Insalubrité, habitat indigne, saturnisme, péril : particulièrement sensibles dans la Nièvre, le mal-logement et sa sombre palette sont au centre d’une série de réunions d’information, animées par le Département et les services de l’État, à destination des élus locaux. Comment repérer les situations, les signaler et parvenir à les régler, tel est tout l’enjeu pour les maires, vigies au plus près du terrain dont l’accompagnement dans cet exercice délicat s’enrichit désormais d’un guide et d’une plateforme, Histologe, accessible à tous à partir du 1er novembre.
La lutte contre le mal-logement est l’affaire de tous – élus, travailleurs sociaux, simples citoyens – mais ses arcanes et ses outils restent largement méconnus. Acteurs de première ligne, par leur connaissance du terrain et la relation de confiance qui les lie à leurs administrés, les maires et conseillers municipaux ont été conviés à participer à des réunions d’information (1), à Nevers, Corbigny et en visio-conférence, organisées par le Conseil départemental et la préfecture, « co-propriétaires » du Pôle départemental de lutte contre l’habitat indigne.
En mairie de Corbigny, lundi 23 octobre, les élus locaux ont pu évoquer des cas concrets avec des représentants des services directement concernés par le mal-logement : le service Habitat du Conseil départemental, Soliha (1), la direction départementale des Territoires (DDT), la Caisse d’allocations familiales et l’Agence régionale de santé. En préambule, après le mot d’accueil de la maire Maryse Peltier, la sous-préfète de Clamecy Cyrielle Franchi, référente départementale pour la lutte contre l’habitat indigne, a brossé en quelques chiffres-clés le tableau nivernais : « 25 % de Nivernais touchés par la précarité énergétique, soit 10 % de plus que la moyenne nationale, 9 000 logements et 17 000 Nivernais concernés par les problématiques d’habitat indigne. Et pourtant, assez peu de signalements remontent. »
Jean-Paul Fallet, vice-président du Département en charge de l’habitat, a rappelé que celui-ci était « un des sujets prioritaires d’action du Conseil départemental ». Plan départemental de l’habitat, Plan départemental d’action pour le logement et l’hébergement des personnes défavorisées, Programme d’intérêt général : l’arsenal des aides est conséquent, et s’appuie sur la connaissance du terrain des travailleurs sociaux, dont le « rôle de détection et de premier accueil » a été souligné ; ils sont d’ailleurs à l’origine de plus d’un quart des signalements transmis au Pôle départemental de lutte contre l’habitat indigne.
Fabien Bazin, président du Conseil départemental, a insisté sur la « place des élus locaux » dans cette bataille contre le mal-logement : « Vous connaissez votre environnement mieux que quiconque, vous avez une proximité incomparable, et c’est pour cela qu’il faut vous accompagner. C’est le cas pour le logement comme pour d’autres thématiques, la santé, l’emploi, l’illettrisme, les énergies renouvelables, l’eau : les élus locaux sont en première ligne d’un travail collectif qui peut impulser une dynamique. »
Tour à tour, les techniciens de Soliha, de la DDT, de la CAF et de l’ARS ont abordé le mal-logement sous tous les angles. Le guide fraîchement édité par le Pôle départemental de lutte contre l’habitat indigne à l’usage des élus apporte les réponses à la plupart des questions : les nuances entre habitat non-décent, habitat indigne, insalubrité et péril, les procédures à suivre selon chaque typologie, les outils et dispositifs existants dans la Nièvre, et un annuaire de tous les protagonistes.
1. Était également présente Séverine Bernard, conseillère départementale du canton de Corbigny.
2. Soliha (Solidaires pour l’habitat) est le premier réseau associatif national du secteur de l’amélioration de l’habitat. Son objectif est de « favoriser le maintien et l’accès dans l’habitat des personnes défavorisées, fragiles et vulnérables ».