La Journée mondiale de la vie sauvage est célébrée chaque année le 3 mars. Celle de 2023 a pour thème « Ensemble pour la conservation de la vie sauvage ». Elle met à l’honneur ceux qui s’engagent pour protéger la biodiversité dans son ensemble. Face à une sixième extinction de masse des espèces, il nous semble important de vous expliquer l’intérêt d’une telle journée.
La flore et la faune sauvages étaient déjà menacées par la déforestation et la surexploitation des terres, l’utilisation non durable des ressources naturelles, l’introduction d’espèces invasives, le braconnage et le commerce illégal des espèces sauvages. Il faut désormais ajouter le changement climatique parmi les facteurs aggravants.
Avec un réchauffement atteignant les + 4,5°C, près de 50 % des espèces qui peuplent actuellement les écorégions* prioritaires seraient menacées d’extinction au niveau local ; ce risque serait réduit de moitié si le plafond des 2° C de l’Accord de Paris était respecté.
Cependant, il a été démontré que les mesures d’adaptation peuvent et doivent être mises en place au niveau local afin de protéger certaines zones de refuge et réduire les taux d’extinction dans le scénario d’un respect de la limitation à 2° C. Au-delà, même des mesures d’adaptation complémentaires ne suffiront pas à assurer la survie des populations de faune et de flore locales.
Par exemple, il est nécessaire d’évaluer la résistance des sphaignes (mousses qui forment la tourbe) aux sécheresses pour savoir dans quelle mesure les tourbières sont impactées par le réchauffement climatique.
Et la Nièvre dans tout ça ?
D’abord, un constat scientifique récent : il ressort que le changement climatique pourrait exacerber la propagation et l’impact des espèces envahissantes aux dépens des espèces indigènes. C’est le cas avec l’écrevisse de Louisiane qui prend peu à peu la place de l’espèce locale, l’écrevisse à pattes blanches.
Cela est également vérifiable avec les espèces invertébrées invasives dans le contexte du changement climatique. En effet, plusieurs études ont montré qu’en fonction des changements de température, ces invertébrés adaptent leur comportement.
Comme d’autres régions d’Europe, la Bourgogne Franche-Comté est exposée au changement climatique et aux invasions biologiques, ces deux phénomènes constituant des menaces majeures bien connues pour la biodiversité. L’ambroisie, par exemple, est une espèce végétale qui pourrait étendre son aire de répartition vers le nord à cause du réchauffement climatique. C’est une plante invasive très allergisante qui a des conséquences sur la santé humaine. Il existe d’ailleurs un plan de prévention et de lutte contre l’ambroisie dans la Nièvre, piloté par l’Agence régionale de santé (ARS).
À l’inverse, la bécassine des marais est en danger d’extinction. Dans le Morvan, sa présence est rare et dépend de la quantité et de la qualité des zones humides, milieu naturel particulièrement sensible au changement climatique.
Il a également été récemment démontré qu’une augmentation de l’amplitude de variation de la température présente un risque plus grand pour les espèces que le réchauffement climatique en lui-même. Ainsi, la truite fario souffre de l’augmentation de la température de l’eau des rivières, elle qui est un poisson d’eau fraîche et rapide.
En France, un mammifère sur quatre, un oiseau sur huit, plus d’un amphibien sur trois et une espèce de conifère sur trois sont menacés d’extinction, selon l’Observatoire régional de Bourgogne Franche-Comté. Près d’une espèce sur cinq présente un risque de disparition à moyen terme.
Pour résumer, en Bourgogne-Franche-Comté, sur les 7 544 espèces évaluées par l’Observatoire régional de la biodiversité, 1 637 sont menacées, soit environ 20%.
Pour exemple, dans la Nièvre, plusieurs espèces de flore sauvage n’ont pas été vues depuis 1990. Si le réchauffement climatique n’est pas la cause principale de cette érosion, les sécheresses et les canicules, quant à elles, pourraient avoir des conséquences néfastes, comme le démontrent les observations de terrain.
Le Département agit pour la vie sauvage
En portant une politique d’adaptation au changement climatique et de protection des espaces naturels sensibles et à travers sa stratégie pour la biodiversité, le Département protège, entre autres, 18 espaces naturels mais aussi 360 ha de forêts, qui constituent les habitats d’une faune et d’une flore déjà menacées par le réchauffement climatique. Ces milieux naturels gérés par le Conseil départemental offrent ainsi des zones refuges pour la vie sauvage, et participent à réduire les factures d’extinction qui menacent la faune et la flore.