Dans les Mardis du climat, nous avons déjà eu l’occasion d’aborder le concept d’« une seule santé », qui envisage la santé à l’interface entre celle des animaux, de l’être humain et de leur environnement, à l’échelle locale nationale et mondiale. En résumé, suite à la recrudescence et à l’émergence de maladies infectieuses, en raison notamment de la mondialisation des échanges, un principe simple a été constaté : la protection de la santé de l’homme passe par celle de l’animal et par leurs interactions avec l’environnement.
Deux faits dans l’actualité, en lien avec le changement climatique, viennent illustrer ce principe d’« une seule santé ». D’abord, la Nièvre, avec d’autres départements, est actuellement touchée par la fièvre catarrhale ovine (FCO), qui est également appelée maladie de la langue bleue. C’est une maladie virale touchant majoritairement les moutons ; elle peut également affecter les bovins, les chèvres et d’autres ruminants sauvages. Le virus responsable de la FCO est transmis d’un animal infecté à un autre par une piqûre d’un moucheron de la famille des culicoïdes.
Décrite pour la première fois en Afrique du Sud, la FCO s’est étendue progressivement vers le nord depuis plusieurs décennies, probablement en raison du réchauffement climatique et des échanges commerciaux internationaux. En effet, il a été démontré que la présence des populations de moucherons piqueurs, qui jouent le rôle de vecteurs, connaît un développement conséquent favorisé par des températures élevées.
La bonne santé du moustique tigre
Autre insecte venu des zones tropicales d’Asie et vecteur de maladies infectieuses émergentes (dengue, chikungunya, zika, etc.) : le moustique tigre. Il étend son aire de répartition sur l’ensemble du territoire français depuis 2004, et dans de nombreux pays européens au-delà du pourtour méditerranéen. Ce moustique peut véhiculer des maladies liées à des virus par le biais de ses piqûres.
Vous l’aurez deviné, même si ce n’est pas le seul facteur, c’est le changement climatique qui favorise sa progression. En effet, l’augmentation des températures allonge la période d’activité du moustique tigre et, par voie de conséquence, étend vers le nord son aire de répartition, tout en accélérant son cycle de vie. L’Agence régionale de santé de Bourgogne-Franche-Comté émet régulièrement des alertes, et notre département figure sur la liste des zones de présence du moustique tigre depuis 2018 (voir encadré).
Enfin, nous évoquerons rapidement un dernier cas : la leishmaniose, une maladie parasitaire à l’origine d’affections cutanées ou viscérales très invalidantes, qui peuvent être mortelles si elles ne sont pas traitées. Si, en France, un risque d’amplification élevé de la leishmaniose canine est pris en compte, en relation avec le changement climatique, il ne faut pas oublier que cette maladie touche aussi les êtres humains.
Comment réduire les risques ?
Les chercheurs préconisent de s’appuyer sur la résilience de la nature en favorisant la diversité dans tous ses aspects, de prendre soin de notre environnement, de repenser notre production alimentaire afin de faire émerger un modèle respectueux de la nature et des animaux, et donc meilleur pour notre santé.
Laissons le mot de la fin à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) : « Les activités humaines peuvent impacter durablement les écosystèmes, et en retour affecter la santé des populations, qui dépendent pourtant des ressources de la terre. Les enjeux sont immenses et visent à concilier la nécessité de nourrir les hommes avec l’obligation de préserver l’environnement dans lequel eux-mêmes, mais aussi l’ensemble des organismes vivants, évoluent. »
Sources : Institut Pasteur, ARS Bourgogne-Franche-Comté, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE).