Inspirés, fervents et convaincants, les lycéens de l’Atelier Sciences Po du lycée Raoul-Follereau ont fait vivre avec enthousiasme la Journée internationale des droits des femmes, vendredi 8 mars, dans le cadre impressionnant de la salle François-Mitterrand, à l’Hôtel du Département. Éloges enflammés, débat parlementaire théâtralisé et plaidoyers engagés ont mis à l’honneur leur sens de la formule et leur éloquence devant des élus impressionnés.
Les yeux brillent et papillonnent, les mains replacent nerveusement les feuilles, la bouche fait la moue : « Je suis très stressée, je crois que je vais faire un malaise », souffle, à demi-sérieuse, une jeune fille à sa voisine. Tandis que la salle François-Mitterrand, théâtre des sessions du Conseil départemental, s’emplit à flux continu de lycéens, de professeurs, de membres du jury et d’élus, la pression monte parmi les élèves de l’Atelier Sciences Po du lycée neversois Raoul-Follereau (voir encadré).
Pour le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, le Conseil départemental a invité ces lycéens sensibles à la « res publica » à présenter dans ce théâtre de la vie politique nivernaise le fruit de leur travail : des semaines de préparation à la prise de parole en public sous la férule de Hugo Rouselle, président de la Fédération francophone du débat (1).
Muscler son argumentaire, polir la forme, poser sa voix sans flancher ni surjouer : l’art oratoire a livré quelques-uns de ses nombreux ingrédients à des élèves que Fabien Bazin, président du Conseil départemental, a rassurés en racontant sa première prise de parole en tant que maire de Lormes : « C’était en 2001, pour les vœux. J’ai fait deux minutes. J’ai prétexté un gros rhume, mais en vérité, j’avais un énorme trac. Vous n’avez pas à être impressionnés. Parlez le plus naturellement du monde, et essayez de capter le regard de ceux qui vous écoutent, partout dans la salle. »
Sous l’œil d’Hicham Boujlilat, vice-président de la Région, de Gaëtan Gorce, ex-parlementaire, des conseillères départementales Éliane Desabre et Anouck Camain, de Flavy Darcy, présidente de l’association De la Nièvre aux grandes écoles, et du jury, une demi-douzaine de lycéens ont d’abord rendu hommage, tour à tour, à des femmes qui ont secoué le joug de la masculinité, de Gisèle Halimi à Simone Veil, de Marie Curie à Angela Davis. Un exercice dans lequel l’ardeur de Mathys Charrier (Marie Curie) et Juliette Geurts (Angela Davis) s’est attiré les suffrages des jurés.
Plat de résistance, le débat parlementaire entre gouvernement et opposition a proposé de remarquables exercices de style autour d’un projet de loi (virtuel) envisageant l’éducation à la sexualité dès le plus jeune âge comme moyen de déminer les violences faites aux femmes. Arguments et contre-arguments affûtés, mauvaise foi assumée et humour apposé au détour des répliques ont atteint leur but : captiver l’auditoire. À ce jeu-là, Antoine Doirieux, le tonitruant ministre de l’Éducation, et Anna-Marie Yoyotte, l’incisive rapporteuse de l’opposition, ont remporté respectivement le premier prix et la mention spéciale. La démonstration de l’Atelier s’est terminée par trois plaidoyers à deux voix sur des thèmes sensibles : la passivité face aux violences sexuelles, la place des femmes dans le sport et le drame des femmes palestiniennes à Gaza.
« La relève est assurée », apprécie Fabien Bazin, tandis que Gaëtan Gorce, pensant à ses discours de député et de sénateur, salue la performance des orateurs en herbe haute : « Quand on voit votre enthousiasme, votre détermination, on se dit qu’on a encore quelques belles années, voire de beaux siècles, devant nous. » Et de proposer que la captation des débats soit envoyée à la présidente de l’Assemblée nationale et au président du Sénat.
1. Avec le soutien financier du Conseil régional.