Depuis le 1er juillet, les centres de santé polyvalents de Nevers, Imphy et Chantenay-Saint-Imbert arborent les couleurs du Centre de santé départemental. Les trois établissements créés par la Mutualité française bourguignonne (VYV 3 Bourgogne)ont en effet été repris par le Conseil départemental, qui vise désormais leur montée en puissance avec le recrutement de spécialistes.
En cette fin de matinée du 4 juillet, le flux de patients qui entre et sort sans répit du Centre de santé polyvalent de Nevers observe avec un œil surpris l’affluence inhabituelle devant l’entrée du site, au 20 rue Albert-Camus. Ouvert 2018 sous la volonté conjuguée de la Mutualité française bourguignonne (rebaptisée VYV 3 Bourgogne) et de la Ville de Nevers, le long bâtiment pimpant et de plain-pied a entamé un nouveau chapitre, le 1er juillet, en passant officiellement dans le giron du Conseil départemental, avec les centres mutualistes d’Imphy et de Chantenay-Saint-Imbert.
À quelques mètres du panneau « Centre de santé départemental » fraîchement fixé à la façade, le caractère événementiel de ce transfert explique l’attraction. Élus du Département et des villes concernées, représentants des partenaires institutionnels et techniciens sont venus en nombre pour (re)découvrir et visiter le site, où se côtoient médecins généralistes, sages-femmes, orthophoniste, psychologue, psychomotricien. La « palette » pluridisciplinaire fait le succès d’un centre qui attire chaque année des milliers de patients (plus de 5 200 en 2020) de Nevers – et notamment des quartiers prioritaires, voisins, de la Grande-Pâture et des Montots –, de l’agglomération et même du Cher.
Aux consultations et autres suivis de grossesse s’ajoutent des actions de prévention et de dépistage particulièrement importantes pour les familles modestes, que la Mutualité accompagnait déjà dans sa Maison de prévention et d’accès aux soins, qui était « l’ancêtre » du Centre de santé : « N’oubliez pas ce public très important », a insisté Lucie Gras, présidente de VYV 3 Bourgogne, à l’heure de passer le témoin d’une « belle aventure avec des difficultés et des réussites ».
Créé pour contrer les effets locaux de la baisse de la démographie médicale, dont l’écho réveille le souvenir du reflux démographique flottant au-dessus de l’ancienne école, le Centre de santé mutualiste entame sa nouvelle vie de pôle du Centre de santé départemental dans un mélange de continuité (voir encadré) et d’ambitions ; les équipes du Département ont noué des contacts avec des spécialistes (cardiologue, dermatologue, etc.) pour élargir l’offre de soins à Nevers, Imphy et Chantenay-Saint-Imbert.
« Ce passage de témoin a nécessité un travail technique un peu rude et complexe », sourit Fabien Bazin, président du Conseil départemental. « Nous avons œuvré en totale complicité avec VYV3 Bourgogne. Le monde mutualiste est un allié très précieux, et nous avons d’autres projets ensemble, notamment sur le grand âge. » Initiateur du Centre de santé départemental, l’élu en a rappelé la genèse : « Nous devons faire face à l’effondrement du système hospitalier et libéral. Alors nous devons faire feu de tout bois, en accompagnant l’installation de la médecine libérale avec nos bourses pour les étudiants et en salariant des médecins, ce qui est pour nous une piste majeure. C’est un plan de bataille difficile à mettre en œuvre, car la situation (de manque de praticiens, NDLR) est nationale. Mais on ne peut pas laisser 18 000 Nivernais sans médecin traitant. »