Appauvrie par le culte des réseaux sociaux et de la « punchline » choc, l’expression des hommes et femmes politiques retrouve des couleurs chaque année lors des Rencontres de la parole politique. Un espace vivant de débat, de réflexion, ouvert à tous, que le Conseil départemental porte depuis 2024. Rendez-vous vendredi 3 octobre, à partir de 9 h 30, à l’Hôtel du Département, pour une 4e édition qui se penche sur la façon dont les noms des rues et bâtiments publics sont choisis par les élus. Une odonymie – c’est le nom – qui ne doit rien au hasard.
Donner des noms aux rues et bâtiments publics : un enjeu de société
À l’initiative du président Fabien Bazin, le Conseil départemental de la Nièvre a repris en 2024 le flambeau des Rencontres de la parole politique, dont les deux premières éditions avaient été organisées à Jarnac (Charente). « Dans un monde où la parole publique se fragmente, se durcit, et où nombre de citoyennes et de citoyens se sentent écartés des lieux de décision, il est plus essentiel que jamais de redonner du sens à la parole politique », écrit Fabien Bazin dans le livret annonçant les 4es Rencontres de la parole politique, qui se dérouleront vendredi 3 octobre à l’Hôtel du Département, salle François-Mitterrand.
Théâtre des sessions plénières du Département, la salle se prête idéalement au thème choisi pour cette édition : l’odonymie, terme peu connu en dehors des sphères des sciences politiques – et du Scrabble – qui définit la façon dont les lieux et bâtiments publics sont baptisés par les élus. Pourquoi une salle François-Mitterrand ? Une avenue Pierre-Bérégovoy ? Une place de la Résistance ? Pourquoi, aussi, une rue Arthur-Rimbaud ou une allée des Pervenches dans un quartier pavillonnaire désespérément banal ?
Ces questions, et bien d’autres, seront abordées au fil d’une journée où les interventions multiplieront les angles d’approche et éviteront les lieux… communs. Les batailles que suscitent certains choix (Zola après l’affaire Dreyfus par exemple), la quête d’une identité locale ou régionale, la place des femmes, l’exercice délicat du discours d’inauguration, etc. : les contributions des universitaires, spécialistes des sciences politiques ou des sciences de l’information et de la communication, éclaireront le débat et alimenteront la réflexion pour savoir nommer les rues et bâtiments publics à venir.
Le choix des mots face au poids des réseaux sociaux
Pour Fabien Bazin, le Conseil départemental est dans son rôle citoyen en portant un tel événement : « La question de la parole politique est d’une importance capitale, elle n’a même jamais été d’une actualité aussi brûlante. Le champ lexical des parlementaires a été divisé par dix en dix ans, sous l’influence des réseaux sociaux. On voit ce qui se passe outre-Atlantique avec Donald Trump, qui a même décidé d’interdire l’utilisation de 150 mots. Les cafés disparaissent, mes marchés sont désertés par les partis politiques, les lieux de réflexion et de débat se réduisent comme la peau de chagrin. Le débat est tronqué, il n’y a que des slogans, des phrases chocs. Alors il est plus nécessaire que jamais que l’on se parle, qu’on s’écoute. Au Conseil départemental, nous essayons d’accompagner un renouveau de la pensée, comme nous le faisons avec Imagine la Nièvre !, qui libère la parole citoyenne. Nous allons même proposer de livrer un rapport sur la démocratie ; nous serons probablement la seule collectivité à le faire. Mais les débats sur la guerre, le travail, le climat le montrent : nous n’avons jamais autant eu besoin de démocratie. »
Rendez-vous vendredi 3 octobre, à 9 h 30, salle François-Mitterrand (64 rue de la Préfecture, à Nevers). Entrée libre et gratuite.