Comment faire revivre une épicerie dans les communes privées de cet inestimable foyer de services et de vie collective ? En captant l’énergie citoyenne pour réinventer une façon de faire commerce basée sur le bénévolat actif, les circuits courts et l’esprit de partage. Le Conseil départemental s’est lancé le défi, avec l’association Bouge ton CoQ, d’accompagner l’ouverture de dix épiceries participatives. Sur les rangs, Suilly-la-Tour a réuni une trentaine de personnes, jeudi 6 novembre, pour une réunion d’information.
600 habitants, un salon de coiffure, des artisans, des services, une vie associative dynamique, mais plus d’épicerie depuis une trentaine d’années : Suilly-la-Tour garde au cœur – et au ventre – la nostalgie d’un lieu où l’on ne vient pas seulement se ravitailler, mais aussi se nourrir l’âme de rencontres, de sourires, d’échanges. « Quand le dernier commerce disparaît, c’est une part du lien social qui s’éteint », a rappelé Jean-Paul Fallet, conseiller départemental délégué à l’économie sociale et solidaire, en préambule d’une réunion d’information sur les épiceries participatives, jeudi 6 novembre dans la salle des fêtes de Suilly-la-Tour.
Une trentaine de personnes étaient présentes, dont une vingtaine d’habitants, confirmant ainsi le propos du maire, Yves Ravet, sur la demande locale : « La population souhaite qu’une épicerie rouvre dans le village. La ville la plus proche pour faire ses courses, c’est Donzy, à 8 km, sinon il faut aller à Cosne. Nous sommes en train de réhabiliter un ancien hôtel-restaurant dans lequel nous aimerions installer une épicerie. Nous avons entendu parler des épiceries participatives grâce au Département, et cela nous a intéressés tout de suite. »
En 2023, le Conseil départemental a en effet signé une convention avec l’association nationale Bouge ton CoQ, fer de lance de l’économie sociale et solidaire, qui a déjà favorisé et accompagné la création de 180 épiceries participatives dans toute la France, en quatre ans. La convention vise dix ouvertures dans la Nièvre ; trois épiceries « tournent » à Urzy, Champvert et Marigny-l’Église, une quatrième est en bonne voie à La Nocle-Maulaix, et Suilly-la-Tour se verrait bien rejoindre la liste.
Chargé du déploiement des épiceries au sein de Bouge ton CoQ, Judikaël Jan a détaillé les fondamentaux de ces épiceries peu ordinaires. Pas de salariés, mais des adhérents-clients qui s’engagent à donner deux heures de leur temps, chaque mois, pour remplir les différentes missions : gestion des approvisionnements, comptabilité, communication, mise en rayon, étiquetage, et bien sûr, présence sur les créneaux d’ouverture. Chaque municipalité s’engage à fournir gracieusement un local, voire à prendre en charge l’électricité et l’eau : « L’objectif est d’avoir un minimum de charges, ce qui permet de vendre sans faire de marge », explique Judikaël Jan. « Ce qui est intéressant pour les clients, mais aussi pour les producteurs locaux, qui peuvent vendre le fruit de leur travail à sa juste valeur. »
Les circuits courts sont en effet un autre principe fondateur des épiceries participatives. Fruits, légumes, viandes, produits laitiers, boissons, etc. issus des terroirs les plus proches garnissent en majorité les rayons et les vitrines réfrigérées, aux côtés d’autres denrées (café, chocolat, etc.) complétant l’offre et les attentes. Après l’exposition didactique, le public a pu échanger avec deux membres de La P’tite Épicerie d’Urzy, Béatrice Normand et Valéry Chambenois, qui ont témoigné d’une organisation désormais bien rodée s’appuyant sur 65 adhérents actifs.
Place désormais à la réflexion ; si l’envie fait son chemin, une réunion publique sera organisée pour former un collectif assez vaste et passer à la concrétisation.
Autre commune intéressée, Saxi-Bourdon accueillera à son tour une réunion d’information, mercredi 19 novembre à 18 heures, dans la salle des fêtes.












