Le geai des chênes, c’est ce bel oiseau moqueur, hôte familier des forêts nivernaises et qui jouit d’une mauvaise réputation auprès de certains. Cet oiseau injustement considéré comme nuisible est pourtant un allié des forêts, et notamment des chênes, fragilisés par le changement climatique.
La Nièvre n’est pas épargnée par le changement climatique, et l’Office national des forêts observe de très près, depuis plusieurs années, comment le chêne répond à cette menace climatique. Les sécheresses exceptionnelles et les attaques des parasites ont profondément affaibli les forêts, entraînant de nombreux dépérissements.
Dans un précédent Mardi du climat, nous avions, par exemple, évoqué l’expérimentation des « îlots d’avenir » testés notamment en forêt de Guérigny. Voici une autre bonne nouvelle pour les forêts nivernaises : le geai pourrait également participer à leur régénération !
Saviez-vous que le geai est omnivore , avec une nette préférence, toutefois, pour les glands des chênes. Mais attention, ce fin gourmet vérifie que les glands qu’il récolte sont exempts de parasites. Il peut ainsi stocker jusqu’à quatre glands dans son bec en période d’observation, avant de les cacher. En effet, l’oiseau prépare ses réserves de nourriture en prévision du froid.
Par chance pour les arbres, l’oiseau est particulièrement étourdi, et bien qu’il s’efforce de marquer ses cachettes, il ne peut pas se souvenir de tous les endroits où il enterre les glands. On a ainsi calculé qu’en moyenne, chaque oiseau disperse annuellement 4 600 glands. Ce sont autant de semis effectués gratuitement et naturellement par ces oiseaux !
Le rôle du geai est d’autant plus important que le changement climatique induit à terme une réorganisation progressive de la répartition géographique des arbres. Aussi incroyable que cela paraisse, on assiste à une migration des espèces d’arbres vers le nord ou plus en altitude. Et cette migration peut être favorisée par des animaux sauvages et des oiseaux comme le geai des chênes.
On vous livre une dernière anecdote : l’Office national des forêts en Isère mène une expérimentation inspirée par nos voisins allemands. Comme le chêne ne parvient pas à remonter aussi rapidement en altitude à cause de ses graines trop lourdes, des tables à fruits ont été installées à des endroits stratégiques. « Une table à fruits est une sorte de table en bois sur laquelle sont disposés des glands, des châtaignes et des noix », explique l’ONF isérois. « Le geai des chênes, qui s’alimente majoritairement de ces trois fruits, emporte avec lui ces graines qu’il cache dans le sol, à différentes altitudes, en guise de provision pour l’hiver. Intelligent, il s’assure de ne disperser que des glands sains, propices à la pousse de nouveaux arbres. Il lui arrive parfois de ne plus se souvenir où il les a dissimulés. C’est ainsi qu’il participe, malgré lui, à la régénération naturelle du chêne. »
Tout comme le castor, le geai des chênes est un acteur indispensable dans la lutte contre le changement climatique, et un précieux allié pour assurer la résilience de nos sociétés. Faisons-lui bon accueil !