement des énergies renouvelables dans la Nièvre. Cette dynamique a mobilisé les élus, les techniciens, les associations de défense de l’environnement, l’Observatoire des citoyens dans des ateliers de concertation remarquables par leur qualité, leur intensité et la volonté collective d’éclairer le débat.
En 2022, le dialogue citoyen Imagine la Nièvre ! a placé l’environnement parmi les priorités à défendre, à travers notamment l’engagement à promouvoir l’autosuffisance énergétique du département par le développement des énergies renouvelables – éolien, photovoltaïque, hydraulique, biomasse, géothermie, etc. À cette attente forte s’est ajoutée la volonté de l’État de définir des zones d’accélération de production des énergies renouvelables.
Ce double contexte a incité le Conseil départemental à jouer son rôle de rassembleur, en fédérant les collectivités locales et les chambres consulaires avec le SIEEEN, partenaire naturel d’une démarche qui, à l’instar de l’accès aux soins et de la lutte contre l’illettrisme, voit l’exécutif départemental s’engager sur un terrain où on ne l’attend pas. La collectivité agit hors de ses compétences, mais c’est la vocation du Conseil départemental, faute de combattants, de créer du service public local.
La stratégie de développement ainsi élaborée à la lumière de ce travail de concertation prolonge et amplifie le travail pionnier que le Conseil départemental avait impulsé en 2015, avec la Stratégie énergétique départementale. Une stratégie ambitieuse, qui fixait des objectifs élevés en termes de baisse de la consommation d’énergie et d’autosuffisance énergétique. Des ambitions atteintes partiellement, en raison notamment d’un environnement législatif et réglementaire peu propice, mais aussi d’une forme d’insouciance sociétale que les tensions géopolitiques apparues depuis 2022 ont considérablement refroidie.
Un potentiel supérieur aux besoins
La stratégie votée le 23 juin par l’exécutif départemental fixe un cap encore plus ambitieux, avec une autosuffisance énergétique exaucée en 2040. Loin d’être une chimère, l’objectif impose un passionnant défi, que le département ne pourra relever que collectivement, là encore. Un état des lieux dressé en 2024 a fait apparaître, dans la Nièvre, un potentiel d’énergies renouvelables de 6351 Gigawatts-heure (GWh), assez large pour couvrir la consommation (5720 GWh en 2020). Avec 2 725 GWh, le solaire se place nettement en tête, loin devant le bois, la méthanisation et l’éolien, qui oscillent tous autour des 800 GWh ; la chaleur fatale (issue de l’activité industrielle), la géothermie et l’hydroélectricité referment la marche, à bonne distance.
Pour atteindre l’autosuffisance, un sérieux coup de collier s’impose, puisqu’en 2020, dernière année de référence, seulement 754 GWh d’énergies renouvelables ont été produits dans le département.