Créée en 2020 par deux amis neversois, la société Losanje trouve sa voie dans l’univers naissant du surcyclage (upcycling en VO), qui revalorise des vêtements « finis » en les découpant et en les assemblant en de nouvelles pièces ou accessoires. L’ex-start-up du Village by CA Nevers, en croissance régulière, est passée du S au XL grâce à la levée de 2,5 millions d’euros de fonds. Le ticket pour entrer une dimension industrielle, en développant une machine de production unique en son genre et en recrutant des profils de pointe. Objectif : passer de 20 à 70 ou 80 salariés en 2027.
Trois ans à peine après avoir fait ses débuts dans quelques dizaines de mètres carrés du Village by CA, l’accélérateur de start-up installé sur le site Cobalt – l’ancienne caserne Pittié à Nevers –, Losanje franchit un cap important de sa jeune existence. La société créée et dirigée par Simon Peyronnaud et Mathieu Khouri, deux jeunes Neversois amis depuis le lycée, a en effet levé 2,4 millions d’euros de fonds pour faire passer son cœur de métier, le surcyclage (upcycling) de vêtements, dans une phase industrielle.
Symbole de ce changement d’ère, son nouvel écrin, un ancien garage de 800 m² rue de Marzy, a été inauguré mi-octobre. Les bureaux et le show-room côté pile, l’atelier de production bardé de machines à coudre et de tables de découpe côté face : le site a impressionné les (nombreux) invités, dont Fabien Bazin, président du Conseil départemental, et Wilfrid Séjeau, vice-président en charge de la jeunesse.
Calme olympien dans sa chemise à damiers made in Losanje, Simon Peyronnaud décrypte ce passage de cap dans le développement de l’entreprise comme une étape attendue : « Cette levée de fonds que nous avons menée auprès de fonds d’investissement, de l’Ademe, de BPI et de la Région Bourgogne-Franche-Comté, a un triple objectif : intégrer ces locaux, développer la première machine de production automatisée d’upcycling, et de recruter des MVP (« most valuable players », en version française les « meilleurs joueurs », NDLR), des experts aux très hautes compétences. »
Un chiffre d’affaires mutiplié par dix de 2022 à 2023
Il y a un an, l’entreprise s’installait déjà dans de nouveaux locaux, dans le centre-ville de Nevers, pour desserrer le col de sa progression et mettre à l’aise ses 13 salariés. Ils sont désormais 20, dans le vaste bâtiment de la rue de Marzy, dont le terrain alentour peut accompagner les prochaines phases : « Le but, c’est de passer à 70 ou 80 salariés en 2027 », explique le diplômé en sciences politiques et en commerce, qui gère la direction artistique et les relations publiques tandis que Mathieu Khouri pilote la partie opérationnelle et le versant financier. Si le chiffre d’affaires reste un sujet secret, la croissance est avérée : « On va multiplier par dix ce qu’on a fait en 2022. »
La future machine, conçue et développée en Bourgogne-Franche-Comté, arrivera au premier semestre 2024, et permettra à Losanje de passer à un « upcycling économique », sans brader l’emploi : « Notre machine va automatiser la découpe. On aura de plus en plus de salariés sur l’assemblage et la logistique. » Le contexte réglementaire, avec la loi AGEC qui interdit la destruction de textiles, est en effet un formidable tremplin pour le surcyclage : « La revalorisation des stocks excédentaires est devenue une obligation pour les marques, et elle est aussi un enjeu sociétal », souligne Simon Peyronnaud. Outre la création de ses propres collections, vendues à Paris au Printemps et aux Galeries Lafayette, l’entreprise neversoise se pose ainsi en « bureau d’études et en atelier de confection pour les grands groupes ».
Cet engagement environnemental, qui avait incité Simon Peyronnaud et Mathieu Khouri à créer la start-up dès la fin de leurs études, est un des arguments pour attirer des « MVP » de Paris dans la Nièvre, comme le directeur industriel, un ancien de Vuitton et Hermès : « C’est moins sexy qu’avant de travailler dans des grands groupes. Mais cela reste compliqué de faire venir des MVP, il faut accepter un certain isolement par rapport à l’ébullition de la mode en région parisienne. Ce qui plaît, aussi, c’est le côté start-up, des semaines de travail assez libres, un mélange de souplesse et de rigueur. »
Pour Simon Peyronnaud, qui a témoigné plusieurs fois de son parcours dans les rencontres citoyennes Imagine la Nièvre !, le retour délibéré dans son département d’origine est un choix qu’il ne regrette pas : « Créer son entreprise dans la Nièvre, c’est très bien pour plein de choses, comme la proximité avec les acteurs de l’économie, ou la volonté locale de faire revivre l’industrie. »
A suivre sur losanje.com et ses réseaux sociaux.