Les trois quarts des principales cultures mondiales dépendent des insectes pollinisateurs – les abeilles, mais pas seulement. Or, le changement climatique perturbe le cycle de vie et, de facto, l’activité de ces « bébêtes » capitales, déjà minées par les pesticides et la destruction de leur habitat.
Une étude du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) établit qu’en raison du réchauffement climatique, les pollinisateurs volent de façon moins synchronisée et, en moyenne, moins longtemps, depuis 60 ans.
Ces changements observés chez les abeilles, guêpes, papillons et autres coléoptères peuvent entraîner des conséquences, a priori négatives, sur la pollinisation des cultures et des fleurs sauvages. Une menace qui vient s’ajouter au fort déclin des pollinisateurs observé ces 40 dernières années, principalement dû aux pesticides et à la destruction des habitats.
Une autre étude américaine publiée en avril 2022 a permis de constater qu’il y avait plus d’abeilles de petite taille et moins de bourdons ; les scientifiques craignent les effets « en cascade » sur la pollinisation et dans tout l’écosystème.
En conclusion, une élévation des températures peut engendrer une désynchronisation qui va déstabiliser les cycles de vie des insectes et des plantes. En effet, les fleurs peuvent s’ouvrir alors que leurs pollinisateurs habituels hivernent encore dans le sol et, à l’inverse, des insectes peuvent errer à la recherche de leurs fleurs favorites, encore en boutons. Ce dérèglement est donc problématique car les insectes sont les principaux pollinisateurs dans le monde : 75 % des 115 principales cultures dépendent de la pollinisation animale, dont le cacao, le café, les amandes ou les cerises, selon l’ONU.
Une autre étude publiée par l’université Harvard en décembre 2022 a conclu au calcul suivant : à l’échelle mondiale, l’impact alimentaire du défaut de pollinisation des cultures serait responsable d’environ un demi-million de morts prématurées par an.
Pollinisateurs : mieux les connaître, mieux les aider
Les pollinisateurs transportent involontairement le pollen d’une fleur jusqu’à une autre fleur et assurent ainsi la pollinisation de nombreux végétaux. Lorsqu’un grain de pollen est déposé sur le pistil d’une fleur de la même espèce, cela permet la fécondation d’un ovule puis la formation d’un fruit contenant des graines. La pollinisation est donc un mécanisme indispensable à la reproduction d’une grande majorité des plantes à fleurs de la planète. Notre alimentation en dépend également.
Comment aider les pollinisateurs ? On peut installer des dispositifs pour accueilli les insectes au jardin : tas de bois, arbres morts et murs en pierres sèches peuvent constituer des sites de nidification. Un nichoir à bourdons ou une bûche percée peuvent également être utiles.
Outre des abris pour l’hiver et des sites de reproduction, on peut aussi attirer les pollinisateurs en plantant des fleurs mellifères, en laissant pousser les fleurs sauvages et même les orties, en évitant de tondre trop souvent et particulièrement au printemps. Bref, en favorisant la diversité aussi bien au jardin qu’au potager. En période sèche, n’oubliez pas que les papillons et abeilles apprécieront également que vous leur fournissiez un peu d’eau accessible et peu profonde (un récipient avec quelques cailloux) pour qu’ils puissent boire sans se noyer.
Enfin, et cela va sans dire, on évitera tout produit phytosanitaire au jardin.