Passé pro chez Groupama-FDJ en 2022, à 18 ans seulement, le Nivernais Lenny Martinez réussit des débuts éclatants dans le grand bain du World Tour. Aux premières loges sur le Critérium du Dauphiné, vainqueur de l’exigeante CIC Mont Ventoux, engagé sur la Vuelta fin août, le grimpeur issu d’une famille de champions fonce vers son rêve : être l’un des meilleurs cyclistes du monde.
Crédit photo : Nico Gotz – Equipe cycliste Groupama FDJ
Il n’a pas tardé à se faire un prénom. Fils de Miguel, champion olympique de VTT en 2000, petit-fils de Mariano, meilleur grimpeur du Tour 1978, Lenny Martinez est sorti, à 19 ans à peine (il en aura 20 le 11 juillet), de l’ombre d’une légende des cycles familiale tranquillement assumée : « Je n’ai jamais trouvé ça lourd d’être le « fils de ». Cela a même toujours été un plus ; c’est plus difficile de partir tout seul. J’ai envie de faire une belle carrière, comme eux. » Le voilà bien parti, avec des débuts rêvés dans le grand cirque, âpre et frénétique, du World Tour, où sa silhouette fuselée (1,68 m, 52 kg) porte déjà les espoirs d’un cyclisme français toujours en quête du nouvel Hinault.
Paradoxalement, l’héritier de la fantastique génétique des Martinez n’a pas appris à pédaler avant de savoir marcher. Après avoir goûté à divers sports (athlétisme, équitation, ski, golf), dans le sud de la France, où il vit avec sa mère, Lenny Martinez vient au vélo quand il « monte » chez son père, dans la Nièvre : « Je devais être en minimes 2e année. J’ai tout de suite aimé. Papa m’avait pris une licence à la journée pour faire les championnats de la Nièvre de cyclo-cross. Et j’ai gagné. »
L’adolescent met les bouchées doubles sous les couleurs du CC Varennes-Vauzelles, entraîné par son père et Raphaël Simonnin, puis par son oncle Yannick : « Je ne comptais pas les kilomètres mais c’était du plaisir. J’adore m’entraîner. Avec Yannick, c’est devenu plus spécifique, scientifique. Mais le cyclisme est devenu sérieux quand je suis devenu pro. »
Quand il est chez les juniors, ses résultats attirent l’œil des écuries pros. Il signe chez Groupama-FDJ, explose dès la première saison chez les Espoirs. Passé pro en 2022, il empile les performances, remportant le Giro Val d’Aoste et se classant 3e du Giro Espoirs. Ce qui lui vaut une entrée, à 19 ans seulement, dans l’équipe World Tour, aux côtés de ses prestigieux aînés David Gaudu et Thibault Pinot. « Je ne force pas les choses, je les laisse arriver », explique-t-il. Avec la maîtrise d’un vieux briscard et une déconcertante facilité, il a pris l’aspiration du cyclisme pro : « Il n’y a pas deux fois plus d’entraînement, mais les courses sont plus dures, plus longues, et la récupération est plus importante. Dans le peloton, ça va plus vite, il ya plus de stress. »
Révélé en juin sur le Critérium du Dauphiné, où il suit le rythme de Vingegaard et des autres cadors dans les étapes les plus rudes, le jeune grimpeur remporte deux jours plus tard la CIC du mont Ventoux, « la plus belle course de montagne d’un jour ». Tandis que ses coéquipiers se lançaient dans le Tour de France, lui est parti pour un stage en altitude, à Tignes. Fin juillet, il sera au départ du Tour de Pologne, avant de s’attaquer au plus gros morceau de la saison, la Vuelta (26 août-17 septembre). Il aborde sans peur sa première course de trois semaines, plus de 3 000 kilomètres, sept étapes de montagne, des cols vertigineux, se préparant à la vivre dans la peau d’un leader : « J’ai une totale confiance dans l’équipe, je suis protégé, accompagné. C’est mieux de commencer par la Vuelta que par le Tour, une grosse machine avec beaucoup plus d’enjeux. Trois semaines, c’est long, j‘aurai peut-être une grosse défaillance. Ça va être un apprentissage »
Il attendra son… Tour, le regard fixé tout en haut : « Il faut avoir des rêves. Moi, je veux être parmi les meilleurs du monde. » Après avoir mené de pair le cyclisme intensif et le lycée, jusqu’au bac, Lenny Martinez met toute son énergie sur sa carrière dans le cyclisme : « Je me sens très bien dans le monde du vélo. » S’il a gardé une partie de ses racines (et sa licence au CCVV) dans la Nièvre, il est parti vivre dans le sud, près de Grasse et des Alpes : « J’aime le climat, et tout près de chez moi il y a des beaux cols. C’est un bon terrain de jeu. »