Lancée en 2020 par le Conseil départemental, la Stratégie d’adaptation au changement climatique (SDACC) répond déjà à de nombreux enjeux climatiques, à l’échelle du territoire nivernais. Néanmoins, le premier comité de pilotage, fin avril, marque un tournant important de la démarche. Point d’avancement sur les actions engagées, nouveautés : on vous explique tout.
Tous les acteurs concernés ont répondu présents *, salle François-Mitterrand pour échanger sur un sujet « brûlant », ô combien préoccupant pour chacun d’entre nous : le changement climatique. Causé par les activités humaines, comme le montrent sans équivoque les travaux du GIEC, il est devenu une source de préoccupation majeure dans notre société. Ses conséquences sont rapides, déjà largement visibles, et en augmentation, y compris dans la Nièvre !
« La fragilité de la Nièvre face au changement climatique n’est plus à démontrer », explique Blandine Delaporte, première vice-présidente du Département, en préambule du comité de pilotage de la Stratégie départementale de l’adaptation au changement climatique (SDACC).
En effet, comme beaucoup d’autres départements, la Nièvre n’échappe pas à l’assaut des effets du changement climatique : diminution de la quantité et de la qualité de la ressource en eau, renforcement des risques naturels tels que les inondations et les canicules, ou augmentation très importante des épisodes de sécheresse et du risque de feu de forêt.
« Cette urgence doit nous pousser à nous informer et à nous former afin de pouvoir agir individuellement et, surtout, collectivement, et mettre en place des leviers d’adaptation », poursuit l’élue, en réaffirmant la volonté du Département de s’engager dans une démarche partenariale et collective.
Les années les plus chaudes
La matinée a débuté par deux interventions pour le moins éloquentes. La première, présentée par le colonel Philippe Varlet, directeur adjoint du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) de la Nièvre, était consacrée à l’évolution des risques dans le département. Les températures sont en hausse, avec une intensification du phénomène depuis les années 1980, assortie de pics de chaleur. Ces 10 dernières années ont été les plus chaudes, et marquées par des épisodes consécutifs de sécheresse.
Pour ce qui concerne les feux d’espaces naturels, ils sont à 90 % d’origine humaine. Et si la Nièvre reste peu concernée, notamment par les « méga feux », avec une moyenne de 336 interventions pour des incendies (+ 200 ha brûlés), ou par les intempéries catastrophiques (que l’on a tout de même vu apparaître avec les épisodes de grêle dévastatrice à Imphy, Saint-Aubin-les-Forges et Germigny-sur-Loire l’an dernier), « il faut, sans être dans le catastrophisme ou le déni, se préparer pour les années à venir, car les événements extrêmes vont faire partie de notre quotidien », indique le colonel Varlet.
En effet, les lignes de feu remontent vers le nord du pays. Alors que l’on entendait parler majoritairement des feux localisés dans le Var, depuis l’été dernier, des feux sont recensés en Gironde, dans le Jura, etc. Pour le représentant du SDIS, il faut se préparer et réussir à mobiliser l’ensemble des acteurs en charge de la gestion des risques dans la Nièvre. Il faut anticiper les risques, surveiller, et faire appliquer la réglementation en sensibilisant les différents acteurs nivernais aux aléas climatiques susceptibles de se produire dans le département.
Avant même le temps d’échanges prévu en fin de matinée, l’intervention de Philippe Varlet a suscité des réactions très impliquées des acteurs présents, montrant l’effective nécessité d’avoir une démarche collective face à tous ces enjeux.
Adaptation au changement climatique : en enjeu régional
La seconde intervention, réalisée par Patricia Dubois, coordinatrice du pôle Territoires durables de l’ADEME Bourgogne-Franche-Comté, consistait à présenter le Groupe régional d’adaptation au changement climatique (GRACC). Ce groupe a pour objectif la mise en commun de l’ensemble des travaux réalisés dans la région sur le changement climatique. Il réunit neuf partenaires : préfecture de Région, Conseil régional, Agence régionale de santé (ARS), Agences de l’eau (Rhône Méditerranée Corse, Loire-Bretagne, Seine-Normandie), Office français de la biodiversité et Alterre Bourgogne-Franche-Comté.
Ce collectif a su mettre en place des actions et des interventions opérationnelles pour répondre aux besoins recueillis sur le terrain. Différents leviers rythment l’activité du GRACC : l’accompagnement des territoires, la mise en réseau d’acteurs, les retours d’expérience, l’évaluation des pratiques, les partages d’outils, les financements, les actions de communication et de sensibilisation.
La création d’un tel groupe, soudé par un partenariat et des points d’intérêt convergents, semblait nécessaire pour faire émerger une dynamique régionale. Le GRAAC a reconnu les actions du Département de la Nièvre, qui s’est engagé dès 2020 dans une Stratégie d’adaptation au changement climatique. Une partie de la matinée a été consacrée à la présentation des actions déjà engagées.
Sensibilisation tous azimuts et visites de terrain
Identifiés dans le diagnostic de vulnérabilité, les enjeux climatiques ont été intégrés dans toutes les politiques publiques et tous les métiers du Département, avec la déclinaison en feuilles de route rédigées par chaque direction. Les élus et les agents ont été sensibilisés au changement climatique par des webinaires, des ateliers Fresque du climat, la création d’un espace collaboratif numérique, l’intervention lors des réunions de service ou une enquête sur l’appropriation de la stratégie, etc.
Si ces actions ont été mises en œuvre en interne, elles se sont aussi déployées en externe avec des accompagnements ciblés : déploiement d’un protocole sur la précarité énergétique auprès des Services d’aides à domicile (SAAD) de Saint-Saulge et Montsauche-Les Settons (élaboration d’un flyer d’information pour repérer les logements en précarité énergétique des personnes vulnérables), végétalisation des cours de trois collèges (Paul-Barreau à Lormes, René-Cassin à Cosne-sur-Loire, Les Loges à Nevers).
Le Département organise également des visites de terrain, les Climatours, pour les élus, agents et professionnels. Trois journées techniques ont déjà été réalisées sur les thématiques de la forêt, de l’agriculture et de l’eau. Un Climatour sur la biodiversité est programmé vendredi 26 mai, à Saint-Malo-en-Donziois.
Un accompagnement gratuit des collectivités
Dans la continuité de sa stratégie, le Département a présenté son offre d’accompagnement des territoires. La Direction du développement territorial propose en effet d’épauler deux collectivités par session pour intégrer l’adaptation au changement climatique dans leurs politiques publiques. Cet accompagnement gratuit répondrait aux besoins réels de la collectivité : accès aux données SIG (système d’information géographique), soutien technique, outils et supports de la SDACC, ateliers à la carte, mutualisation des ressources et outils (ADEME/GRACC). Les objectifs de cet accompagnement sont multiples ; ils visent à assurer un socle commun de connaissances, favoriser une véritable dynamique territoriale, contribuer à l’enjeu d’une réflexion partagée sur les problématiques de l’adaptation et les bonnes pratiques à mettre en place.
Cette proposition a retenu toute l’attention des partenaires et suscité des envies. Rendez-vous a été donné vendredi 2 juin à 10 h 30, à l’Hôtel du Département (salle François-Mitterrand), pour une réunion d’information.
Retrouvez le clip promotionnel concernant la SDACC.