Éternel fléau enfin sorti du silence fataliste, les violences sexistes et sexuelles sont placées sous les feux d’une mobilisation de plus en plus forte, qui unit les services de l’État, les collectivités, les associations, les particuliers. Illustration, cette semaine, à Cosne-sur-Loire, avec la signature du contrat local et l’inauguration d’un lieu d’écoute des victimes.
Vendredi 25 novembre, la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes remettra en première ligne de l’actualité un mal (très mâle) aussi vieux que l’humanité qui aura attendu le XXIe siècle pour être extirpé du cloaque du tabou, de la complaisance et du fatalisme. Le combat pour éteindre ce feu qui ronge le monde sera long, mais il mobilise de plus en plus d’énergies et de volontés, comme l’a montré la signature du contrat local contre les violences sexistes et sexuelles, lundi 14 novembre à Cosne-sur-Loire.
Évoquant les cas de violences intrafamiliales pour lesquels il avait été alerté durant sa permanence du week-end, le sous-préfet Christophe Hurault a rappelé, devant un public de partenaires publics et associatifs réuni au Palais de Loire, que cette mobilisation ne devait pas fléchir face à un fléau désormais impossible à ignorer : « Le Covid a fait exploser les violences intrafamiliales, et la libération de la parole a fait émerger des plaintes qui, en temps normal, n’auraient pas eu lieu. » A ses côtés, la substitut du procureur de la République, Marie-Christine Woldanski, confirme que le tribunal traite « énormément de dossiers de violences intrafamiliales ».
Tendre la main aux victimes, leur offrir le filet rassurant d’une écoute, d’un lieu sûr et sain, d’un espoir, tel est l’esprit du contrat local qui fédère tous les partenaires – État, Département, municipalité, associations. « Nous devons apporter des réponses aux victimes dans tous les territoires, en développant le maillage, l’hébergement d’urgence, l’information, la communication. C’est un travail collaboratif », explique Catherine Dehais, déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité hommes-femmes.
A Cosne, le Centre communal d’action sociale a ouvert en 2021 trois places d’hébergement d’urgence, qui ont déjà vu passer dix foyers de victimes de violences intrafamiliales, dont la moitié avec enfants. Les 27 places disséminées dans la Nièvre sont encore trop peu nombreuses face aux besoins, et ne règlent pas l’injustice qui oblige les victimes à quitter précipitamment le domicile familial – un traumatisme et un déracinement : « C’est une double peine pour les victimes. Il faut envisager la question du relogement des auteurs des violences. »
Dans la lutte contre les violences intrafamiliales, le Département joue un rôle central, lié à ses compétences historiques (Aide sociale à l’enfance, Protection maternelle et infantile). Ses travailleurs sociaux sont en première ligne dans ce domaine, comme l’a souligné Fabien Bazin, président du Conseil départemental. Le repérage des situations, la prévention précoce, les solutions d’accueil adaptées sont les enjeux clés du Schéma départemental de l’enfance et des familles, porté par la collectivité, qui a renforcé en 2022 l’arsenal des réponses aux violences (voir encadré) en cofinançant le poste d’intervenant social commissariat-gendarmerie.
A l’issue de la réunion, les acteurs du contrat local ont parcouru quelques dizaines de mètres pour inaugurer le lieu d’écoute ouvert par Nièvre Regain, rue des Chapelains. L’équipe de Décid’L, qui intervient également à Nevers et Decize (et prochainement à Corbigny), vient en aide aux femmes qui subissent des violences conjugales. Le local cosnois est ouvert sur rendez-vous, après contact des forces de l’ordre ou des élus. Par ailleurs, Nièvre Regain a constitué en mai dernier une unité mobile, le Service d’orientation et d’accompagnement territorial (SOAT) ; ses travailleurs sociaux interviennent partout dans le département pour accompagner moralement et physiquement les femmes victimes de violences conjugales, avec ou sans enfants.
Contact : Decid’L et SOAT à Cosne, 06 25 85 50 54 ; decidl@sfr.fr ; www.decidl.org