L’ONU a fait de 2025 « l’année de protection internationale des glaciers ». Même si notre Morvan n’est pas concerné, nous poursuivons notre sensibilisation au rôle essentiel des glaciers, de la neige et de la glace dans le système climatique et le cycle hydrologique, en faisant un focus sur la faune et la flore de la montagne, et notamment sur les Alpes, où le changement climatique se fait rudement sentir, et pas seulement sur la Mer de glace.
Le changement climatique affecte plus durement et plus rapidement les grands massifs montagneux que les autres milieux naturels. Nous le savons désormais, les glaciers fondent, et les éboulements de parois rocheuses sont de plus en plus fréquents. Le constat est sans appel : l’enneigement se réduit en quantité et en durée.
Outre les impacts négatifs sur l’activité humaine, l’économie et le tourisme, le changement climatique pèse aussi sur la faune et la flore.
Un exemple ? Dans les Alpes, le printemps et l’été sont plus chauds, plus secs, tandis que la période d’enneigement hivernal tend à se raccourcir.
Quelles conséquences sur la végétation ?
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, on assiste à court terme à un verdissement de la montagne. Les scientifiques ont constaté que l’activité biologique des plantes a augmenté ces 30 dernières années. Cela signifie que la végétation a gagné du terrain sur les surfaces minérales telles que les éboulis, parois, alluvions, espaces libérés par la fonte des névés et glaciers.
À long terme, la végétation spécifique des montagnes pourrait disparaître au profit des espèces plus communes qui entreront donc en compétition avec les espèces alpines. En produisant une liste des espèces végétales des Alpes françaises qui pourraient devenir menacées d’ici 2050, les experts ont pour objectif de prévoir de nouvelles zones de conservation grâce à l’analyse de la distribution future des espèces végétales ciblées.
Marmotte et lièvre variable : attention, fragiles !
Rappelons-nous l’expérimentation menée par trois régions, la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie et la Normandie, en partenariat avec notamment l’Office français de la biodiversité, qui ont choisi d’étudier certaines espèces pour comprendre les effets du changement climatique sur la biodiversité.
Parmi ces espèces figurait la marmotte des Alpes. Ce petit animal, qui hiberne de la mi-octobre au début du mois d’avril, voit la taille de ses portées décliner à cause de la diminution de la couverture neigeuse hivernale. Sans protection de la neige, il fait plus froid dans les terriers, et les femelles brûlent davantage d’énergie, puisée dans leurs réserves de graisses. Elles maigrissent et produisent donc un marmotton de moins par portée par rapport aux années 90. La survie de ces marmottons a également diminué.
Un autre animal souffre des effets du changement climatique, c’est le lièvre variable. Il est peu à peu concurrencé voire supplanté par le lièvre commun, et il voit sa nourriture habituelle remplacée par de la végétation de basse altitude.
Le lièvre variable était déjà fragilisé par les activités humaines : fréquentation touristique, pastoralisme, fragmentation et perte des habitats liées par exemple aux infrastructures (routes, remontées mécaniques ; etc.).
Les résultats d’une étude scientifique publiée en 2022 ont mis en évidence les faits suivants : « Avec le changement climatique, les conditions qui sont favorables au lièvre variable se décalent en altitude. Les populations sont séparées les unes des autres, habitant des “îles dans le ciel” qui devraient progressivement se réduire en surface ; une tendance qui risque de faire diminuer le nombre et la taille des populations.
On observera probablement une désynchronisation entre leurs mues et le milieu, ce qui signifie de plus en plus d’individus en manteau blanc d’hiver alors que la neige n’est pas encore arrivée ou a déjà fondu. »
Lacs : des signes alarmants
Nous avons vu que le verdissement est un phénomène qui tend à augmenter en montagne. Or, il augmente également la production d’azote et de phosphore dans le bassin versant, et l’érosion facilite le transfert de ces nutriments dans le lac.
Le fonctionnement du lac est également perturbé par l’augmentation de la température de l’eau, ce qui a des impacts sur de nombreux processus biologiques. Des changements importants sont également observés dans les lacs reliés à un glacier. La fonte de ces glaciers peut produire plus d’eau froide et refroidir certains lacs, ou à l’inverse limiter les débits et contribuer au réchauffement rapide des lacs.
Tous ces phénomènes bouleversent les équilibres écologiques et favorisent des espèces de faune et de flore issues de plus basse altitude. Dans les lacs aussi, on assiste à une colonisation des milieux d’altitude par les espèces qui n’étaient jusqu’ici pas adaptées au climat montagnard.