La fermeture de l’abattoir de Corbigny, en décembre 2021, est une plaie que la société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) Viandes du Nivernais espère cicatriser grâce à une réouverture attendue fin 2024 début 2025. Avec le soutien de l’État, du Conseil départemental, des collectivités, et la mobilisation des coopérateurs, environ 1,4 million d’euros seront investis dans la rénovation et la mise aux normes d’une structure plébiscitée comme essentielle pour le monde agricole local, les professionnels de la boucherie et de la restauration, et les consommateurs friands de circuits courts.
L’assemblée générale de la société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) Viandes du Nivernais a réuni une centaine de personnes, dans la salle des fêtes de l’abbaye de Corbigny. L’affluence copieuse, un soir de semaine, est le baromètre d’une attente toujours aussi forte à l’égard du projet de réouverture de l’abattoir corbigeois. Fermé brutalement, et douloureusement, en décembre 2021, l’établissement devrait rouvrir ses portes entre la fin de l’année 2024 et le début de l’année 2025, après d’importants travaux de rénovation et de mise aux normes, estimés à 1,4 million d’euros hors taxes.
La nature des travaux, leur calendrier, leur financement, les modalités de réouverture, la montée en puissance programmée, etc. : tout a été présenté aux participants à l’assemblée générale. « C’est un projet de territoire, un projet économique, et surtout un projet de filière », martèle en préambule Alexandre Lorré, président de la SCIC, éleveur et président de la SICAGEMAC, la société gestionnaire du marché aux bestiaux de Corbigny. « Cette réouverture mobilise des gens de toutes les corporations, attachés à leur canton, à leur département. C’est un projet d’utilité départementale et régionale. »
Comme un symbole, la présence à ses côtés de Fabien Bazin, président du Conseil départemental, du préfet Michaël Galy, de Christian Morel, vice-président de la Région en charge de l’agriculture, de Christian Paul, président du Pays Nivernais-Morvan, et de nombreux officiels (1) attestait l’enjeu de ce projet de réouverture. « Nous avons la chance de rebâtir une histoire qui n’aurait jamais dû cesser », rappelle Fabien Bazin. « On n’est pas encore tout à fait à la fin d’un chemin ouvert il y a quelques années. Ce dossier a connu des péripéties, mais nous devons nous féliciter de cette mobilisation, qui a fait la preuve qu’un abattoir de cette taille est viable. Avec les abattoirs de Cosne et de Luzy, nous aurons un maillage d’outils à taille humaine qui correspondent aux besoins du territoire. »
Trois abattoirs multi-espèces dans un seul département, aussi historiquement attaché à l’élevage fût-il ? Michaël Galy reconnaît avoir eu quelques doutes à ce sujet, lors de son arrivée en préfecture, il y a quelques mois : « Ma réflexion a progressé à ce sujet. Quand j’ai vu la cartographie des abattoirs, avec Cosne et Luzy, je me suis posé la question de la possibilité d’un troisième, et de la sécurisation des trois. Mais sur un tel sujet, on ne peut pas avoir qu’une approche quantitative. C’est un pari sur les circuits courts, la dynamique d’un territoire, le soutien à une filière. Alors il fallait accepter de partir avec des hypothèses, et ne pas attendre la quadrature parfaite du cercle. »
Résultat de cette maturation, et d’une « négociation avec le Conseil départemental et le préfet de Région », l’accompagnement de l’État est passé de 220 000 € à 390 000 € : « C’est un engagement important de l’État. Nous croyons à ce projet. » Acteurs de la filière, les bouchers nivernais croient eux aussi à cette réouverture, comme l’a rappelé avec ferveur Eric Dulat, président de l’Union départementale des bouchers de la Nièvre : « Pour nous, la fermeture de cet abattoir était une hérésie. Le circuit court, c’est notre métier de base, et notre objectif, c’est de faire abattre nos bêtes dans la Nièvre. Moins de transport, c’est mieux pour les bêtes. On est attentifs au bien-être animal, à celui des salariés, à notre bien-être aussi, et tout cela est mieux géré dans une petite structure. »
Engagé depuis le début du projet de SCIC aux côtés des éleveurs et du Conseil départemental, le Pays Nivernais-Morvan a décidé de consacrer à cette réouverture 250 000 € de son contrat de Pays passé avec la Région. Son président, Christian Paul, regarde désormais du côté des marchés à conquérir : « Est-ce que les grandes et moyennes surfaces (GMS) dans un rayon de 50 à 60 km viendront s’approvisionner ici ? Je n’imagine pas qu’il n’y ait pas de viande locale en vente dans les grandes surfaces du secteur. Et pour le marché de restauration collective, nous avons pour objectif la création d’un office départemental d’approvisionnement, pour les écoles, les collèges, les lycées, les maisons de retraite. »
Si l’éloge des circuits courts irrigue les discours, la Nièvre a encore des progrès à faire pour passer des vœux à la réalité : « On n’est pas très fort sur la proximité », relève Fabien Bazin. « Par exemple, le meilleur collège est à 30 % de produits locaux servis à la cantine. Donc nous avons une marge de progrès intéressante pour les outils locaux de transformation. » La gageure est de taille pour la SCIC et pour la future équipe qui travaillera aux Viandes du Nivernais.
(1) Étaient également présents la sous-préfète Cyrielle Franchi ; la vice-présidente de la Région, Isabelle Liron; le sénateur Patrice Joly ; le conseiller départemental en charge de l’agriculture et de l’alimentation de proximité, Thierry Guyot ; le président de la communauté de communes Tannay-Brinon-Corbigny, Jean-Charles Rochard ; la maire de Corbigny, Maryse Peltier ; le président de la Chambre d’agriculture, Didier Ramet ; le président du Parc naturel régional du Morvan, Sylvain Mathieu.