Nous l’avons vu les semaines précédentes : la Nièvre est touchée à différents niveaux par le changement climatique. Ses habitants, son agriculture, sa sylviculture, sa ressource en eau, etc. subissent ses répercussions. Aujourd’hui, gros plan sur la biodiversité.
L’impact du changement climatique sur la biodiversité est jugé comme un des sujets les plus importants sur la Nièvre. S’il n’est pas le principal acteur de l’effondrement de la biodiversité que l’on connaît aujourd’hui, en revanche il en est un facteur aggravant. Les conséquences de cette perte se retrouvent, comme pour la ressource en eau, dans beaucoup de domaines, que ce soit en termes de santé humaine ou d’activité économique.
Les connaissances sur l’évolution de la biodiversité en lien avec le changement climatique sont encore en construction mais ce que l’on sait déjà, c’est qu’il existe un effet domino – une « chaîne d’impacts » – entre les conséquences de ce changement et la modification de la biodiversité.
En effet, la qualité de l’air, plutôt bonne dans la Nièvre, aura tendance à se détériorer du fait de l’augmentation de la pollution à l’ozone, de l’extension des saisons polliniques qui favoriseront le développement des plantes allergisantes comme l’ambroisie. Une moindre qualité de l’air peut ainsi entraîner une décroissance de la pollinisation et un déséquilibre de la chaîne alimentaire. Les impacts de la qualité de l’air sur la santé humaine et sur la production agricole sont aujourd’hui bien connus.
De plus, la sécheresse des sols s’accentue à l’horizon de 2050, quel que soit le scénario. L’indicateur de sécheresse agricole varie de modérément sec pour la moitié ouest du département à très sec pour la moitié est, et jusqu’à extrêmement sec pour le Morvan. Ces sécheresses plus importantes auraient lieu plutôt en hiver et au printemps en 2050, et s’aggraveraient à l’horizon 2080, en particulier au printemps et à l’automne.
Pendant une période de sécheresse ou de canicule, les animaux sauvages souffrent également et peinent à trouver des zones plus fraîches pour s’hydrater ou se reposer à l’abri de la chaleur. Quand les températures demeurent élevées pendant plusieurs jours (et nuits) consécutifs, le risque de mortalité augmente fortement. Toutes les espèces sont concernées, y compris celles qui vivent dans l’eau. En effet, l’augmentation de la température de l’eau, que l’on peut constater depuis quelques années, entraîne la mortalité des poissons d’eau douce et des mollusques.
Les impacts sur la biodiversité pourraient être importants pour le paysage nivernais : affaiblissement de la végétation avec une diminution de la diversité dans les prairies, diminution des bocages, affaiblissement et dépérissement des épicéas, des chênes, nouvelles variétés, essences (possibles opportunités), évolution des peuplements forestiers (mutation des aires de répartition), pertes de zones humides, etc.
Quant à la faune, elle peut aussi subir de fortes mutations : disparition de certains oiseaux (lien avec maladies vectorielles) et apparition d’autres espèces (de merles ou de geais par exemple), disparition des écrevisses à pattes blanches remplacées par l’espèce Louisiane (invasive), perturbation des cycles migratoires, etc.
Ces changements climatiques vont avoir des impacts fortement corrélés à la géographie physique et humaine, en particulier la densité de l’occupation et la répartition des activités sur le territoire. Cela va interférer avec un contexte économique et social déjà délicat.
Toutefois, restons positifs : la Nièvre bénéficie de plusieurs atouts grâce à sa situation géographique avantageuse, en amont du bassin versant de la Loire et de la Seine. Cette situation particulière lui confère aussi une responsabilité importante vis-à-vis de l’aval.
Ses autres atouts viennent de son caractère rural et de ses ressources naturelles de qualité qui pourraient à l’avenir devenir des points forts et lui permettre de préserver ses spécificités faunistiques et ses charmes verdoyants.