À l’occasion des Journées nationales d’action contre l’illettrisme (8-15 septembre), Fabien Bazin, président du Conseil départemental, s’est rendu dans les locaux de la délégation nivernaise de l’Association familiale pour la lutte contre l’illettrisme (AFPLI), à Nevers. Une convention pluriannuelle a été passée entre le Département et l’association pour poursuivre ce combat juste et vital pour l’acquisition des connaissances de base.
Engagé de longue date dans la lutte contre l’illettrisme, le Département de la Nièvre s’est fixé comme objectifs d’améliorer l’accompagnement apporté aux personnes ayant des difficultés avec la lecture, l’écriture et le calcul, et de garantir une véritable égalité d’accès à ce service public, partout sur le territoire.
Qu’elles sortent du système scolaire sans avoir acquis les compétences de lecture, écriture ou calcul, qu’elles soient sans activité ou en emploi, plus de 10 000 personnes seraient en situation d’illettrisme dans la Nièvre. Soit l’équivalent d’une ville comme Cosne-sur-Loire. Trop rares sont pourtant les personnes qui franchissent les portes de l’Association familiale pour la lutte contre l’illettrisme (AFPLI), implantée depuis 1989 à Nevers et dont le réseau de 150 bénévoles anime une quinzaine d’implantations dans la Nièvre.
Souvent source de souffrance, de honte et de parades complexes pour masquer cette carence, l’illettrisme est un iceberg de non-dits dont le volume et les contours sont difficiles à évaluer avec précision. Le rôle des acteurs de terrain, comme l’AFPLI, est primordial pour accompagner les personnes souhaitant acquérir de nouveau les savoirs essentiels à la vie familiale et sociale.
Mardi 12 septembre, Fabien Bazin, président du Conseil départemental, est venu au siège de l’AFPLI (1) pour dialoguer avec Jean-Luc Brun, président de l’association, la directrice Christelle Raulin et deux formatrices bénévoles, Christine Gazet et Andrée Biehler-Brun. « Nous accompagnons 400 à 500 personnes par an. Une de nos difficultés, c’est d’entrer en contact avec les personnes en situation d’illettrisme », explique Jean-Luc Brun. « L’essentiel de notre action concerne le FLE, c’est-à-dire « français langue étrangère » (l’apprentissage du français pour les étrangers, NDLR). C’est pourquoi nous menons beaucoup d’actions auprès des personnels d’accueil dans les mairies, les centres sociaux, le réseau France Services, pour qu’ils orientent vers nous les personnes en situation d’illettrisme. Nous sommes par exemple convaincus qu’une proportion importante de personnes qui n’ont pas recours à leurs droits sociaux sont concernées par l’illettrisme. »
« Le souci, c’est le repérage », confirme Christelle Raulin. « Les personnes en situation d’illettrisme font en sortent que les gens autour d’elles ne se rendent compte de rien ; elles sont souvent en emploi, et elles se débrouillent au quotidien. Elles font partie de ceux que l’on appelle les invisibles. » Des stratagèmes permanents, épuisants et obsédants, qui freinent considérablement la prise en charge de l’illettrisme dont souffrent, selon les statistiques nationales de l’AFPLI, 7 % des 18-65 ans.
Après avoir chaudement salué le rôle de l’AFPLI et de ses bénévoles, acteurs indispensables des politiques publiques, Fabien Bazin a incité l’association à se rapprocher des Territoires zéro chômeur longue durée (TZCLD) créés à Prémery, Lormes, Luzy, Moulins-Engilbert et Clamecy, et des personnes en charge de la lutte contre l’illectronisme, qui assurent un accompagnement vers les usages du numérique et peuvent, par la même occasion, repérer des fragilités sur les apprentissages de base : « Cela semble assez naturel de ne pas maîtriser le numérique, ce qui peut être un point d’entrée pour la prise en charge de l’illettrisme. »
Depuis des années, le Département est aux côtés des acteurs de terrain, comme la Fédération des œuvres laïques (FOL), qui a animé des ateliers et des rencontres à la médiathèque Jean-Jaurès (Nevers) les 8 et 9 septembre. Un soutien qui, pour l’AFPLI (2), se traduit par une convention pluriannuelle de partenariat. Le rôle de ces acteurs de terrain est essentiel pour lutter contre des situations qui percutent la vie quotidienne, la confiance en soi, la capacité à s’insérer, à créer des liens ainsi que l’accès aux droits sociaux.
Pour toutes ces raisons, le Conseil départemental et la préfecture ont souhaité accentuer encore leur engagement dans la lutte contre l’illettrisme sur l’ensemble de notre territoire afin de mieux repérer, orienter, accompagner, agir par soi-même. Pour cela, il sera nécessaire de s’appuyer sur le réseau d’acteurs mobilisés, sur les personnes qui ont pu être accompagnées, ainsi qu’en faisant grandir la sensibilisation et l’implication de toutes les forces vives du département, qu’elles soient citoyennes, associatives, entrepreneuriales ou institutionnelles.
C’est le sens du plan de lutte contre l’illettrisme qui sera présenté mercredi 18 octobre, conjointement avec le préfet Michaël Galy.
1. 24, rue des Bas-Montôts à Nevers.