Luzy était en fête, le 29 septembre, pour célébrer l’ouverture de Notre Moulin, « tiers lieu numérique et social » qui offre une nouvelle vie inespérée au moulin du Vieux-Pont. La résurrection de ce pilier du patrimoine communal constitue l’épilogue de huit ans d’efforts pour la maire, Jocelyne Guérin, et ses équipes, unanimement saluées pour leur vision d’une ruralité soucieuse de ses racines et de son avenir.
À califourchon sur l’Alène, la rivière qui traverse Luzy de son fluide scintillement, Notre Moulin tend sa façade ocre aux derniers rayons du jour. Jardinières fleuries sur le pont, orchestre d’harmonie en costume, officiels, habitants et voisins du Morvan et de Saône-et-Loire mêlés en foule bruissante d’impatience : en ce vendredi soir, le cœur de la ville sud-morvandelle arbore les couleurs idéales d’une inauguration telle que Jocelyne Guérin l’avait sans doute rêvée.
« Nous avons voulu faire de cette inauguration un grand moment », explique la maire avec ferveur, micro en main. « Nous en avons vécu plusieurs, à Luzy, mais celle-là, elle nous tenait à cœur. La réalisation de Notre Moulin, c’est un projet qui a mis huit ans à aboutir. Il correspond à tout ce que nous avons fait pour Luzy. Quand nous avons écrit « Luzy Village du futur », c’était avec l’objectif que notre commune soit aussi attractive que possible, qu’on transmette quelque chose de beau et de bon aux jeunes qui nous suivent. »
À l’arrêt depuis près de cinquante ans, inhabité depuis des années, le moulin était un « bien abandonné, sans maître », dont le délabrement puis la ruine étaient un scénario inenvisageable pour la municipalité. Dans son allocution finale, le préfet Michaël Galy a rappelé que le bâtiment se nourrissait déjà de la force de l’Alène au XIe siècle. Y faire revenir la vie, l’énergie et le courant social s’est imposé comme une évidence pour Jocelyne Guérin, son conseil municipal et ses agents. Fablab, espace informatique, espace de télétravail, salle de formation et de visioconférence, espace détente (le Cocon), bureau pour les associations et espace interactif (Notre Studio) : Notre Moulin rouvre ses portes en « tiers lieu numérique et social », entre tiers lien et fier lieu.
De fierté, il fut en effet souvent question dans les mots de Jocelyne Guérin, qui voyait dans cette soirée bien plus qu’une inauguration, l’issue éclatante d’un marathon juridique et technique qui illustre une obstination et une « vision » saluée par ses pairs élus du Morvan : « Vous m’avez souvent entendue dire ces phrases : à Luzy, on y croit, on ne baisse pas les bras, tout est possible, et les planètes finissent par s’aligner. Alors oui, je suis fière, fière d’avoir mené au bout ce projet. Et vous pouvez être fiers vous aussi, car j’ai eu votre soutien. »
L’énorme bouquet de fleurs offert à sa secrétaire de mairie, Véronique Pouchelet, symbolisait lui aussi l’ampleur d’un défi relevé avec le soutien de l’État, de la Région et du Département (1). « Nous sommes en train d’inventer tous ensemble, dans la Nièvre, un nouveau modèle pour une nouvelle vie », pointe Fabien Bazin, président du Conseil départemental. « On n’a pas de pétrole, on n’a pas la mer, mais on nous a, nous tous. Et sur ce plan, l’énergie luzycoise rayonne dans tout le département, elle montre tout ce que l’on peut réussir grâce à l’investissement humain. »
Chargée de transformer la bâtisse endormie en ruche de modernité, l’architecte nivernaise Camille Bentejac a raconté en quelques phrases joliment taillées cette « vraie aventure humaine », et sa découverte en 2020 de ce colosse « à l’abandon » : « Dans certaines pièces, l’ambiance était particulière, presque dérangeante, comme si les habitants venaient de partir. Cette rénovation a été un très beau projet. »
Au tour, désormais, des Luzycois et des Sud-Morvandiaux de s’approprier « leur » moulin. Le flot de curieux qui circulait sans discontinuer dans les pièces et les étages, passé le découpage du ruban inaugural, est de bon augure. La réhabilitation des 500 m², sur quatre étages, sera parachevée d’ici quelques mois avec l’ouverture d’un restaurant et du musée du Moulin.
1. Coût total du projet : 1,5 M€, subventionné à 80 % par l’État (45%), la Région (30%) et le Département (5%) au titre du contrat cadre de partenariat avec la communauté de communes Bazois Loire Morvan.