À l’initiative de Fabien Bazin, président du Conseil départemental, le système scolaire nivernais est le théâtre d’une expérimentation suivie de près par le ministère de l’Éducation nationale, qui décloisonne les établissements et les fait travailler en réseau, entre eux et avec les partenaires locaux. Écoles, collèges, et désormais lycées sont ainsi reliés en Territoires éducatifs ruraux (TER) ; la Nièvre en compte douze, ce qui fait d’elle la « championne » de France, et un « laboratoire de l’école rurale de demain » que le recteur d’académie, Pierre N’Gahane, est venu voir de plus près, à Lormes et à Decize.
Tête de pont du Territoire éducatif rural (TER) de Lormes, le collège Paul-Barreau a accueilli le recteur d’académie, Pierre N’Gahane. En compagnie de Fabien Bazin, président du Conseil départemental, de Christian Paul, maire de Lormes, et de la sous-préfète de Château-Chinon, Émilie Acquistapace, le « patron » de l’Éducation nationale en Bourgogne a écouté la principale, Caroline Vandenschrick, et la coordinatrice, Aline Perrot, présenter le réseau qui lie le collège et les écoles du canton : « Nous avons 284 élèves, deux tiers en premier degré (les écoles) et un tiers en second degré (le collège). L’indice d’éloignement des élèves est un des plus élevés du département ; les élèves de Dun-les-Places et de Saint-André-en-Morvan sont les plus éloignés du collège. Mais notre taux de réussite au brevet des collèges est supérieur à la moyenne nationale, de même que le taux de passage en 2nde. »
Cultiver la fierté et l’ambition chez les élèves
En devenant Territoire éducatif rural, le bassin du collège lormois conforte des habitudes de travail déjà anciennes, et multiplie les actions, avec les acteurs culturels, sportifs et sociaux du secteur, pour que les élèves « soient fiers de leur territoire et aient de l’ambition ». Avec 30 000 € par an sur trois ans, qui s’ajoutent aux crédits du Conseil départemental dans le cadre du Collège de demain, les écoliers et collégiens sont réunis dans des projets « inter-degrés » (santé, sciences, cross, canoë-kayak, lecture, journée de cohésion, etc.) qui ouvrent l’horizon et adoucissent la transition entre CM2 et 6e.
« Ce qui se fait dans la Nièvre est exemplaire », souligne Pierre N’Gahane. « Il y a douze TER dans la Nièvre, alors qu’il n’y en a qu’un en Côte-d’Or, deux en Saône-et-Loire et deux dans l’Yonne. Si nous réussissons, la Nièvre peut devenir un modèle au niveau national. »
Pour Fabien Bazin, la Nièvre doit saisir cette opportunité d’expérimentation pour voir plus grand : « Il faut arriver à prendre les choses de la manière la plus globale possible. Dans tous nos chefs-lieux d’anciens cantons, nous avons des équipements sportifs qui ont 40 ou 50 ans et qui doivent être rénovés ou remplacés. Nous irons au ministère pour en parler. Que ce soit avec Territoire zéro chômeur, le déploiement de la fibre optique ou la vision Authiou 2030, nous avons montré, dans la Nièvre, que la ruralité avait un avenir. Alors prenez la Nièvre comme un territoire d’innovation ; nous en avons l’habitude. »
Decize, pionnier de la 2e génération
Après avoir déjeuné au collège, Pierre N’Gahane a mis le cap au sud de la Nièvre pour rallier le lycée-collège de Decize. En compagnie de Wilfrid Séjeau, vice-président en charge des collèges, de Justine Guyot, maire de Decize, de Daniel Barbier, maire de La Machine, de Sébastien Descreaux, maire de Cercy-la-Tour, du conseiller départemental Frédéric Roy et de la sénatrice Nadia Sollogoub, le recteur a découvert le modus operandi du premier Territoire éducatif rural de deuxième génération de la Nièvre.
La liaison entre le lycée et les six collèges de son bassin (Cercy, Decize, Dornes, La Machine, Luzy et Moulins-Engilbert) est au cœur d’une démarche qui amplifie le travail mené sur La Machine depuis 2018 – l’école du Socle puis le Territoire éducatif rural. Une façon de prendre à bras-le-corps la baisse des effectifs mais aussi de lutter contre « l’orientation subie » et « l’autocensure » qui détournent certains élèves de leurs aspirations. « Trop de jeunes disent « ce n’est pas pour moi » ou « je n’en suis pas capable » », explique la proviseure Sophie Tible, qui a détaillé avec ses collègues les nombreuses facettes du TER decizois, de la lutte contre l’illettrisme à l’entrée dans les grandes écoles.
Un travail considérable salué par Wilfrid Séjeau, sensible notamment aux efforts déployés envers les « invisibles », disparus volontaires des radars de l’orientation post-bac, et à la lutte contre le « grand tabou » de l’illettrisme. » Pierre N’Gahane s’avoue lui aussi impressionné : « C’est un projet très ambitieux, où on va presque chercher les élèves dès la 5e, avec la découverte des métiers. Et on n’oublie pas les plus fragiles, les SEGPA ; c’est remarquable. Il y a de l’ambition, et on doit la porter ensemble. »