Vendredi 16 et samedi 17 septembre, les Tambours du Bronx fêtent leurs retrouvailles avec le Café Charbon, à Nevers, avec une double soirée Metal Show / Classic Show qui devrait faire trembler les murs, agrandis et rénovés, d’une salle de concert qui fut leur berceau – et leur bercail – il y a plus de 30 ans. Un retour aux sources forcément particulier pour un groupe qui fait résonner la Nièvre, et une certaine idée de la transe, à travers le monde avec une énergie furieusement inoxydable.
La soirée du samedi 17 septembre affiche déjà complet, et celle du vendredi 16 ne devrait pas tarder à l’imiter. Un concert des Tambours du Bronx à Nevers reste un événement à part, pour les Nivernais comme pour le groupe : « Notre dernier passage ici devait être pour la dernière édition de Rock en Plaine, à Varennes-Vauzelles », suppose Thierry, l’un des piliers historiques de la formation née en 1987. « Jouer à Nevers, c’est toujours délicat, on connaît tout le monde, il y a la famille », explique Dom, arrivé en 2000. « Tous les percussionnistes sont de Nevers et des environs proches. » Lui a intégré « l’arc de cercle » que forment les fûts, les mailloches et les hommes sur scène, après avoir été technicien pour le groupe, « jusqu’à ce qu’une place se libère ».
Et il est resté. Comme beaucoup : « On est une dizaine à être là depuis un petit moment. C’est très long d’apprendre le set (les morceaux du répertoire, NDLR), c’est physique, alors quand on entre aux Tambours du Bronx, on y reste pour plusieurs années. » Voire des décennies, comme Thierry : « Je suis parti des Tambours en 1989 pour être le batteur des Shredded Ermines pendant six ans. Je suis revenu en 1995, au moment de la scission avec les Metalovoice. » Lui non plus n’est jamais reparti, restant au cœur d’une épopée musicale et humaine aussi tumultueuse que la Loire en version crue centennale.
Le retour au Café Charbon, vendredi et samedi, aura une saveur particulière, douce-amère, pour les plus anciens : « Le bâtiment nous avait été prêté par la mairie, quand le groupe s’est formé, pour qu’on y fasse nos répétitions. On y a fait quelques travaux. C’était chez nous. On y est resté dix ans. Et puis la mairie a décidé d’en faire une salle de concert, et on a eu dix jours pour faire nos valises », se souvient Thierry. Le groupe a trouvé refuge dans un ancien entrepôt de bus, dans la campagne d’Imphy, où il a établi ses quartiers : « Il y a nos bureaux, notre local de répétition, notre studio d’enregistrement », détaille Dom.
Leur fief a repris vie après avoir sonné creux au plus fort des deux années Covid, « qui nous ont mis un coup de frein énorme, avec les frontières moins ouvertes qu’avant », poursuit-il. Frénétique, le rythme des tournées perçoit d’abord la crise sanitaire comme une pause bienvenue : « Au début, on trouvait ça bien de se poser un peu, d’être en famille, d’avoir des vacances. Puis on a commencé à ne pas avoir le moral, à s’inquiéter pour l’avenir du groupe. Cela repart depuis juin. On commence à retourner à l’étranger. »
Tombés très tôt dans la marmite mondovisuelle grâce à leur participation au spectaculaire défilé du bicentenaire de la Révolution, en 1989, les Tambours du Bronx ont longtemps incarné hors de l’Hexagone une facette, furieuse et séduisante, de la culture française : « On tournait beaucoup avec les Instituts français. Dans les années 2000, par exemple, on a sillonné l’Allemagne et l’Italie en long et en large. Au point de presque se faire oublier en France. »
Pour les « fils de cheminots et d’ouvriers » soudés par « une culture rock au sens très large, jusqu’au hip-hop », le groupe est un fabuleux sésame qui les mène aussi sur la scène de certains des plus grands festivals du monde, comme Roskilde (Danemark) en 1995, en première partie des légendes Led Zep Jimmy Page et Robert Plant, ou Rock in Rio en 2013, où leur musique à réveiller les morts s’est mêlée naturellement aux airs incandescents du groupe de métal Sepultura devant 200 000 spectateurs soufflés par le brio français : « Les percussions, c’est une langue universelle. On a une façon unique de l’aborder, qui interloque mais qui ne choque pas. Même au Brésil, où on a joué au Festival mondial de percussions », explique Thierry.
Plus que les grands événements qui tatouent joliment la carte de visite, les Bronx citent en souvenirs marquants des à-côtés précieux, comme ce concert de plein air improvisé au Brésil pour ceux qui n’avaient pas les moyens d’assister à leur show payant, ou « le choc culturel avec un groupe de percussions japonais au Maroc ». Plus récemment, un festival à Perpignan « à la grande ouverture d’esprit » les place « entre reggae et jazz », tandis que l’Opéra de Nice leur déroule le tapis rouge pour un autre mélange des genres : « On a joué notre Metal Show devant un public d’abonnés de l’opéra et de fans de métal. »
La quête de sensations sans cesse renouvelées préserve de la rouille de l’usure : « On a toujours de nouvelles choses à découvrir, et on a envie de les revivre encore et encore. » L’alchimie du « live » efface toutes les fatigues, toutes les tensions aussi d’une troupe aux caractères forts : « C’est un exutoire, une transe, on forme une masse qui emmène tout le monde. Sur scène, il se passe des choses, une vérité. On va tous dans la même direction. »