Peluche ou doudou sous le bras, une trentaine de jeunes enfants ont « consulté » à l’Hôpital des nounours ouvert à la Maison de santé du pays corbigeois, la matinée du 7 décembre. De la création de la (fausse) carte Vitale à la pose du plâtre, le parcours de soins ludique avec de (vrais) professionnels de santé visait à désensibiliser la peur de l’examen médical. Un test réussi pour cette initiative d’un médecin de la Protection maternelle et infantile (PMI) du Conseil départemental.
Le temps d’une visite, les difficiles à rassurer jouent le rôle des rassurants. Sérieux comme un adulte, Nathan présente le « cas » Lucas, son loup en peluche, à Marion Darneau, puéricultrice de la Protection maternelle et infantile (PMI) : « Il a un bobo à la joue et au pied. Et il y a un crocrodile qui lui a mangé le bras. » « Ouh là, alors il lui faut un vaccin. » « Lui, il est courageux, mon doudou. »
Ce matin du 7 décembre, l’aile de la Maison de santé du pays corbigeois s’est transformée en jardin d’éveil que parcourent gaiment des doudous dans des bras d’enfants. Au loin, des « grands » masqués ont rendez-vous pour de vrais problèmes. Venus avec les centres sociaux de Brinon-sur-Beuvron et de Corbigny, la crèche corbigeoise ou leurs parents, une trentaine de jeunes enfants se sont immergés dans l’Hôpital des nounours, créé par Claire Rameau, médecin de la PMI, avec la complicité des professionnelles de la Maison de santé et de la pharmacienne Marie Bongard.
Après avoir patienté dans la salle d’attente « décorée » de clichés radiologiques et de livres mettant la santé à hauteur d’enfants, les jeunes patients vont un par un jusqu’au bureau de la secrétaire Sonia Makarevic, qui leur fabrique une carte Vitale et un carnet de santé pour leur doudou. Direction la grande pièce voisine pour un parcours de soins express mais précis. Avec une douceur enveloppante, la voix et les gestes de Marion Darneau ou Claire Rameau « posent » le diagnostic et la prescription des traitements : « On écoute son cœur ? » « Son cœur il est cassé. » Coup d’œil dans l’otoscope : « Ses oreilles sont rouges ? Il va falloir un médicament. »
La kinésithérapeute Hélène Thalamy, les infirmières libérales Stéphanie Biet et Delphine Joyeux, l’ostéopathe Cécile Portier, la « radiologue » par intérim Séverine Bernard et l’ergothérapeute Christel Buisson prennent en charge, tour à tour, doudous et anges gardiens : piqûre et pansement, délivrance de Stoptou, Taplumal ou Jaiplubobo, prise de radio d’une patte de tricératops ou d’une aile au rétroprojecteur, et application d’un plâtre.
Organisé pour la première fois à Corbigny, cet Hôpital des nounours en vogue dans les facultés de médecine a emballé les enfants et les professionnels, sortis ravis de cette mignonne parenthèse destinée à dédramatiser les soins. « Les enfants ont été très réceptifs. Ils jouent bien leur rôle en rassurant leur doudou, qui est très important pour eux », explique Marion Darneau. « Quand ils l’ont avec eux, les enfants se lâchent facilement sur leurs propres inquiétudes. Un enfant qui a peur a besoin d’un objet de transition. Quand on fait des bilans de santé en maternelle, on utilise doudou. Le milieu médical reste anxiogène pour les enfants ; avec une matinée comme celle-ci ils se familiarisent avec les instruments, les métiers. Si on lève les angoisses des enfants, cela pourra donner plus tard des adultes moins anxieux. »
Positive, l’expérience de l’Hôpital des nounours sera renouvelée et peut-être ouverte à d’autres thèmes, tels que l’alimentation.