Comme nous l’avons vu les semaines précédentes, le réchauffement climatique va principalement toucher, dans la Nièvre, l’agriculture et la sylviculture. Ce Mardi du climat est consacré à la viticulture nivernaise, qui subit déjà des effets du changement, comme l’ensemble des vignobles français.
Le vignoble de la Nièvre est essentiellement localisé sur la bordure ouest du département. Couvrant 1 520 hectares, il se divise en cinq aires dont la plus grande est celle de Pouilly (le célébrissime pouilly-fumé et le pouilly-sur-loire) ; suivent les coteaux-du-giennois (AOC qui s’étend en partie près de Cosne-sur-Loire), les côtes-de-la-charité, les coteaux-de-tannay et le vignoble de Riousse (Livry).
Le principal cépage cultivé est le sauvignon. Près de 170 exploitations viticoles emploient un peu plus de 300 salariés permanents ; ce sont en majorité de petites entreprises. La commercialisation se fait pour les deux tiers en cave particulière. Plus de la moitié des 230 exploitants ont 50 ans ou plus et la moitié d’entre eux ne connaît pas de successeurs.
Par ailleurs, la Nièvre viticole ne fait pas partie, comme les autres départements bourguignons, du bassin Bourgogne-Beaujolais-Savoie-Jura, mais de celui du Centre-Val de Loire ; ainsi le vignoble de Pouilly relève de la gouvernance de la région viticole Centre, alors que Pouilly se situe en Bourgogne-Franche-Comté.
Depuis 30 ans, on observe déjà des effets du réchauffement climatique dans les vignobles français :
• Depuis 1989, tous les stades de développement (débourrement, floraison, véraison) sont plus précoces, dans toutes les régions viticoles.
• Du fait de l’avancée de la véraison et de l’augmentation de la température moyenne, la maturation se déroule en conditions de plus en plus chaudes : au cours des 30 dernières années, l’augmentation de température moyenne constatée pendant la maturation se situe entre 1,5 °C à Bordeaux et 3 °C à Colmar.
• La date des vendanges a été avancée dans tous les vignobles : de 15 jours à Saint-Emilion (en 26 ans) et dans les Côtes-du-Rhône, et de 26 jours en Alsace. Des vendanges, lorsque les températures sont encore estivales, peuvent engendrer des problèmes de vinification nécessitant des adaptations, comme de récolter le raisin la nuit (sources : Inter-Rhône, INRA, Bordeaux Sciences Agro, CIVA).
• La teneur en alcool potentiel a augmenté. Pour le Val de Loire, elle a varié entre + 0,5 à + 1° par décennie, tandis que le taux d’acidité a diminué dans le même temps de 0,5 à 1 g/l. Le rapport sucres/acides est important pour la structure, l’équilibre et la conservation des vins. Depuis 30 ans, on observe des modifications de ce rapport, mais aussi un écart grandissant entre accumulation des sucres et des polyphénols et des effets sur la composante aromatique (moins d’arômes ou apparition de composés spécifiques des températures élevées).
On peut ajouter un petit bémol à ces phénomènes dans la Nièvre, car les zones favorables à la culture de la vigne s’étendent de plus en plus vers le Nord de la France, ce qui placerait la Nièvre, qui se situait jusqu’à présent à la limite de ces zones, parmi les territoires encore plus propices à l’essor de la viticulture.
Consultez la totalité du diagnostic de vulnérabilité au changement climatique dans la Nièvre dans ce rapport.
Découvrez les leviers de la stratégie d’adaptation au changement climatique proposée par le Conseil départemental de la Nièvre.