Perchistes au Club athlétique des eaux vives (CAEV) de Cercy-la-Tour, Adèle et Gabin Mathé voient grand, et haut : participer aux Jeux olympiques. Un rêve pas si fou pour la sœur et le frère qui, à 16 et 19 ans, font partie des meilleurs athlètes français de leur catégorie d’âge et savent que le plus dur, franchir le cap de l’âge adulte, se dresse devant eux.
Ils ont la joyeuse complicité naturelle des liens familiaux décuplés par une passion commune, complètent mutuellement les phrases, précisent les performances, le palmarès. Et, surtout, se tirent vers le haut dans une saine et fraternelle émulation : « Faire de la perche nous a rapprochés tout de suite », explique Gabin Mathé. « On fait beaucoup de déplacements ensemble. » Sa sœur Adèle enchaîne : « On s’accompagne la plupart du temps sur les compétitions. Gabin me donne des conseils. »
Plus jeune de trois ans, c’est elle qui a débuté l’athlétisme la première, à 8 ans, au Club athlétique des eaux vives (CAEV) de Cercy-la-Tour, sous la houlette de Jean-François Raffalli : « Nos parents ont fait de l’athlétisme avec lui. » Gabin, lui, attendra d’avoir « 13 ou 14 ans » pour avoir le déclic. Tous deux s’orientent vers la perche, discipline dans laquelle le club cercycois est devenu une référence au niveau national, en plaçant chaque année des jeunes sur les podiums nationaux.
« J’étais nul au début », sourit rétrospectivement Gabin. « J’ai progressé pendant le confinement, en 2020, en faisant beaucoup de préparation physique. À la sortie, je passe 4,10 mètres en minimes, ce qui me classe parmi les trois meilleurs français. » Adèle, elle, brille elle aussi dès la catégorie minimes, en décrochant notamment le record de Bourgogne (3,63 mètres).
C’est en 2024 que la fratrie originaire de Montambert décolle. Gabin décroche le titre de champion de France juniors, et participe aux championnats du monde à Lima, au Pérou, où il se classe dixième, tandis qu’Adèle pulvérise son record (3,80 mètres) et frôle la qualification pour les championnats d’Europe. L’aîné poursuit sur sa lancée, l’hiver dernier, en faisant passer son record de 5,30 à 5,51 mètres en un mois. La suite logique d’une préparation renforcée : « Je me suis mis à la musculation en juniors. Et actuellement, je fais cinq séances d’entraînement par semaine. »
Élève en BTS ACSE (Analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole) au lycée agricole de Challuy, il aménage son cursus sur trois ans pour concilier études et sport de haut niveau. En terminale au lycée Maurice-Genevoix de Decize, Adèle a mené de front cette année ses quatre séances hebdomadaires avec la préparation du bac (décroché avec la mention bien) et ses projets d’études supérieures élevés, eux aussi : « Je veux faire une prépa pour les écoles d’ingénieurs. J’aimerais être ingénieur des matériaux, dans le domaine du sport. »
Tous deux ont un objectif commun, qu’ils énoncent calmement, sans forfanterie : les Jeux olympiques. « Je vais devoir m’accrocher », affirme Gabin, qui vise une qualification pour les championnats d’Europe Espoirs, cet été, et veut passer au plus vite « les 5,60 mètres, voire plus ». Pour suivre la dynamique de ses modèles du CAEV, Pierre Cottin et Jules Cyprès, et aller plus haut : « J’aimerais passer les six mètres. » Adèle, plus réservée, glisse : « Faire 4,60 m ou 4,70 m, ce serait un rêve. »