Le président du Conseil départemental, Fabien Bazin, a rencontré dernièrement à Clamecy et à Varzy pour rencontrer les sapeurs-pompiers et les agents de deux Centres d’entretien routier, en première ligne lors des inondations qui ont touché une large portion de la Nièvre, fin juin. La réactivité face à un phénomène climatique aussi violent qu’inattendu, les efforts titanesques déployés pour secourir les personnes, protéger les biens et rétablir la circulation se sont révélés à la hauteur d’une situation rarement vécue dans le département, au cours de laquelle le pire a été évité grâce à une mobilisation sans faille.
Dans la cour du centre de secours de Clamecy, la bande sombre au bas des murs marque la montée des eaux. Les seaux de pluie qui se sont abattus durant quelques heures du 20 juin sur la ville, comme sur une large diagonale barrant la Nièvre d’ouest en est, ont engorgé les rivières et les réseaux, provoquant des inondations qui n’ont pas épargné les locaux des sapeurs-pompiers, voisins du Beuvron : « L’eau est remontée par le réseau pluvial, jusqu’à une hauteur de 70 cm. On a juste eu le temps d’enlever les véhicules. La remise, les vestiaires, les sanitaires ont été inondés. Mais on a eu zéro blessé, zéro véhicule perdu, grâce à une mobilisation exemplaire. Et, surtout, on a pu assurer la continuité des secours », explique le lieutenant Enrique Larivé, commandant de la compagnie Loire-Yonne-Haut Nivernais, qui englobe 19 centres de secours.
Au plus fort de la tourmente du 20 juin, les sapeurs-pompiers clamecycois ont en effet travaillé sur plusieurs fronts : secourir les habitants touchés par les inondations, sécuriser leur propre outil de travail, mais aussi veiller sur leurs proches et sur leurs biens, également impactés. Lors de la visite de Fabien Bazin, président du Conseil départemental (1), une sapeur-pompier volontaire a ainsi témoigné sans pathos de ce qu’elle avait vécu : « J’étais en intervention à Varzy quand le centre de secours a été inondé. Ma maison, qui est à côté de la caserne, a été inondée, mon entreprise aussi ; j’ai perdu mes locaux de stockage, mon matériel. J’étais d’astreinte, et je devais mettre mes enfants en sécurité, en même temps. Mais si c’était à refaire, je le referais. »
« On a évité des morts »
Les femmes et les hommes du centre de secours clamecycois (2 professionnels et volontaires), dirigé par le lieutenant Pascal Marie, n’ont compté ni leur temps ni leur énergie pour assurer leurs missions dans un phénomène climatique à la violence inouïe : « C’est un épisode qu’on n’avait jamais connu dans le département. À Clamecy, dans le val de Loire, à Narcy, on s’en sort très bien », souligne le lieutenant Larivé. « Les crues torrentielles qu’on voit dans le sud de la France, on les a vécues à Narcy, à Chaulgnes, à La Marche. On a fait 15 sauvetages, on a mis plus de 60 personnes en sécurité ; on a évité des morts. »
Directeur du SDIS, le colonel Olivier Peycru salue la mobilisation de ses troupes : « J’ai vu de très belles choses en termes d’engagement humain, de dévouement, que ce soit des volontaires, qui ont, pour certains, pris des congés et laissé leur travail d’entrepreneur pour la circonstance, ou les professionnels qui sont venus sur la durée, ou le personnel administratif et technique, qui est venu spontanément dans la nuit pour répondre aux appels. Il y a eu 1 600 appels, 460 interventions, 150 pompiers engagés. »
Exceptionnelle, la situation a vu les valeurs humaines se mettre au diapason, comme le confie un volontaire, ému : « Il y a eu beaucoup d’entraide, de solidarité entre voisins. Je n’avais jamais vu ça. C’était beau à voir. » Un autre confirme : « On sait pourquoi on est venu prendre l’uniforme. On a été utile. » Sur le terrain, les pompiers ont également vu la sidération des habitants : « La population n’est pas du tout sensibilisée au risque d’inondation. Le phénomène a été tellement soudain qu’il y a eu de la stupéfaction », pointe le lieutenant Larivé. Le colonel Peycru abonde : « Il n’y a pas la culture des intempéries dans la Nièvre. Mais le changement climatique, ce n’est pas que les feux de forêt. Les inondations, ça touche les maisons, les routes, les biens ; sur le plan psychologique, c’est difficile, ça impacte les gens. Ce qui s’est passé à Narcy, par exemple, dans dix ans, ça sera encore dans les mémoires. »
Les pompiers nivernais ont appris à anticiper ces phénomènes appelés à se renouveler : « On a une équipe nautique qui s’entraîne à ce genre de situation. À Narcy, où le courant était très fort, la formation s’est révélée importante. Sans elle, on n’aurait pas pu travailler de cette façon. »
« Vous incarnez le service public »
À l’écoute, Fabien Bazin a livré un hommage appuyé aux soldats du feu – et de l’eau : « Je suis venu pour prendre la mesure de ce que vous avez vécu. Nous l’avons vécu par procuration. Mille mercis pour tout ce que vous avez fait. On doit désormais passer la seconde face à ce risque inondation qu’il va falloir prendre en compte. »
Le message a été tout aussi vibrant et chaleureux, quelques minutes plus tard, au Centre d’entretien routier de Varzy, lors d’une rencontre avec les agents des routes du Conseil départemental basés à Varzy et à Tannay. Deux secteurs où les inondations ont bloqué voire endommagé de nombreuses routes, pendant plusieurs jours : « Nous ressentons tous une vraie fierté pour le travail que vous avez fait », salue le président, aux côtés d’Alain Herteloup, vice-président en charge des routes, et de Gilles Noël, maire de Varzy. « Vous incarnez le service public. Cet épisode a fait prendre conscience aux gens que si vous n’aviez pas été là, les choses auraient été encore pires. »