De la mairie au Centre socioculturel en passant par le parc d’activités, le long ruban d’officiels et invités en cortège a randonné dans les rues de Saint-Benin-d’Azy, samedi matin, pour saluer une redynamisation aux facettes multiples. Convention Petites Villes de demain, pose de la première pierre de l’atelier de découpe, inauguration des travaux du Centre socioculturel : la commune a célébré avec ses partenaires (Etat, Région, Département, Pays, communauté de communes) plusieurs phases de sa métamorphose.
Difficile à soupçonner pour les automobilistes de l’axe Nevers-Château-Chinon qui passent en lisière, la vie industrieuse de Saint-Benin-d’Azy (1 300 habitants), chef-lieu de canton et « capitale » de la communauté de communes Amognes Cœur du Nivernais, s’est révélée au préfet de la Nièvre, Daniel Barnier, et aux invités réunis pour une série d’inaugurations, samedi matin.
Première étape du triptyque officiel, en mairie, la signature de l’Opération de revitalisation du territoire de Saint-Benin-d’Azy et de Saint-Saulge (labellisées Petites Villes de demain) a rassemblé les maires Jean-Luc Gauthier et Christian Gentil, le préfet, Fabien Bazin, président du Département, et Jocelyne Guérin, vice-présidente du Pays Nivernais-Morvan. Cadre de vie, habitat, économie, cohésion sociale, patrimoine, tourisme : tous les piliers de la vie de ces deux villes seront renforcés, au cours des prochaines années, par ce programme Petites Villes de demain auquel ont adhéré 19 communes de la Nièvre.
« L’accouchement a été long », reconnaît Jean-Luc Gauthier, alors que la signature intervient près de 18 mois après l’adhésion des deux communes. « Il nous manquait la personne idoine pour bonifier nos projets (la cheffe de projet Hélène Sacquet, en poste depuis mars, NDLR). Mais nous sommes les premiers à signer l’Opération de revitalisation du territoire. Comme quoi rien ne sert de courir… »
Délaissant les voitures, les officiels ont pris le temps de marcher jusqu’au parc d’activités, en découvrant au passage l’essor pavillonnaire et la maison de santé de Saint-Benin, pour la deuxième étape de la matinée, la pose de la première pierre de l’atelier de découpe et de transformation agricole avec espace de vente de produits locaux (1). Un geste purement symbolique, puisque le bâtiment dessiné par l’Atelier Bentejac sera entièrement habillé de bardage métallique, mais qui met en lumière un chantier phare de la communauté de communes : la valorisation des productions agricoles du territoire.
Les six associés de la SARL Au Panier des Amognes lanceront, en septembre 2023, leur activité dans ce bâtiment inspiré du diagnostic alimentaire mené en 2018 par la communauté de communes. « Cette construction est la fin d’une première aventure, la seconde va démarrer en septembre prochain », explique Pascaline Loquet, l’une des associés. « Plusieurs agriculteurs voulaient valoriser leurs produits, et pour cela il fallait aller très loin en Bourgogne-Franche-Comté, voire ailleurs, pour un résultat qui n’était pas toujours satisfaisant. » Le futur atelier donnera aux associés, et à tous les producteurs ou particuliers intéressés, la possibilité de bénéficier d’un éventail de services : découpe, transformation froide et chaude, plats cuisinés, fumage et salaison – la spécificité de l’atelier. La SARL, qui table sur 100 tonnes de viandes découpées et transformées pour arriver à l’équilibre, emploiera quatre équivalents temps plein au démarrage, avec une participation des associés à la vie de l’atelier au rythme d’un jour hebdomadaire pour chacun. Collectivités, restaurateurs et particuliers sont les clients escomptés d’une création qui devrait surfer sur la vague de la proximité et des circuits courts.
Après l’économie, le social était au bout de la transhumance du cortège, retournant dans le bourg de Saint-Benin pour inaugurer les travaux de réhabilitation et d’extension du Centre socioculturel. L’accueil périscolaire et de loisirs, la cantine et la ludothèque ont pris leurs quartiers, il y a un an, dans l’Espace Pierre-Dupont, un bâtiment entièrement refait à neuf par la commune, qui a fait appel là aussi à l’Atelier Bentejac pour l’architecture d’un lieu « pas très grand mais très fonctionnel », selon Jean-Luc Gauthier, qui a rendu hommage à Pierre Dupont, animateur puis vice-président du Centre social, dont la « vocation sociale très forte » a marqué les esprits.
A quelques mètres de là, le Pôle social des Amognes (le nouveau titre du Centre socioculturel) a eu droit lui aussi à son découpage de ruban tricolore marquant la fin des travaux de rénovation (2). La présidente, Raphaëlle Grillet-Suchet, a rappelé les jalons de la vie de l’association née en 1978 et installée dans les sous-sols de la maison de retraite à titre provisoire… jusqu’en 2006. Relocalisé dans la Maison des Amognes, près de la mairie, le Centre socioculturel a patienté jusqu’au rachat en 2017 de bâtiments plus vastes dans le bourg, place Paul-Doumer, et jusqu’à leur rénovation, pour bénéficier enfin d’un cadre de travail adapté à ses dimensions – 25 salariés, 750 adhérents et une kyrielle d’activités.
Pour Fabien Bazin, la matinée « spéciale chantiers » à Saint-Benin-d’Azy illustre la dynamique à l’œuvre dans les chefs-lieux de canton : « Les projets se réalisent très rapidement dans les territoires, en particulier dans ceux qui accueillent les services utiles à la population. » Entre l’atelier de découpe, dont l’ambition fait écho au défi lancé par le Département d’une alimentation 100 % locale dans la restauration collective nivernaise d’ici 2027, et le Centre socioculturel, symbole d’un lien social vigoureusement entretenu dans la Nièvre, les projets portés à Saint-Benin ont trouvé un soutien naturel et fort (250 000 €) du Conseil départemental : « Il est important de montrer que, dans un département rural comme le nôtre, les projets avancent, pour peu qu’ils soient accompagnés, et notre collectivité a été ici présente à chaque étape. »
1. Le coût de la construction s’élève à 1 273 000 €, dont 509 000 € de l’Etat, 120 000 € de la Région, 80 000 € du Département, et 564 000 € de la communauté de communes. Une demande de subvention au programme européen Leader est en cours.
2. Coût des travaux : 1 380 000 €, dont 386 500 € de l’Etat , 280 000 € de la CAF, 185 000 € de l’Union européenne, 174 800 € du Département, 41 900 € de la Région (contrat de pays). L’autofinancement de la communauté de communes est de 330 300 €.