Terre ancestrale d’élevage, place forte de la race charolaise, la Nièvre manque d’une filière de transformation à la hauteur de ses atouts. Un chiffre illustre ce talon d’Achille : seuls 6 % des bovins nivernais sont abattus dans le département. Pour apporter enfin une valorisation locale et répondre à la demande croissante de circuits courts, le Conseil départemental a lancé la mobilisation générale des acteurs de la filière viande.
Le cheptel et les forêts de la Nièvre ont un point commun : ils font la fierté du département et de ses habitants, mais ils font le bonheur de filières de transformation un peu partout en France, voire à l’étranger. Pour tordre le cou à cette aberration d’autant moins compréhensible en plein essor des circuits courts, le Conseil départemental a fédéré les acteurs de la filière viande au sein d’un comité de pilotage qui a tenu sa première réunion le 21 juin à l’Hôtel du Département.
La démarche s’inscrit dans la lignée d’actions fortes du Département, telles que le Programme alimentaire territorial, l’horizon du 100 % local dans les cantines des collèges et les EHPAD, ou l’implication dans la reprise de l’abattoir de Corbigny par une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) rassemblant éleveurs, bouchers, collectivités et particuliers.
« Face à l’attente de plus en plus grande des consommateurs pour les circuits courts, il est urgent que la filière se mette en ordre de marche », a souligné Fabien Bazin, président du Conseil départemental. « D’autant plus que nous sommes dans une période de tourmente nationale et européenne sur la question agricole, et c’est dans ces moments de transition que les initiatives doivent partir du territoire et ne pas emprunter des chemins descendants depuis le sommet de l’État. »
Pour faire avancer la réflexion, le Département propose de concentrer les efforts sur l’élevage bovin, pilier de l’agriculture nivernaise. Pratiqué par 1 800 exploitants et comptant environ 350 000 bêtes, il voit sa réputation confirmée année après année par l’obtention de récompenses nationales et internationales.
La valorisation locale de cet atout est néanmoins un point faible qui mérite d’être amélioré. Pour affiner l’état des lieux et les perspectives, en coopération avec la Chambre d’agriculture, le Département a fait le choix de s’appuyer sur une expertise extérieure, celle du Centre d’études et de ressources sur la diversification (CERD) et de Bio Bourgogne. « Ils vont nous accompagner sur plusieurs aspects : le diagnostic des atouts, la mutualisation et la modernisation des outils de transformation, et les pistes de la restauration collective », détaille Thierry Guyot, conseiller départemental délégué à l’agriculture et à l’alimentation de proximité.
Le périmètre de l’étude et de premiers éléments de diagnostic ont été présentés au comité de pilotage. Les conclusions seront connues en mai 2024 : « C’est une étude action qui nous permettra d’arriver sur des résultats concrets », assure Fabien Bazin.