L’une des nouvelles de l’auteur serbe Branimir Scepanovic, La Mort de M. Golouja, a été mise en scène par le comédien et directeur artistique du Théâtre du temps pluriel, Olivier Broda. Pour ce conte musical créé spécialement pour D’Jazz Nevers Festival, et joué les 6 et 7 novembre, il est accompagné du trio La litanie des cimes.
La curiosité et la passion dévorante pour la littérature ont conduit Olivier Broda à adapter cet auteur inclassable. C’est au hasard de ses déambulations, en fouillant au milieu des nombreux livres d’une librairie parisienne, qu’il découvre l’œuvre de Branimir Scepanovic. Une « claque », car cet auteur a un style saisissant : « Une grande force d’écriture avec des thématiques obsédantes, telles que la vie et la mort. Un cadeau de la littérature. »
Au-delà de ces questions existentielles, Olivier Broda aime faire partager ces pépites de la littérature sur scène, en les transformant : « Adapter de la littérature sur un plateau de théâtre, c’est très périlleux. Là, il y a un potentiel. » À travers ce court récit (une vingtaine de pages), où l’auteur dépeint la nature humaine, Olivier Broda partage la scène avec les trois musiciens de la Litanie des cimes (Clément Janinet, violon et composition, Elodie Pasquier, clarinettes, et Bruno Ducret, violoncelle). L’association amplifie le texte très imagé de l’auteur. La musique de Clément Janinet est, elle aussi, descriptive, faisant naître des images sonores qui collent au texte et au jeu du comédien.
Alternant des partitions écrites et des parties improvisées, les musiciens ne sont pas cantonnés au second plan ; ils font partie du spectacle. Certes, ils jouent de leurs instruments et complètent le spectacle en interprétant les habitants, à la fois heureux de cette venue impromptue et menaçants lorsqu’ils attendent impatiemment le passage à l’acte de M. Golouja.
Le comédien alterne lui aussi les rôles, avec aisance et brio, passant de l’un à l’autre sans jamais perdre le spectateur. L’ensemble fonctionne parfaitement et fait son effet. Même le décor s’impose, comme les musiciens sur scène. Volontairement épuré et inspiré du peintre Léon Spilliaert (1881-1946), il marie le noir et les gris, amplifiés par l’éclairage, qui donnent à la pièce une atmosphère sombre et amusante, absurde et réaliste, où la mort peut être belle et libératrice.
La Mort de M. Golouja manie brillamment un humour délicat et macabre. Le trépas de l’autre devient une mort par procuration qui suscite l’admiration des habitants de la bourgade.