Le bois mort est souvent considéré comme un élément peu esthétique, voire inutile, dans une forêt ou un jardin. Erreur : il constitue une formidable source de biodiversité.
Nous avons tous vu, à l’occasion d’une promenade en forêt, du bois mort au sol ou bien des arbres « décapités » et pourtant encore enracinés. Ces arbres morts se distinguent par leurs origines et leurs fonctions.
Les gros branchages sont laissés volontairement au sol, généralement après une coupe d’arbres, afin qu’ils se décomposent et favorisent l’humus. Quant aux arbres morts laissés sur pied, cela peut être dû soit à des épisodes de foudre ou de vents violents (on les appelle les chandelles), soit à une attaque de parasites ou champignons.
Pourquoi laisser les arbres morts en place ?
Les arbres morts (ou des parties d’arbres, comme les branches, les souches ou même des morceaux d’écorces) servent de nourriture à une grande variété d’espèces animales et d’insectes. Par exemple, en Europe centrale, il existe plus de 1 700 espèces de coléoptères qui dépendent du bois mort durant l’une de leurs phases de vie.
Les oiseaux cavicoles y creusent également leur loge ou utilisent celui des autres : sittelles torchepot, chouettes, pics, etc. D’autres espèces aiment habiter dans le bois mort, comme les chauves-souris, mais aussi les batraciens ou les reptiles.
Le saviez-vous ?
Le lucane cerf-volant est le plus grand coléoptère d’Europe. Il vit dans les forêts feuillues où il se nourrit de sève (la larve se nourrit de bois en décomposition) ; il peut se retrouver jusque dans les grands parcs et jardins arborés. C’est un insecte actif au crépuscule et la nuit. Il a d’ailleurs fait l’objet d’une enquête en Bourgogne-Franche-Comté.
Autre animal inféodé aux bois morts en forêt, la belle salamandre tachetée passe une grande partie de son temps à arpenter le bois pourrissant pour s’y réfugier et chasser.
Arbres morts ou sénescents : comment les reconnaître
Les arbres sénescents ne sont pas morts. Ce sont en général des arbres âgés, de gros diamètre, qui présentent des altérations ou des singularités. On les privilégie notamment dans les îlots de senescence, qui sont des parties de la forêt où on choisit de ne plus couper les arbres et de les laisser vieillir et se décomposer.
Le meilleur ami de l’humus
Le bois mort est indispensable à la bonne santé et à la fertilité des sols, car il se décompose en humus, une matière organique qui permet de mieux retenir l’eau et les éléments nutritifs.
Le travail du recyclage de la matière ligneuse et de la minéralisation de la matière organique est effectué par plusieurs acteurs de la vie forestière : des champignons, des insectes, des micro-organismes tels que les bactéries. Ce ont des organismes décomposeurs qui s’épanouissent dans une forêt riche de biodiversité… et de bois mort.
Enfin, le monde végétal affectionne également le bois mort où vont pouvoir pousser mousses et fougères.
Éponges et litière
Une étude signée Schnitzler et Génot, en 2012, révèle que les bois morts aident « à conserver la ressource en eau des forêts soumises à des climats secs et chauds, et régulent les transferts d’eau vers les cours d’eau ». Ils permettent également, en formant une litière, de limiter l’érosion et les mouvements du sol et de protéger ces derniers des ruissellements.
Enfin, selon une autre étude publiée en 2021, environ 10,9 gigatonnes de carbone sont émises par le bois mort chaque année dans le monde. « Cela équivaut à 115 % de ce qu’émettent aujourd’hui les activités humaines liées aux combustibles fossiles. Cependant, le carbone émis par le bois mort n’est pas entièrement libéré dans l’atmosphère, car une bonne partie est piégée dans les sols »
Que vous ayez un jardin ou une parcelle forestière, vous pouvez contribuer à protéger la biodiversité en conservant le bois mort. Dans un petit jardin, une autre solution consiste à créer des haies sèches, un sujet qui a fait l’objet d’un autre Mardi du climat.
