Dans la Nièvre, le changement climatique pèse fortement sur l’agriculture, la sylviculture ou l’eau. Mais son impact est tout aussi important, et on a tendance à oublier, sur les activités humaines. On vous en parle.
Le changement climatique agit en chaîne ; il impacte la nature de façon insidieuse, à la façon d’un amplificateur de toutes les vulnérabilités, d’un révélateur des inégalités existantes. Il accentue la fragilité socio-économique d’une partie de la population nivernaise.
Les populations les plus vulnérables au changement climatique sont : les personnes âgées, les enfants, les personnes à la santé déjà fragile, les personnes souffrant de handicap et sans autonomie, les personnes aux emplois mal payés ou précaires, en particulier dans le secteur de la santé ou des travaux en extérieur sur de longues périodes, les sans-abris, les migrants, les gens du voyage.
La santé
D’après le GIEC, le changement climatique aggrave huit catégories de problèmes de santé ou expositions à risque qui existent sur la Nièvre. Parmi les pathologies rencontrées, on recense déjà : des pathologies liées à la chaleur et les épisodes caniculaires, les maladies respiratoires liées à la qualité de l’air, les maladies vectorielles, la mal-nutrition, une dégradation de la santé au travail, des traumatismes et des morts liés aux événements météorologiques extrêmes, des problèmes de santé mentale et de violence, des infections d’origine alimentaire ou hydrique.
Même si ces phénomènes sont pour l’instant modérés, ils risquent avec le temps de se « démocratiser ». Il se peut alors que l’on constate dans un avenir proche une progression des allergies (ambroisie), des saisons polliniques accrues, des besoins supplémentaires en médecins spécialisés, une surmortalité amplifiée par la désertification médicale, davantage de virus (moins de périodes de gel), de risques épidémiques et sanitaires accrus (tique, moustique tigre, termites), etc.
La population âgée semble la plus concernée, en raison de sa vulnérabilité qui sera aggravée par le manque d’accessibilité aux services essentiels, et en particulier aux services de santé. Ainsi, d’après un bilan provisoire de Santé Publique France, du 1er janvier 14 novembre 2022, 570 579 décès, toutes causes confondues, sont enregistrés dans l’hexagone, soit 7,6 % de plus qu’en 2019 (+ 40 386 décès). Et plus précisément, sur la période de surveillance estivale 2022 (du 1er juin au 15 septembre), Santé Publique France estime, dans son bilan consacré à la canicule, à 10 420 le nombre de décès en excès toutes causes confondues (+ 6,1 %) en France métropolitaine.
L’économie
Comme les effets du changement climatique sont tous imbriqués les uns aux autres, toutes les activités marchandes et non marchandes des Nivernais seront aussi touchées. L’ensemble des activités économiques sera affecté ; une première estimation montre que presque la moitié des emplois de la Nièvre présente une sensibilité particulière au changement climatique, en particulier par l’importance des emplois dans le domaine de la santé et de l’action sociale, et de l’enseignement au bénéfice des populations les plus fragiles.
10 % des emplois du territoire sont sensibles à trois conséquences du changement climatique : hausse des températures, ressource en eau et évènements extrêmes. Il s’agit des emplois agricoles, de certaines branches de l’industrie manufacturière et du secteur de la production d’énergie qui peut être dépendante de la ressource en eau (hydroélectricité et nucléaire), ou des emplois liés à la sensibilité du réseau électrique à la chaleur et aux événements extrêmes de type tempête.
Le réchauffement climatique pourra en revanche être une opportunité pour le développement touristique de la Nièvre, avec un étalement de la saison touristique sur le printemps et l’automne, et avec des étés plus chauds et secs. La Nièvre pourra développer son offre de tourisme de fraîcheur et voir la fréquentation augmenter pour le tourisme fluvial.
Le logement
Toutefois, cette opportunité pourra se trouver limitée par des tensions sur la ressource en eau entre les différents usages et la dégradation de la qualité des eaux de baignade. L’accueil touristique devra aussi prendre en compte la problématique du confort d’été, comme l’ensemble des logements. En effet, l’adaptation de l’habitat pour préserver le confort d’été est une des problématiques les plus importantes en lien avec le changement climatique.
Dans la Nièvre, une grande majorité des bâtiments sont anciens, en pierre, ce qui leur confère une bonne inertie thermique. Un avantage en termes de confort d’été qu’il faut veiller à préserver lors des travaux de rénovation, en privilégiant l’isolation par l’extérieur. Les bâtiments les plus fragiles face aux conséquences estivales du changement climatique sont ceux construits dans la seconde moitié du XXe siècle. La raison ? L’isolation est souvent insuffisante. Les travaux d’amélioration dans ce domaine doit s’accompagner d’une attention à leur ventilation et à leur rafraîchissement passif.
Autre effet du changement climatique et des probabilités plus grandes de sécheresse, le retrait gonflement de l’argile est de plus en plus sensible dans le département, et il est appelé à s’amplifier Ce risque concerne aujourd’hui une grande part de la Nièvre, et plus particulièrement les communes à l’ouest de Donzy.
Les inondations et mouvements de terrain pourraient également affecter plus fortement les bâtiments. Au-delà des adaptations physiques des bâtiments, l’ensemble des usages et comportements devraient évoluer vers un meilleur « savoir-vivre » avec la chaleur, une moindre consommation d’eau et un impact environnemental le plus limité possible.
Des raisons d’espérer
Les effets du changement climatique directs ou indirects sont déjà perceptibles dans la Nièvre..?Néanmoins, il faut garder à l’esprit qu’une proportion de ces impacts est difficile à estimer avec certitude.
Il est notamment permis de croire que l’on peut chacun à son niveau « inverser », ou tout du moins « équilibrer » la tendance, puisque l’action humaine est à même d’insuffler l’espoir. Chaque geste individuel en faveur de la planète, et plus localement de notre Nièvre, compte !