La protection de l’enfance est une des responsabilités centrales du Conseil départemental. Une mission de plus en plus importante, et délicate, avec l’augmentation du nombre de jeunes confiés à l’Aide sociale à l’enfance et des jeunes migrants isolés, les mineurs non accompagnés. Les moyens mis en œuvre se renforcent pour améliorer l’accueil et la prise en charge de ces vies à cicatriser.
Le Conseil départemental reste fidèle à sa culture de l’accueil de l’enfance en détresse, qu’elle soit d’ici ou d’ailleurs. De 2022 à 2026, le Schéma départemental enfance et famille est « la pierre angulaire » de son engagement, comme l’explique Michèle Dardant, vice-présidente en charge de l’enfance. Vingt-sept actions opérationnelles réparties en cinq axes couvrent ainsi tout le champ de la prévention et de la protection de l’enfance, de l’accompagnement des parents en difficulté au suivi du parcours des enfants confiés (plus de 1 000 par an), en passant par le traitement des informations préoccupantes ou l’adaptation des modalités d’accueil.
En témoigne la construction de la nouvelle Cité de l’enfance, dont l’ouverture en 2024 parachèvera l’un des chantiers majeurs de ces dernières années dans la Nièvre : 21 millions d’euros, plus de deux ans de travaux, 6 000 m² bâtis sur un terrain de deux hectares, 11 unités de vie où vivront près de 100 jeunes et où travailleront environ 150 personnes.
Installé en décembre 2023, l’Observatoire de la protection de l’enfance sera « un moyen de surveillance, de réflexion, d’initiative et de partage des analyses et des connaissances », souligne Michèle Dardant. Les services du Conseil départemental, de l’État, l’important tissu associatif, les assistantes familiales, les acteurs de la justice, de la sécurité et de la santé siègent au sein de cet Observatoire.
Devoir d’humanité
Au titre de l’Aide sociale à l’enfance, le Conseil départemental prend en charge les mineurs non accompagnés (MNA), de jeunes migrants arrivés en Europe au péril de leur vie et que le hasard – et le train, souvent – ont menés jusqu’à Nevers. Si leur accueil se révèle de plus en plus complexe, face au trauma des parcours chaotiques et des arrivées en hausse constante, et même si l’État n’apporte pas le soutien financier attendu, le Département met un point d’honneur à répondre à son devoir d’humanité.
En novembre dernier, les élus du Conseil départemental ont soutenu à l’unanimité une motion alertant sur la protection de l’enfance. « Tension », « risque d’embolie » : les difficultés concernent aussi bien les mineurs confiés à l’Aide sociale à l’enfance que les mineurs non accompagnés, de jeunes migrants qui ont vécu le chaos, de leur pays d’origine à l’arrivée en France. Dans les deux cas, la forte augmentation du nombre de prises en charge constitue un casse-tête pour le Département, qui veille à apporter la meilleure réponse, tant sur le plan de l’hébergement que sur celui de l’accompagnement.
« Le Département déploie des dispositifs d’accompagnement et investit pour favoriser l’intégration de ces jeunes. Cependant, malgré sa détermination à répondre au mieux aux problématiques sociétales et à soutenir ces populations en souffrance comme ses compétences l’exigent et le devoir de solidarité l’impose, la réussite de son action est remise en cause », ont déploré les élus dans cette motion du groupe majoritaire Vivre la Nièvre écologique et solidaire, appelant l’État à mieux soutenir, financièrement surtout, la Nièvre face à la hausse des dépenses.
Au 31 décembre 2022, 70 mineurs non accompagnés étaient pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance ; un an plus tard, leur nombre est passé à 95. Si plusieurs conseils départementaux refusent d’accueillir davantage de MNA, le Département de la Nièvre ne transige pas sur ses principes. En témoigne l’appel à projets, lancé fin 2022, pour l’ouverture de 100 places d’accueil 30 en structures collectives (dont 10 pour la mise à l’abri des jeunes dès leur arrivée dans la Nièvre, le plus souvent en gare de Nevers), et 70 dans des appartements collectifs et individuels.
L’association L’Œuvre du Bon Pasteur, basée en Isère, gérera les 30 places implantées à l’Espace Bernadette (l’ancien couvent Saint-Gildard). Pour le second lot, c’est l’association Nièvre Regain qui a été choisie par le Département pour les 70 places en appartements.