Avec 7 000 adhérents, la chasse est une pratique encore solidement ancrée dans la Nièvre, département rural où son rôle de régulation des espèces et de lutte contre les dégâts sur les cultures s’avère précieux. Pour exploiter au mieux ces compétences cynégétiques au service des territoires, Fabien Bazin, président du Conseil départemental, et Bernard Perrin, président de la Fédération départementale des chasseurs de la Nièvre, ont signé, lundi 3 novembre, une convention sans précédent, ambitieuse, qui vise aussi à éliminer les idées reçues sur la chasse.
De moins en moins nombreux, de plus en plus contestés à l’ère des réseaux sociaux et des vidéos virales, les chasseurs ont des compétences, une expertise et une déontologie à faire valoir. À plus forte raison dans un département rural et agricole comme la Nièvre, où la chasse fait partie de l’histoire, de la géographie et de la vie sociale. Les 220 maires nivernais qui ont signé en mai dernier le Manifeste national de la chasse (voir encadré) attestent la solidité d’un lien que conforte, à sa façon la convention de partenariat signée, lundi 3 novembre, dans les locaux de la Fédération départementale des chasseurs de la Nièvre, à Sauvigny-le-Bois.
Autour de la table, Fabien Bazin, président du Conseil départemental, Daniel Barbier, vice-président en charge des finances (et président de l’Union amicale des maires de la Nièvre), Thierry Guyot, conseiller délégué à l’agriculture, Bernard Perrin, président de la Fédération départementale des chasseurs, et Guy Roblin, 1er vice-président, ont souligné de concert la portée d’une convention inédite par son ampleur. Au-delà du « soutien politique » aux missions principales des chasseurs – la régulation des espèces et la lutte contre les dégâts sur les cultures –, ce sont les « compétences » des chasseurs nivernais qui sont au cœur de ce partenariat : « Nous sommes prêts à apporter un service, une expertise, grâce à nos 12 salariés et à tous nos bénévoles », explique Bernard Perrin. « Nos sociétés de chasse constituent un maillage important du territoire. C’est pourquoi je suis content de ce rapprochement avec le Conseil départemental, qui arrive à un moment où l’argent est de plus en plus rare. Or, nous avons beaucoup de projets, des choses qui peuvent se faire sans trop d’investissement. Nous avons la volonté d’être utiles, et présents si l’on a besoin de nous. »
La convention porte ainsi sur des actions concrètes, au bénéfice de tous les Nivernais, qu’il s’agisse des moyens d’éviter les collisions routières avec les sangliers et les cervidés ou de veiller à la sécurité des infrastructures « minées » par les travaux souterrains des blaireaux, renards ou ragondins. Autre enjeu, la reconstitution de la continuité écologique sur la traversée du canal du Nivernais (et notamment sur la partie concédée au Département entre Cercy-la-Tour et Sardy-lès-Epiry), et la création d’échappatoires pour les animaux tombant dans l’eau et promis à la noyade sont des chantiers que la fédération est prête à mener, comme elle l’a fait sur le canal latéral à la Loire avec Voies navigables de France.
Pour Fabien Bazin, cette convention fait sens dans un département rural où la chasse conserve un rôle social fort et participe à la vie des territoires : « Les chasseurs ont une expertise que personne d’autre ne peut apporter, et nous en avons besoin, notamment sur la sécurité routière. De notre côté, nous pouvons les accompagner sur les dégâts occasionnés par le gibier, sur la pédagogie, la lutte contre les idées reçues. Le monde est en train de changer sous nos yeux, des traditions comme la chasse ou, dans un autre domaine, les courses de côte, sont remises en cause ; nous sommes à un moment de basculement où il faut être ensemble, raisonner ensemble, car c’est comme cela que tout fonctionne mieux. »












