Pour leur première session plénière de l’année, mardi 28 février, les membres du Conseil départemental jeune et citoyen (CDJC) ont tour à tour évoqué leur vision de la Nièvre, leurs attentes, leurs espoirs et même leur conception du bonheur. Entre avenir personnel et futur territorial, leurs regards enrichiront la réflexion d’Imagine la jeunesse, la version 2023 du dialogue Imagine la Nièvre !, auquel les adolescents du CDJC sont invités à participer.
Ils se lancent tour à tour, pris de court ou déjà mûrs dans leur réflexion sur les études, le travail, le bonheur, jusqu’au futur de la Nièvre. Réunis en session plénière, mardi 28 février dans la salle François-Mitterrand de l’Hôtel du Département, les collégiens élus du Conseil départemental jeune et citoyen (CDJC) se sont prêtés sans regimber à l’exercice délicat du diagnostic territorial et de la mise au jour de leurs projets de vie.
Le vaste tour de table s’inscrit dans la démarche Imagine la jeunesse et dans une année 2023 dédiée aux jeunes Nivernais, à leur quotidien et à leur avenir. « La jeunesse est au cœur des priorités des élus « seniors » du Conseil départemental », précise en préambule Wilfrid Séjeau, vice-président en charge de l’éducation. « C’est important pour nous de vous entendre sur ce que vous souhaitez pour la Nièvre. »
Invités à « réfléchir » et à « imaginer », les jeunes élus du CDJC ont été nombreux à lâcher la bride, surmontant pour la plupart l’exercice intimidant de l’introspection en public. « Je veux être architecte d’intérieur. J’en ai toujours eu envie », confie l’un. « Et cela n’a pas l’air plus compliqué d’y arriver dans la Nièvre que dans un autre endroit. Tout est fait pour qu’on puisse réussir. » À écouter leurs camarades se lancer au micro, les collégiens s’enhardissent : « Nevers, c’est ennuyant, il y a rien, tu fais vite le tour », dit posément une jeune fille. « Le centre-ville est vide, on dirait que c’est le Covid (rires). Il faudrait plus de commerces, plus de trucs pour se distraire. »
Rares sont les témoignages de complexés de la ruralité : « Cela ne change rien d’être dans la Nièvre ou ailleurs. Il faut se donner les moyens », assure Samuel, qui hésite entre « travailler dans le médical, le droit ou le commerce ». A contrario, Romane se voit déjà loin de la Nièvre : « Je vais partir pour faire mes études, et je ne sais pas si je reviendrai. Il y a des endroits plus attirants que la Nièvre. Et ici, je ne trouverai pas les études que je veux. » Wilfrid Séjeau relance : « Vous connaissez les formations qui existent dans la Nièvre ? » « Non. » « Il y a plus de 50 formations, 3 000 étudiants à Nevers, la deuxième ville universitaire de Bourgogne », précise Laurence Ducreux, inspectrice de l’Education nationale en charge de l’orientation. « Il faut casser les croyances. » Wilfrid Séjeau insiste : « Ce qu’on veut, c’est que vous n’ayez pas de barrières. Ce discours « il y a rien dans la Nièvre », je l’entends, mais il faut aussi être curieux. »
Comme le manque de loisirs, le problème de mobilité revient en boucle dans les témoignages. « Dans nos villages, on peut trouver plein de choses à faire. Et si on veut aller au cinéma ou au bowling, il y a ce qu’il faut à Nevers », s’enthousiasme une collégienne de Saint-Saulge passionnée d’équitation : « Pour ça, je suis bien mieux dans la Nièvre qu’à Paris. »
Première vice-présidente en charge du dialogue avec les habitants, Blandine Delaporte est sensible à la richesse des témoignages, et à l’imaginaire déjà bien peuplé de ses jeunes pairs : « La plus belle phrase que j’ai entendue aujourd’hui, c’est « je fais des rêves tous les jours ». Nous allons travailler à vos côtés pour essayer de concrétiser vos rêves. » Pour améliorer le quotidien et exaucer les projets des jeunes, le Budget participatif nivernais consacrera dès cette année une partie de ses crédits aux initiatives de la jeunesse : « Nous allons voter le nouveau règlement fin mars. Si vous êtes dans des associations, des centres sociaux, et que vous avez envie de porter des projets d’intérêt collectif et local, vous aurez la possibilité de déposer un dossier. 100 000 € seront dédiés aux projets de la jeunesse. Ce sont les Nivernais qui votent : si votre projet est retenu, le Conseil départemental le finance. »
Invités à participer aux réunions publiques d’Imagine la jeunesse, qui se dérouleront de mi-mars à début mai, les élus du CDJC pourront affiner leur diagnostic et préciser leurs attentes : « Nous avons besoin de savoir précisément ce qui vous manque, pour que l’on puisse vous aider », conclut Wilfrid Séjeau, qui met en garde ses jeunes collègues contre la « vision fantasmée » des grandes villes, où « la vie n’est pas idéale non plus ».
Retrouvez la vidéo de la session en intégralité :