Une magnifique extension pour apprendre dans de meilleures conditions à l’école maternelle, et un ambitieux projet mêlant science et tourisme sur le toit du Calvaire : Château-Chinon était au centre de l’attention, dernièrement, avec deux chantiers d’ampleur qui exaltent de façon complémentaire l’accès à la connaissance et le goût de la découverte. L’investissement (6 millions d’euros au total) a reçu un fort soutien du Conseil départemental.
Avec un murmure admiratif, un visiteur glisse à son voisin : « Ça donne envie de retourner à l’école. » De l’espace, de la lumière, de la couleur : l’extension de l’école maternelle Jacques-Prévert, à Château-Chinon, a réveillé des nostalgies scolaires lors de son inauguration, quelques jours après la rentrée. Et fait remonter des flots de souvenirs à l’esprit de Madeleine Morin, directrice de l’école de 1952 à 1989, invitée à couper le ruban tricolore aux côtés des élus et officiels (1) : « J’ai vécu des années sensationnelles, ici, avec de merveilleux mots d’enfants. D’autres choses moins drôles aussi, quand il y avait 40 à 45 élèves par classe, dans les années 1950, et qu’il fallait faire tous les lacets à la fin de la journée. 90 chaussures à lacer, rendez-vous compte ! », sourit la tonique nonagénaire, qui aura vécu la construction de l’école, puis sa première extension en 1986, et la seconde en 2025.
Conçu par le cabinet d’architectes Bentejac (Saint-Martin-d’Heuille), le prolongement de l’école, sur 800 m², répondait à une attente, voire une urgence : doter Jacques-Prévert d’un réfectoire, pour éviter aux écoliers d’aller prendre leurs repas au collège, et d’un dortoir. Le mariage du béton et de l’ossature bois, les vastes baies vitrées, le bardage en bois brûlé, le préau enluminé d’une fresque du graffeur neversois Keusty donnent à l’extension des allures de proue à flanc de colline.
« Inaugurer une école, c’est un moment hautement symbolique, un des plus beaux projets qui soient pour une petite ville », souligne la maire, Chantal-Marie Malus. Le coût des travaux (qui englobaient aussi la réhabilitation de la première extension pour créer un dortoir) s’élève à 2,2 millions d’euros, dont 195 000 euros accordés par le Conseil départemental au titre du contrat cadre de partenariat avec la communauté de communes Morvan Sommets et Grands lacs.

Astronomie et tourisme
Sans pause récré, élus et officiels ont ensuite rallié le point culminant de Château-Chinon, le Calvaire (610 mètres), par un chemin abrupt qui pique les mollets et enflamme les poumons, mais que console l’époustouflant panorama offert au sommet. Occupé dès le néolithique, rehaussé plus tard d’un château fort détruit par Louis XI, le « terrain de jeux » favori des habitants, et des amoureux, recèle un potentiel touristique qui ne pouvait rester éternellement ignoré. Le projet De la Terre au ciel, porté par la municipalité, voit grand – et loin – puisqu’il transforme deux friches, une ancienne station météo et une ancienne station de pompage, en un complexe scientifique et touristique faisant la part belle à l’astronomie (le ciel), sans oublier la géologie et la biodiversité riches sur le site (la terre). Télescopes, planétarium, et animations ont l’ambition de fédérer les astronomes les plus exigeants, les amateurs et les profanes, sous la voûte céleste morvandelle entrée depuis quelques mois dans la famille rare des Réserves internationales de ciel étoilé, grâce à la quasi-absence de pollution lumineuse.
Le complexe astro-ludique devrait être ouvert au public en septembre 2026. Les travaux, déjà engagés, s’élèvent à 3,8 millions d’euros ; comme pour Jacques-Prévert, le Conseil départemental est au soutien, via le contrat cadre de partenariat, à hauteur de 192 000 euros. « Le fil rouge entre ces deux moments d’inauguration, c’est la connaissance », a souligné Patrice Joly lors de son intervention. « Et dans une période où le questionnement politique de la science et de la connaissance est inconséquent, ces moments sont importants. Ils illustrent le travail sur l’attractivité du territoire, la qualité des services offerts, dont l’éducation fait partie. Avec ces gros projets, Château-Chinon est à la hauteur de son titre de capitale du Morvan. »