Les sécheresses récurrentes de ces dernières années résonnent comme les premiers impacts concrets du changement climatique, dans la Nièvre donnant au passage un coup de vieux – et de chaud – au slogan « vert pays des eaux vives » accolé au département. En 2022, la distribution de l’eau potable a déjà donné des sueurs à plusieurs communes et syndicats intercommunaux d’alimentation, qui voient avec inquiétude les nappes phréatiques tarder à se recharger. À l’initiative du Conseil départemental, les acteurs de l’alimentation en eau potable se sont retrouvés pour évoquer l’avenir et une nécessaire adaptation à cette fragilité inédite de la ressource en eau.
L’alimentation en eau potable est un sujet qui devient de plus en plus sensible en France, en raison du réchauffement climatique et de ses impacts – épisodes de sécheresse, canicules, etc. La Nièvre n’échappe pas à ce phénomène, qui impose une mobilisation de tous les acteurs privés et publics.
« L’accès à l’eau représente une des vulnérabilités importantes de la Nièvre », a souligné Blandine Delaporte, première vice-présidente du Conseil départemental en charge de la transition écologique, en préambule de la réunion d’échanges rassemblant à l’Hôtel du Département de nombreux acteurs de l’alimentation en eau potable : responsables des services de distribution de l’eau (présidents de syndicats intercommunaux, maires, présidents de communautés de communes et de la communauté d’agglomération), techniciens services de l’État et Agences de l’eau Loire-Bretagne et Seine-Normandie.
Avant de parler de l’avenir, les participants ont eu droit à un vaste état des lieux présenté par le service Eau du Conseil départemental (voir encadré). Ce bilan intermédiaire du Schéma départemental de l’eau potable adopté en 2019 montre que l’accès à une eau en quantité suffisante et de qualité n’est plus une évidence : « Aujourd’hui, plus de 99 % de la population bénéficie du service de distribution d’eau potable. Des risques liés à une interruption de la distribution ou à la dégradation de la qualité de l’eau existent cependant. Et chaque gestionnaire doit tout mettre en œuvre pour que ces risques demeurent aussi faibles que possible dans un contexte aggravé par la crise climatique. »
Principale piste d’amélioration, l’amélioration du rendement du réseau se heurte, pour certains syndicats intercommunaux, au problème du coût : « On a 250 km de réseau, et remplacer un kilomètre de canalisations, cela nous coûte 200 000 €. Or, on a 300 000 € de recettes. Comment fait-on ? », pointe un président de syndicat. Un collègue abonde : « On a eu l’aide du Plan de relance pour remplacer 600 m de canalisations, mais maintenant on ne peut plus rien faire. Est-ce que d’autres aides sont prévues pour les petites communes ? »
La maxime « l’eau doit payer l’eau », qui fait des recettes de la vente de l’eau aux abonnés la principale ressource pour les dépenses de renouvellement du patrimoine (réseau, captages, réservoirs), relève du casse-tête dans les secteurs les plus ruraux, où le nombre d’abonnés est inversement proportionnel au linéaire de canalisations. Du côté des Agences de l’eau, des dispositifs d’aides existent, comme l’ont expliqué les représentantes de ces deux services dont la priorité reste « le retour au bon état écologique des masses d’eau, qui conditionne aussi la qualité de la ressource ». Plan de résilience, appels à projets pour la sobriété et les conduites fuyardes : les nouvelles aides des Agences prennent en compte le chamboulement climatique dans le quotidien des gestionnaires de l’alimentation en eau potable, amenés à se poser des questions qu’ils n’imaginaient pas se poser aussi vite.
Venus en voisins témoigner de l’utilité d’un syndicat départemental, notamment pour les gros investissements d’interconnexion et de construction de châteaux d’eau, les représentants du Syndicat mixte des eaux de l’Allier ont fourni une piste de réflexion pour les acteurs nivernais de l’alimentation en eau potable. Les présidents des syndicats intercommunaux devraient se retrouver prochainement, à l’invitation du Département, pour évoquer cette possibilité.