Le rugby féminin est en plein essor dans la Nièvre, avec l’USON Nevers en vaisseau amiral naturel. Derrière l’équipe 1, qui a brillamment débuté sa première saison en Fédérale 1 (le troisième échelon national), c’est tout un pôle qui se développe, de l’école de rugby aux seniors, en rayonnant sur l’ensemble du territoire.
Le souvenir du quart de finale homérique face à Nice la fait encore frissonner, quelques mois après. Au printemps dernier, Marine Fayard et ses camarades de l’USON Nevers arrachaient sur le fil leur sésame pour la Fédérale 1. « Un match très dur », sourit la capitaine, que l’envie de goûter à la troisième division nationale a incitée à retarder le moment de ranger les crampons. À 35 ans, la deuxième ligne cavale entre son travail de kiné, son job à plein temps de maman de deux jeunes enfants, et les deux entraînements hebdomadaires : « On a plein de recrues, c’est une nouvelle dynamique. »
En ce frisquet mardi soir de novembre, un nuage de vapeur flotte au-dessus du terrain synthétique voisin du Pré-Fleuri, où les rugbywomen enchaînent les exercices sous le regard de Paul Billard, responsable sportif du pôle féminin de l’USON. Un pôle en pleine expansion, avec une équipe U15, une équipe U18, et deux équipes seniors : « En plus de l’équipe qui joue en Fédérale 1, on a créé une équipe de développement, qui joue à 10, parce que nous avons plus de 50 joueuses. C’est la première fois que nous avons deux équipes seniors au sein du club. »
« Rendez-vous compte, maintenant, on a enfin des supporters »
Des novices aux expérimentées ayant évolué en Elite 1 ou Elite 2, des étudiantes aux quadras, le groupe senior est une mosaïque de personnalités, de vécus et d’objectifs qui s’ajuste remarquablement : « La dynamique est saine, tout le monde est bienveillant, et l’alchimie se fait naturellement. » Avec quatre victoires sur ses cinq premiers matchs, l’équipe 1 a réussi son acclimatation à la Fédérale 1 : « On veut assurer le maintien le plus tôt possible », avance prudemment Paul Billard, qui a déjà un œil sur la saison prochaine. « On a pas mal d’incertitudes. On a beaucoup de joueuses qui ont plus de 30 ans, des étudiantes qui arrivent au bout de leur cursus. C’est difficile d’avoir une visibilité sur le long terme. »
En attendant, derrière la vitrine de l’équipe fanion, le club continue à étoffer ses sections, en travaillant à l’échelle du département, voire au-delà : « On a créé l’équipe U15 avec les clubs de Saint-Léger-des-Vignes et Châtillon-en-Bazois ; pour les U18, on est en partenariat avec Sancerre. On s’appuie sur la dynamique qu’avait lancée Marie Benoit, il y a six ans, et qui porte ses fruits. On a également des sections sportives, en collège et en lycée ; par exemple, il y a a une trentaine de joueuses au lycée agricole de Challuy. On est dans une réelle évolution de la pratique, mais c’est un travail de longue haleine. »
La Decizoise Marine Fayard évoque avec des yeux brillants le déplacement dans le car des pros, pu le match sur le terrain d’honneur du Pré-Fleuri, et mesure le chemin parcouru depuis ses débuts, il y a neuf ans : « Avant, il fallait presque qu’on promette à nos copains de leur payer une bière après le match pour qu’ils viennent nous voir jouer », plaisante-t-elle à peine. « Rendez-vous compte, maintenant on a enfin des supporters, grâce à la médiatisation du rugby féminin. »