Le 21 octobre était dédié à la Journée mondiale des vers de terre. Quelle drôle d’idée ! C’est une bonne occasion d’apprendre le rôle important du ver de terre dans la conservation des sols, mais aussi celui de vigie qu’il peut jouer vis-à-vis du climat.
Vers de terre : une grande famille
On recense dans le monde environ 4 000 espèces de vers de terre, mais de nouvelles espèces sont régulièrement découvertes et décrites ; on estime à plus ou moins 10 000 le nombre d’espèces existant sur Terre. Le plus connu est sans conteste le lombric terrestre, doté d’une tête rouge foncé et d’une queue plate. En Europe, derrière les bactéries et champignons (4 tonnes par hectare), ils constituent la biomasse animale la plus importante, avec près de 2 tonnes par hectare).
Les vers de terre sont de précieux alliés pour les jardiniers et les agriculteurs. Ils transforment la matière organique en nourriture pour les plantes pour les arbres, favorisant ainsi leur croissance. Ils aèrent les sols, participent à la structuration et à l’entretien des propriétés physiques des sols, au cycle de l’eau, etc. Bref, ils rendent bien des services.
Sentinelles menacées
Ils ont également une fonction particulière pour les scientifiques puisqu’ils servent de bio-indicateurs : leur présence et l’état de « forme » de leur population à un endroit donné sont des « thermomètres » de la santé des sols.
Mais attention. Les vers de terre, que l’on pense extrêmement répandus, sont pourtant menacés. Nous avons vu qu’ils étaient un peu les sentinelles du sol. Ils sont donc logiquement dépendants de la bonne santé de cet écosystème. Particulièrement sensible à la présence de pesticides et des engrais chimiques, le ver de terre tend à se raréfier dans les sols agricoles et dans certains sols forestiers, en cas de monocultures d’arbres soumises à des traitements chimiques.
Et le climat ?
Le climat joue un évidemment rôle considérable dans la présence ou non de certaines espèces, car le sol est à la fois l’habitat et la nourriture de ces animaux. Quand des sols sont gelés en permanence ou totalement desséchés par manque de pluie, les vers de terre sont bien obligés de se mettre en pause. Mais s’ils subissent le changement climatique, ils peuvent aussi être des contributeurs positifs.
Dans une étude publiée le 25 octobre 2019 dans la revue Science, une équipe scientifique internationale alerte sur l’impact du changement climatique sur les communautés de vers de terre à travers le monde. Ces travaux ont également impliqué les scientifiques français du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD)
« En creusant des galeries aérant le sol, en mangeant les débris organiques et en mélangeant les composants du sol, ils (les vers de terre) participent au bon fonctionnement de nombreux écosystèmes. Ils fournissent ainsi un large éventail de services écosystémiques, tels que la fourniture de nutriments aux plantes, l’amélioration de leur approvisionnement en eau douce, le stockage de carbone, ce qui contribue à l’atténuation du changement climatique », rappelle le Cirad.
Or l’étude montre que ce sont les variables climatiques (température et humidité) qui « influencent le plus fortement l’abondance et la diversité des communautés de vers de terre, et non les propriétés du sol ou le couvert végétal comme supposé jusqu’à présent », expliquent le Muséum et le CNRS dans un communiqué.
Si le changement climatique impacte négativement les populations de vers de terre, il impacte logiquement le fonctionnement de ce vaste écosystème qu’est le sol et dont nous dépendons tous, humains et animaux. Non seulement le sol sert à la production de notre nourriture mais il est également un puits de carbone.
Alors, sauvegardons le ver de terre, un allié du climat !