De moins en moins « vert pays des eaux vives », de plus en plus vulnérable aux sécheresses récurrentes, la Nièvre est contrainte de s’adapter au changement climatique. Aux avant-postes depuis plusieurs années dans ce domaine, le Conseil départemental a officialisé, mercredi 21 septembre, son Plan départemental pour la ressource en eau, qui s’appuie sur une mobilisation générale, des services de l’État aux intercommunalités en passant par les Agences de l’eau et les syndicats d’alimentation en eau potable, pour éviter que l’avenir des Nivernais ne tourne au cauchemar aride.
Après 2018, 2019 et 2020, l’été 2022 a été marqué au fer rouge de la sécheresse dans la Nièvre, avec son cortège de restrictions des usages de l’eau et ses images de ponts enjambant des lits vides. L’annualisation du phénomène naguère exceptionnel au « vert pays des eaux vives », l’allongement des épisodes caniculaires et surtout les sombres prédictions pour les prochaines décennies ne pouvaient rester sans réponse de la part du Conseil départemental.
Dans le droit fil de sa Stratégie d’adaptation au changement climatique, c’est désormais un Plan départemental pour la ressource en eau que déclenche la collectivité pour protéger l’un des éléments cardinaux de la vie sur Terre – et dans la Nièvre. « La ressource en eau sera un enjeu majeur dans les années qui viennent », a rappelé Fabien Bazin, président du Conseil départemental, lors du lancement de ce plan d’actions, mercredi 21 septembre à l’Hôtel du Département : « Face à cet enjeu, chacun doit prendre ses responsabilités. »
Autour de la table, les services de l’État emmenés par le préfet Daniel Barnier, les Agences de l’eau Loire-Bretagne et Seine-Normandie représentées par Jean-Pierre Morvans, directeur de la délégation Allier-Loire amont, et de nombreux élus et techniciens de communautés de communes, du Parc du Morvan et de syndicats intercommunaux d’alimentation en eau potable (SIAEP) ont montré par leur présence que la crise de l’eau était prise au sérieux.
S’il fallait encore douter de la gravité de la situation, l’état des lieux présenté par Blandine Delaporte, vice-présidente en charge des transitions, du fonds d’innovation et d’investissement territorial et du dialogue avec les habitants, et par François Thomas, chef du service Eau du Département, avait de quoi balayer les scepticismes. Les 5 000 km de rivières, les nappes renfermées dans les sous-sols du Morvan, les vastes poches calcaires et les alluvions de la Loire, les grands lacs et les innombrables plans d’eau n’échappent pas aux conséquences des sécheresses et surtout d’une pluviométrie concentrée désormais sur les quelques mois d’hiver.
« La tension est accrue sur la ressource », souligne Blandine Delaporte, rappelant les impacts de ces poussées de fièvre climatique sur « la santé des Nivernais » et sur « les bâtiments et les routes ». Hausse des températures de 2 à 2,5 °C, inflation des vagues de chaleur (30 à 40 jours/an au lieu de 10 à 15 aujourd’hui) : les projections pour 2050 attisent l’urgence à « anticiper ». La première action forte, annoncée mercredi, est le lancement d’une étude sur les nappes souterraines dites des « calcaires du Nivernais », un gigantesque réservoir mal identifié. Ces ressources, qui s’étendent sur les deux tiers du territoire départemental, garantissent le maintien d’un débit dans de nombreux cours d’eau pendant toute l’année. Exploitées notamment pour l’irrigation et pour l’eau potable, elles sont de plus en plus convoitées, avec le risque d’un déséquilibre entre la recharge des nappes et les prélèvements. Financée à 100 % par l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, l’étude « Hydrologie Milieux Usages Climats » sera menée sur 2023 et 2024.
Le comité de pilotage qui fera vivre le Plan départemental est appelé à se réunir rapidement, et à un rythme soutenu : « Nous devons agir très vite et très fort, en créant du consensus et en mobilisant les citoyens, qui se sont exprimés à ce sujet dans les rencontres Imagine la Nièvre ! », conclut Fabien Bazin. « Notre département doit être exemplaire dans les quinze ans à venir sur l’adaptation au changement climatique. »
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