Bucolique et pratique pour les humains, qui l’ont érigé sur l’Aron pour alimenter le canal du Nivernais, le barrage de Panneçot est une muraille pour les poissons, migrateurs ou non, bloqués au pied de ses 2,5 m de dénivelé. Les nouvelles générations d’anguilles, lamproies marines, brochets, chabots et chevesnes peuvent désormais emprunter la passe à poissons aménagée sur l’extrémité gauche du barrage par le Département, concessionnaire de l’ouvrage. Un « escalier de service » qui restaure la continuité écologique.
Un grondement doux de l’eau qui choit pour bande son, le vaste miroir du canal et de l’Aron pour l’image : ambiance carte postale garantie au barrage de Panneçot, qui retient l’attention des passants (touristes ou locaux) aussi efficacement que l’eau de la rivière, rehaussée là pour alimenter le canal du Nivernais. Enchanteur pour l’homme, qui a implanté un restaurant et un camping à proximité, le site est un casse-tête pour les hôtes de l’Aron, classée « cours d’eau à migrateurs » depuis 1907. Si l’alose et la lamproie marine sont devenues rarissimes, l’anguille de plus en plus discrète, le barrage et son seuil de 2,5 mètres de hauteur sont infranchissables pour les « habitants » à l’année, brochets, chabots ou chevesnes en mal de nourriture ou d’aires propices à la reproduction.
En 2009 puis en 2012, les réglementations nationales ont imposé le concept de retour de la continuité écologique. Rivière de contournement, passe à poissons : les propriétaires des barrages concernés par la loi doivent créer des « itinéraires bis ». Concessionnaire de l’ouvrage de Panneçot – et de ceux, plus en amont, de Fleury et Coeuillon –, le Conseil départemental a opté pour la passe à poissons, moins contraignante techniquement que le contournement.
Les travaux, réalisés en 2022 et 20231, ont fait naître un escalier de dix bassins en béton, rive gauche, que peuvent désormais emprunter les poissons pour remonter l’Aron et ses affluents, le Veynon, le Trait et le Garat, soit 46 km de rivières reconquis.
La libre circulation des poissons a un prix. Le coût total de la passe à poissons s’élève à 280 000 € hors taxes. Le Département a bénéficié d’une subvention de 140 000 € de l’Agence de l’eau Loire Bretagne et de 75 000 € de l’État, soit un reste à charge de 65 000 €.
1. Sous l’égide du Département et de sa direction du Patrimoine bâti et des Mobilités, les travaux ont été orchestrés par le bureau d’études Somival, et effectués par Thivent, une entreprise de Saône-et-Loire qui fait référence dans ces ouvrages d’art, et par Bongard Bazot & Fils (Nièvre).