La restauration de prairies humides dans une peupleraie par le Conseil départemental de la Nièvre (bassin versant de la Loire)
Le Département de la Nièvre est compétent en matière d’espaces naturels sensibles depuis 1991.
A ce titre, il a fêté le trentième anniversaire de sa politique dite des Espaces Naturels Sensibles (ENS) à l’automne 2021. Ce temps fort a permis de partager le constat d’une poursuite de l’effondrement du vivant, y compris dans un territoire rural comme la Nièvre.
Si les axes de la stratégie départementale pour la biodiversité adoptée par l’Assemblée départementale en février 2018 ont été confirmés, quatre ambitions sont ressorties de manière appuyée afin d’engager une actualisation de la stratégie au regard des enjeux pré-cités :
– L’ « émerveillement » des Collégiens du département, en jumelant chaque collège avec un espace naturel dont il incombera aux élèves d’en assurer la gestion ; en miroir, l’entrée plus soutenue de la biodiversité dans les collèges, améliorant les capacités d’accueil des espèces autour et dans les bâtiments.
– La route au service de la biodiversité, en faisant de ce traditionnel outil de fragmentation un support de déplacement et une zone de refuge pour les espèces animales et végétales par le biais de ses bords de route ;
– La préservation de la forêt nivernaise, tant dans la gestion qu’en fait le Département qu’à travers un accompagnement de l’évolution des pratiques sylvicoles ;
– Enfin, le renforcement du réseau des espaces protégés, notamment par la création de nouveaux Espaces Naturels Sensibles.
Soucieux de répondre aux enjeux du changement climatique et de la destruction du vivant, la préservation et la recréation de zones humides constitue donc un enjeu fondamental pour le conseil départemental de la Nièvre
A ce titre, il a souhaité restaurer les prairies humides sur lesquelles a été plantée une peupleraie (Decize – 58) dans les années 1990 par le précédent propriétaire (31,61 ha). Cette expérimentation de taillis à très courte rotation s’est avérée être un échec, la majorité des peupliers étant morts sur pieds.
Une première phase de restauration est engagée en 2019, afin de favoriser la régénération naturelle des essences forestières locales (chêne pédonculé…) et l’accueil des amphibiens (curage d’une mare existante et création de deux nouvelles mares). Le triton crêté (Triturus cristatus), espèce protégée au niveau national et assez rare en région, est observé dès la saison suivante.
En outre, fin 2021, à l’occasion de mesures compensatoires portées par les services de l’État (DDT58 – Subdivision Loire) et Nièvre Aménagement – et dans la perspective du contrat territorial de la plaine alluviale de Loire à venir, une seconde phase de travaux visant la restauration globale des prairies humides est élaborée afin de rétablir une mosaïque de milieux naturels, entre chênaies et prairies humides pâturées :
* Dès l’été 2022, des travaux « forestiers » sont mis en oeuvre :
– une coupe importante et sanitaire des peupliers dépérissants (24 ha) permet de réouvrir le milieu, pour favoriser les chênes et le retour de la prairie selon les secteurs. Cette exploitation est assurée par l’Office National des Forêts (environ 3 200m3). La valorisation des bois se fait en 100 % local et certifiée FSC.
– un îlot de vieillissement des peupliers sénescents et la chênaie-charmaie s’étant déjà régénérée naturellement sont conservés sur les 7,6 ha restants (carte descriptive ci-après).
Des inventaires naturalistes ont été conduits préalablement aux travaux : oiseaux nicheurs, amphibiens, libellules et papillons.
* fin 2022 et en 2023, des opérations « en faveur des zones humides » sont en cours de réalisation :
– la création de deux nouvelles mares de 1 000 m² chacune pour favoriser le retour de la Cistude d’Europe (Emys orbicularis – protection nationale, rare en région) et l’installation d’une plateforme à Cigognes blanches (Ciconia ciconia). Ces travaux bénéficient du soutien du plan de relance de l’État.
– l’abattage de bois, des travaux de rognage des souches et de bouchage de drains est réalisé en partie à l’automne (sur 2,8 Ha financés par les mesures compensatoires) et en 2023 (dans le cadre du Contrat Territorial Plaine Alluviale de la Loire de l’Agence de l’Eau Loire Bretagne),
– la réalisation du plan de gestion écologique afin de mesurer la reconquête de la biodiversité sur le site,
– des aménagements permettant la mise en pâturage du site pour son entretien futur (financés par le Contrat Territorial Plaine Alluviale de la Loire).
* Une fois ces travaux réalisés, le site deviendra le dix-huitième Espace Naturel Sensible du département. L’ouverture au public serait écartée dans un premier temps afin de laisser se mettre en place les dynamiques écologiques des nouveaux milieux.
Le montant total des recettes est ainsi estimé à 323 969 € pour un montant global de dépenses estimé à 463 712 €, soit un reste à charge de l’ordre de 139 743 €.