Vingt ans après ses premiers aménagements, la Véloroute du canal du Nivernais a fait l’objet d’un audit atypique. À l’initiative du Conseil départemental, un groupe de professionnels du tourisme et d’agents des collectivités de la Nièvre et de l’Yonne s’est glissé dans la peau de « vrais » cyclotouristes pour s’imprégner du parcours et de ses aménagements, et rencontrer les acteurs de la vie de la véloroute.
Ils sont partis à bicyclette, sac au dos et sacoches arrimées, pour « descendre » la Véloroute d’Auxerre à Cercy-la-Tour (1) en trois jours. Pour auditer la qualité de l’itinéraire et définir les améliorations nécessaires à la sécurité et à l’agrément des usagers, rien ne vaut le vécu, l’expérience dans le cuissard d’un cycliste et la rencontre des acteurs du canal.
Vingt ans après les premiers aménagements sur les chemins de halage du canal, et plus de dix ans après le dernier audit, le Conseil départemental de la Nièvre a donc formé un (petit) peloton de professionnels du tourisme, d’agents des collectivités concernées (Départements de la Nièvre et de l’Yonne, Syndicat mixte d’équipement du canal du Nivernais) pour prendre le pouls d’une voie prisée par les cyclotouristes d’ici et d’ailleurs, mais aussi par les Nivernais en quête d’un tracé sécurisé, paisible et accessible à tous les âges et niveaux.
Chaque étape quotidienne, d’une cinquantaine de kilomètres « avalés » au rythme raisonnable de 15 km/h, a laissé aux auditeurs (sept à neuf selon les étapes) suffisamment de temps pour rencontrer les acteurs de la vie de la Véloroute : personnes en charge de l’entretien, hébergeurs, loueurs, commerçants, etc. À mi-parcours, le groupe a bifurqué jusqu’au Centre d’entretien routier du Département, à Corbigny, pour échanger avec Alain Herteloup, vice-président en charge des infrastructures et des déplacements, Jean-Louis Lebeau, président du Syndicat mixte d’équipement du canal du Nivernais de la Nièvre, et deux professionnelles du secteur, Patricia Robert, gérante du restaurant La Coulée douce voisin du canal à Marigny-sur-Yonne, et Vanice Makougan, chargée de mission tourisme à la communauté de communes Tannay-Brinon-Corbigny.
« Les cyclistes qui ont roulé le long d’autres canaux trouvent que cette véloroute est exceptionnelle, par sa tranquillité et sa qualité », souligne Patricia Robert, qui pointe des améliorations à apporter, pour la signalétique en cas de travaux et pour la recharge des batteries des vélos à assistance électrique, de plus en plus nombreux : « Les gens rechargent dans les campings, les restaurants ou les chambres d’hôtes, mais il serait bien de proposer des bornes de recharge, notamment dans les tronçons de véloroute qui n’ont pas de commerces. » La mise en place de points d’eau à intervalles réguliers est également suggérée, pour apporter une alternative au système D, bien connu des cyclos, du robinet dans le cimetière le plus proche.
Vanice Makougan a, quant à elle, rappelé que la véloroute était une importante ouverture sur les communes voisines et leur patrimoine, grâce à des boucles et des variantes qui méritent d’être encore développées. Le patrimoine des maisons éclusières, essentielles dans l’identité du canal, a lui aussi besoin d’être davantage valorisé ; des discussions sont engagées en ce sens par les Départements et syndicats mixtes avec Voies navigables de France, propriétaire de ce bâti.
Saluant la « démarche originale » d’un audit réalisé à la force du mollet, Alain Herteloup a rappelé l’importance du canal du Nivernais et de sa véloroute dans la vie du territoire : « S’il n’y avait plus le canal, ce serait compliqué pour les communes environnantes. C’est pour cela que le Conseil départemental est attentif aux apports de cette véloroute, en matière de tourisme et d’attractivité. C’est un outil qui fonctionne plutôt bien mais nous devons être à la hauteur des attentes, à plus forte raison dans un contexte de développement des mobilités douces. »
1. Le tronçon final entre Cercy-la-Tour et Decize/Saint-Léger-des-Vignes a été audité par la communauté de communes du Sud-Nivernais.