Raphaël Thiéry est à l’affiche du dernier long métrage de Pietro Marcello, L’Envol, qu’il présentera au public, au cinéma de La Charité-sur-Loire et de Château-Chinon, vendredi et samedi.
Originaire du Morvan, plus précisément d’Anost, Raphaël Thiéry est un acteur aux multiples facettes qui, malgré ses nombreuses expériences, garde la tête sur les épaules. Sans hésitation, il a répondu favorablement à l’invitation de Sceni Qua Non pour venir présenter le film L’Envol, dans lequel il joue l’un des rôles principaux.
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Comment vous avez été approché par le réalisateur Pietro Marcello ?
Pietro Marcello était à la recherche d’un acteur pour le rôle principal. Il avait casté beaucoup d’acteurs, par le réseau ordinaire, qui est celui de passer par les agences de comédiens. Il ne trouvait toujours pas. Il a fait passer son annonce sur des castings sauvages ; on est tombé dessus avec mon agent. On s’est dit « tentons le coup », même si le profil du personnage était un peu loin de moi, dans la mesure où je me trouvais trop âgé pour quelqu’un qui revenait de la guerre 14-18. Pietro m’a convoqué avec la jeune actrice Juliette Jouan pour faire un essai. Trois jours après, il me confirmait que j’étais retenu.
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Un rôle difficile ?
Je vais l’avouer : non. Il faut oser le dire quand c’est vrai ! Le profil du personnage était réellement à ma portée. Même si cela se passe au début du XXe siècle. Ce sont des scènes du milieu rural, un gars qui travaille le bois. Donc moi, étant donné que j’ai fait les 100 métiers avant d’être professionnel du spectacle ou même en parallèle, je me suis senti tout de suite bien dans ce personnage.
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Un premier rôle principal !
Oui, dans un long métrage, c’était vraiment la première fois. Je dois l’avouer que commencer par un rôle principal avec le réalisateur Pietro Marcello, là on se rend compte que l’on rentre tout de suite dans la cour des grands. J’ai appris à connaître son cinéma à partir du moment où j’étais retenu, J’avais vu son premier long métrage de fiction, Martin Eden. Je suis allé voir son travail de documentariste. C’est un travail époustouflant, il a fait un chef-d’œuvre avec son film La Bocca del Lupo. Époustouflant de beauté, d’intelligence, de beau sens. Pietro, c’est quelqu’un qui vient des beaux-arts, il est fan d’archives cinématographiques. Il passe beaucoup de son temps à regarder des images d’archives. On l’a déjà vu dans Martin Eden, dans L’Envol, il l’a utilisé à merveille. ll mélange images d’archives et images de fiction, ça marche relativement bien.
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Il est comment, Pietro Marcello ?
J’ai passé beaucoup de temps à discuter du personnage avec lui. Rapidement on s’est entendu, on parlait de la même chose. Il avait eu la riche idée de nous inviter dans la ferme une semaine avant le tournage, pour commencer à habiter ce décor, avec l’actrice et d’autres qui faisaient partie de l’univers de cette ferme. On a fait ce qu’on a voulu. On n’a jamais répété, ça tombe bien, je ne suis pas fan des répétitions. Quand on a attaqué le tournage, on était tellement dans l’élément que cela nous est apparu comme une évidence. On faisait déjà corps avec le décor. Pietro nous a laissé beaucoup de liberté pour façonner nos personnages. C’est une façon de travailler que j’adore ! J’ai retiré beaucoup de mes répliques qui ne me semblaient pas intéressantes. Je le prévenais le matin. Du coup, je suis devenu un personnage très silencieux, qui s’exprime avec son visage, son corps. Dans ce film, le personnage est ébéniste. Pour être au plus près du rôle, j’ai contacté quelqu’un de la région dont c’est le métier, qui a travaillé pour la décoration ; il m’a montré les bons gestes, pour ne pas faire semblant et être au plus proche de la réalité.
Pietro ne tourne pas de manière habituelle. C’est un duo sur le plateau, avec son chef opérateur Marco. Il n’y a pas de plan fixe, c’est caméra à l’épaule, ce qui rend les personnages plus présents et vivants. Une expérience magnifique : je me suis régalé.
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Le tournage a duré combien de temps ?
Deux mois de tournage dans la Somme, que j’ai pris pleinement pour rester dans le rôle. Je ne suis pas rentré une seule fois chez moi. Avec un rôle principal, on est très souvent occupé, sur le plateau. Je n’avais pas envie de me couper de l’équipe de tournage, donc je suis resté dans le décor, sur place.
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Pas d’appréhension de présenter le film, d’être face au public ?
C’est toujours bien quand on peut accompagner le film, de le présenter. Là, je viens aussi pour Sceni Qua Non. Que cela soit le cinéma indépendant ou associatif, je suis très présent.
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L’année dernière, vous étiez membre du jury pour le festival Partie(s) de campagne. Vous reviendrez ?
Je retournerai à Ouroux-en-Morvan, si je suis disponible. Pour moi, c’est le festival de courts métrages le plus sympa de tout ce que j’ai fait en France. Vraiment, sérieusement. Il y a de la vie, de la proximité. Il a des espaces de rencontres intenses. C’est vachement bien ! Peut-être qu’ils programmeront L’Envol !
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Est-ce que le film d’Anaïs Tellenne, tourné dans le Morvan (Du Grand feu ne reste que les braises), sort bientôt ?
Je vais de la post synchro prochainement. La réalisatrice et la production souhaitent le présenter à Cannes. Donc, pour l’instant pas de date. Cela va dépendre de Cannes, si le film est retenu.
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D’autres rôles en prévision ?
Oui, deux : une jeune réalisatrice avec un beau second rôle, de curé. J’ai tout de suite dit oui, en lisant le scénario j’ai beaucoup aimé son histoire et ce personnage fascinant. Et je viens de recevoir un scénario pour un premier rôle dans un long métrage. Je n’en sais pas plus. Les choses commencent à arriver. Il y a eu une petite pause qui tombait bien d’ailleurs, j’avais pas de mal de choses à gérer… Puis, comme j’écris un film et je recherche avec mon agent, un producteur. Cela nous occupe pas mal.
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Avez-vous déjà refusé un rôle même si le film était réalisé par un réalisateur connu ?
Oui, j’en ai refusé 3 ou 4… Il n’y a pas longtemps. C’était des rôles de comédie, des bons rôles, mais l’écriture et le propos ne m’intéressait pas. C’est toujours chiant de dire non ! Je reçois ces propositions de mon agent, même si celui-ci sait que je vais refuser. Il tente le coup quand même parce Ce sont des choses que je n’ai pas envie de faire. Je ne dis pas si j’avais 20 ans, je prendrais tout peut-être. Les propositions arrivent, j’ai assez de boulot et je préfère aller sur les premiers longs métrages de jeunes réalisatrices et réalisateurs. J’aime bien, il y a encore de la fraîcheur, de belles idées, c’est ce qui me plaît.