Lauréat du Challenge Karting 2022, Lenny Roches vit son rêve éveillé de passionné de sports mécaniques. Avant son stage dans l’école de pilotage Feed Racing cet été, l’adolescent de Bouhy a bénéficié, grâce au soutien du Département, d’une journée de coaching sur la piste Club du circuit de Nevers Magny-Cours. Et savouré le privilège de foncer, à 15 ans, à 200 km/h dans le baquet d’une Formule Renault.
La longue silhouette élancée de Lenny Roches s’enchâsse sans effort ni émoi apparent dans l’étroit baquet de la Formule Renault. « C’est ce châssis qui a mis sur orbite Pierre Gasly, Lando Norris et Charles Leclerc », explique en aparté Paul Lanchère, coach et pilote de développement pour LSP by Nevers Magny-Cours, admiratif du bolide où se sont exercés les nouveaux talents de la F1. « 200 CV, 500 kg, le rapport poids-puissance est plus élevé que celui de la meilleure Ferrari du marché. »
Cinq sessions de dix tours sont au programme de cette journée de coaching financée à 50 % par le Département – une première pour un lauréat du Challenge Karting, le concours destiné aux élèves des collèges nivernais, dont l’édition 2023 connaîtra son épilogue samedi 1er avril (voir encadré en bas de page).
Sous l’œil de Lionel Lécher, vice-président du Conseil départemental en charge des sports, Lenny Roches enchaîne les boucles de la piste Club du circuit de Nevers Magny-Cours. Puis rentre au stand pour un débrief avec son coach, sur un écran d’ordinateur où défilent les images et les données de la caméra embarquée. « J’ai amélioré mon freinage mais il faut que je sois meilleur sur mon placement ; dans les virages, ce n’est pas encore ça », analyse à chaud le vainqueur du Challenge Karting 2022.
Projection du regard, freinage progressif, etc. : la séance est décortiquée dans le jargon technique des pilotes que maîtrise le grand brun de 15 ans, qui repart quelques minutes plus tard pour une nouvelle session. « C’est quelqu’un de très calme, super à l’écoute, qui me fait confiance », apprécie Paul Lanchère. « Il est très humble, alors que pas mal de jeunes pilotes de son âge veulent tout, tout de suite, et se prennent au sérieux sans faire les choses sérieusement. »
Concentré, appliqué, le visage de Lenny Roches s’illumine, le temps d’une courte pause, en évoquant les sensations de cette journée : « A 15 ans, c’est magique de rouler à 200 km/h. Les « g » (1) que l’on prend dans la tête, c’est impressionnant, tout comme le fait d’être assis à quelques centimètres du sol. »
Passionné de sport automobile depuis l’enfance, adepte du karting, l’adolescent a saisi sa chance en participant au Challenge Karting, l’an dernier, quand il était élève au collège Arsène-Fié de Saint-Amand-en-Puisaye. Son succès en finale lui a offert une semaine de stage sur une Formule 4 à l’école de pilotage Feed Racing, créée par le champion du monde 1997 de F1 Jacques Villeneuve et Patrick Lemarié, basée à Magny-Cours. Un pas de plus, majuscule, vers la carrière de pilote professionnel qu’il a en ligne de mire : « Avoir remporté le Challenge m’a ouvert une nouvelle possibilité de vie. Devenir pilote, c’est un rêve de gosse ; j’aimerais en vivre, qu’on me paie pour rouler (sourire). Je veux viser le plus haut possible, pour ne pas avoir de regrets. »
Désormais élève au CFA de Marzy en CAP Carrosserie-peinture, comme son père, garagiste à Bouhy, et son grand-père avant lui, Lenny Roches passe un à deux week-ends par mois à s’entraîner sur les pistes de Nevers Magny-Cours : « Je veux m’améliorer de plus en plus avant de faire le stage chez Feed Racing, en juillet. J’ai prévu de faire d’autres sessions en Formule Renault d’ici là. » Lucide, il sait que la réussite ne sera pas qu’une question de talent : « Ce qui freine, c’est le coût. C’est pour ça que je cherche des sponsors. »
Sport d’adultes, la quête de partenaires financiers ne lui fait pas perdre la pureté enfantine des émotions : « Quand je roule, je me sens libre, je ne pense plus à rien », explique-t-il avec un immense sourire. « A 15 ans, tout le monde n’a pas cette chance de vivre ce que je vis. Je remercie tous ceux qui m’ont aidé. Et j’espère que tout cela va continuer. »
(1) Le « g » est la mesure de la gravité. Un « g » est l’équivalent du poids du corps. Plus on accélère, plus les « g » augmentent, et plus ils pèsent sur le corps (flux sanguin, rachis cervical, respiration, lucidité, etc.). D’où la nécessité, pour les pilotes, d’un entraînement de sportif de haut niveau.