L’inflation des feux de forêt dans des territoires jusqu’alors peu exposés est un des effets du changement climatique. Avec un tiers de son territoire couvert de bois, la Nièvre pressent une menace de plus en plus forte, et s’y prépare. Première étape : cartographier la forêt pour la connaître dans ses moindres chemins et points d’eau. Avec un soutien massif de l’État, le Conseil départemental et le Parc naturel régional du Morvan affûtent cet outil qui sera mis à disposition du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS).
Le changement climatique, avec son cortège de sécheresses et de canicules, a transformé la défense de la forêt contre les incendies en enjeu majeur, dans la Nièvre comme ailleurs en France. Dès 2019, dans son diagnostic de vulnérabilité au réchauffement climatique, le Conseil départemental pointait les feux de forêt comme un risque croissant, notamment en raison du fort couvert forestier de la Nièvre (36 % du territoire, 245 000 ha).
Jusqu’à présent épargnée par les grands incendies qui dévastent chaque été le sud de la France, le « vert pays des eaux vives » doit s’adapter, et donner aux pompiers les moyens d’intervenir avec un maximum d’efficacité et de sécurité. « Les sapeurs pompiers sont les premiers soldats de l’urgence et de la santé, dans notre département où l’accès aux soins est de plus en plus compliqué. C’est pourquoi nous devons tout faire pour les aider dans leurs missions, et pour leur faciliter le travail », a souligné Fabien Bazin, président du Conseil départemental, lors de la présentation du projet de cartographie de la forêt nivernaise et du Parc naturel régional du Morvan (1).
Autour du Conseil départemental, ce partenariat innovant rassemble en effet l’État, le Parc du Morvan et le SDIS. L’objectif est très opérationnel ; les données géographiques seront transmises au SDIS, qui pourra ainsi améliorer la qualité de ses outils cartographiques embarqués. Mieux identifier les pistes, les points d’eau, les aires de retournement, les points difficiles, les culs-de-sac, etc. : la future cartographie permettra aux soldats du feu d’intervenir avec davantage d’efficacité et de sécurité.
D’un coût de 200 000 €, ce projet est financé à 80 % par l’État au titre du Fonds vert, par le Conseil départemental, le Parc naturel régional du Morvan et la Région. La cartographie sera réalisée par un bureau d’études, et devrait être prête en 2025. Elle couvrira l’ensemble de la Nièvre, et toutes les communes du Parc du Morvan y compris celles qui sont situées dans les trois autres départements bourguignons.
Particulièrement boisé, le massif du Morvan avait subi « des incendies records » durant l’été 2020, comme l’a rappelé le président du Parc, Sylvain Mathieu : « Nous avons reçu des renforts de sapeurs pompiers d’autres départements, et c’est à ce moment-là que nous avons réalisé le manque de connaissance des accès pour attaquer les feux. »
Reprise et étendue à l’ensemble de la Nièvre, la cartographie sera un outil essentiel pour le SDIS. « Selon l’adage, c’est le terrain qui commande, et nous devons améliorer notre connaissance du terrain », souligne le colonel Peycru, qui a rappelé que son service renforçait ses moyens matériels, avec l’acquisition de nouveaux engins financés par l’État et le Département, et avec une formation intensifiée des pompiers contre les feux de forêt.
« Le changement climatique est là, et il fait de la Nièvre un territoire à risques », a souligné Fabien Bazin. « Le climat de notre département ressemble de plus en plus à celui des Cévennes. » Le préfet Michaël Galy a salué un « dossier très qualitatif », que l’État a soutenu « avec plaisir » via le Fonds vert : « Il s’agit de la première cartographie d’ampleur réalisée en Bourgogne-Franche-Comté. »
1. Aux côtés de Michaël Galy, préfet de la Nièvre, de Sylvain Mathieu, président du Parc du Morvan, de Michel Mulot, président du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS), et du colonel Olivier Peycru, directeur du SDIS.