Exosquelette futuriste et nacelle araignée chez un paysagiste, propositions détonantes au détour d’un échange avec les habitants : la visite de terrain, « classique » des agendas de président du Conseil départemental, s’est révélée fertile en découvertes et en surprises, la semaine dernière à Saint-Saulge. Une vitalité stimulante pour un chef-lieu qui se bat pour retrouver son lustre passé.
Transformé en show-room provisoire sous l’œil placide de Brigitte, l’ânesse du foyer, le jardin du paysagiste Olivier Maltaverne déploie une batterie de matériel high tech qui ferait pâlir d’envie la plupart des services « espaces verts » des collectivités de la Nièvre. Appuyée sur quatre pattes puissantes, une nacelle tendue vers le ciel de Saint-Saulge semble parée pour affronter n’importe quel chantier. Devant Fabien Bazin, président du Conseil départemental, Alain Herteloup, vice-président en charge des infrastructures, des bâtiments et des déplacements, du maire Christian Gentil, d’élus et de techniciens, l’entrepreneur aux 33 ans d’expérience présente chacun de ces bijoux technologiques, propres comme des sous neufs, qui l’épaulent dans son travail un peu partout dans la Nièvre et même dans le Cher, pour les particuliers (80 % de sa clientèle), les entreprises et les collectivités.
« J’investis régulièrement sur les machines », explique le quinquagénaire, qui écume les salons spécialisés en France et à l’étranger en se donnant un budget de 50 000 € par an pour être à la pointe de l’innovation. « Je suis toujours en recherche de solutions qui me facilitent le travail, qui réduisent la pénibilité et qui améliorent la sécurité, notamment dans l’élagage. » Et de montrer sa dernière trouvaille, un exosquelette aux airs d’armure samouraï qui ménage ses bras et épaules dans les tailles de haie en hauteur. A l’âge où certains envisagent la retraite, Olivier Maltaverne a ainsi conservé intacts la passion de son métier et l’amour du travail bien fait, qu’il communique désormais au salarié embauché il y a deux ans : « Il n’y a que la neige qui m’arrête. »
Implanté à Saint-Saulge depuis le début des années 1990, le paysagiste illustre les talents insoupçonnés de la Nièvre, qui font le sel des visites de terrain effectuées chaque jeudi par Fabien Bazin, généralement accompagné d’élus et de techniciens. L’étape de Saint-Saulge a débuté par une rencontre avec les agents du Département en poste au Centre d’entretien routier, qui veillent sur 180 km de routes départementales, dont les très fréquentées D 958, D 34 et D 38. Une mission qui nécessite « une bonne coopération » avec les collectivités locales, comme le chef-lieu de canton engagé dans le réaménagement et la sécurisation de son centre-bourg, dont l’une des phases, récemment achevée, a été visitée par le cortège officiel, au faubourg de Châtillon.
Après un dialogue avec les élus de Saint-Saulge sur les dossiers en cours (aménagement de bourg, santé, tourisme, collège), Fabien Bazin et Alain Herteloup ont conclu l’après-midi par un débat avec des habitants, dans l’esprit des rencontres publiques d’Imagine la Nièvre et des 444 propositions formulées par les Nivernais. « Dès qu’on écoute les gens, ce sont des idées de folie qui nous reviennent », affirme le président du Conseil départemental, à l’origine de cette démarche citoyenne menée au premier semestre 2022 et « qui va se répéter tous les ans » pour faire de la Nièvre « le modèle de la ruralité moderne ».
L’invitation a été saisie au vol par plusieurs participants qui ont exposé leurs idées. « Pourquoi ne pas faire faucher les bords de route par les agriculteurs, qui pourraient récupérer l’herbe pour leurs animaux ? », suggère un habitant. « Voilà une 445e proposition à prendre en compte », apprécie Fabien Bazin. La « 446e » ne tarde pas à la rejoindre : « Demander à des bénévoles de faire découvrir la Nièvre à ceux qui ne la connaissent pas. » Les idées fusent, confirmant l’intuition que « l’énergie collective » est un gisement à capter pour relancer le département : « On a besoin de vous écouter pour élaborer un projet de vie qui soit plus qu’une accumulation de dispositifs. Il y a plus d’intelligence chez 200 000 Nivernais que chez 34 conseillers départementaux. »