Créée il y a deux ans pour faire renaître l’abattoir de Corbigny, la société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) Les Viandes du Nivernais a lancé officiellement les travaux de réhabilitation et de remise aux normes, le 25 septembre. Une étape majeure vécue avec soulagement par les collectivités et les acteurs de la filière viande nivernaise, qui ont uni leurs forces dans ce modèle coopératif original pour faire renaître un équipement plus nécessaire que jamais en plein essor des circuits courts. La réouverture est désormais attendue pour l’été 2025.
Il y avait foule sur le quai de chargement, le 25 septembre, pour assister au lancement officiel des travaux qui mèneront l’abattoir de Corbigny à sa réouverture, l’été prochain. Difficile de parler de renaissance ou de résurrection sous la mécanique chromée dédiée au transport des carcasses, mais c’est bel et bien une nouvelle vie qui s’ouvre pour un site fermé le 31 décembre 2021 par le groupe SICAREV. « Votre présence ce soir montre que ce projet a un réel intérêt pour le territoire et pour la profession », apprécie Alexandre Lorré, président de la société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) Les Viandes du Nivernais.
L’éleveur a déployé une énergie inlassable, unanimement saluée dans les discours, pour sortir du long sommeil un équipement essentiel pour la filière viande du Haut-Nivernais et des franges icaunaises, mais aussi par les consommateurs et les collectivités. Impulsée avec le Conseil départemental en septembre 2022, la création de la coopérative a agrégé toutes ces envies et donné aux porteurs de projet les moyens – financiers surtout – de leurs ambitions : « La réouverture s’est fait attendre, mais nous sommes restés mobilisés malgré les déboires. Qui va doux va loin. »
Après deux ans à suer sang et eau, Alexandre Lorré, les collectivités fondatrices de la SCIC (la commune de Corbigny, le Pays Nivernais Morvan et le Conseil départemental) et les 175 adhérents sont enfin entrés dans le vif du sujet, avec le démarrage des travaux, mi-septembre. Propriétaire de l’abattoir, la municipalité corbigeoise a confié la concession d’aménagement à Nièvre Aménagement. Le coût du chantier s’élève à 1,89 million d’euros.
« L’abattoir, l’abattoir… On a entendu ce mot-là pendant trois ans », rappelle la maire, Maryse Peltier. « C’est un outil important pour Corbigny, pour notre développement économique, notre territoire d’élevage. » A son tour, Christian Paul, président du Pays Nivernais Morvan, salue ce « moment important », et se souvient : « L’abattoir a été porté à bout de bras par les collectivités pendant 25 ans ; il a failli fermer dix fois. Et il a fini par fermer parce que la restructuration nationale des abattoirs ne passait pas par Corbigny. »
Trois ans plus tard, le contexte a changé, le goût des consommateurs pour les circuits courts s’est affirmé, mais la question de la longévité reste posée : « Est-ce que ça va marcher après ? Pour cela, il faut surtout qu’il y ait des débouchés. La grande distribution doit jouer vraiment la carte du local et la restauration collective, avec les établissements scolaires, les maisons de retraite, etc. peut elle aussi devenir un acteur majeur. Nous y travaillons, avec les principales collectivités, pour créer une plateforme d’approvisionnement collective. »
Engagé en première ligne dans ce projet de « Rungis rural », le Conseil départemental a joué un rôle clef dans la création de la SCIC et dans le complexe dossier technique et financier : « Nous avons mis dans l’équipe technique nos spécialistes les plus capés pour que ça fonctionne », souligne le président, Fabien Bazin. « Il a fallu ensuite que la Région et l’État se mettent au diapason, et nous avons pu compter sur la complicité de la Chambre d’agriculture. Cette réussite montre une chose : dès qu’on essaie de faire les choses tous ensemble, neuf fois sur dix, on y arrive. »